En 345
av JC, un Marseillais, Pythéas, explorait la mer du Nord jusqu'aux
rivages de la lointaine Thulé (nord des iles Shetland).
Ce fut
pour résister aux Perses que Thémistocle fonda la marine
athénienne: 300 à 400 trières (financées
par les plus riches, montées par des équipages soldés
par la cité, commandées par des chefs subordonnés
au gouvernement. Au lendemain de son triomphe sur le Grand Roi, Athènes,
à l'aide d'une flotte permanente, s'imposait à la confédération
de Délos.
Rome
fut plus lente qu'Athènes à comprendre l'importance
d'une "marine de guerre", mais elle innova à chaque étape
de ses conquêtes. Rome vainquit Carthage en improvisant une
flotte et en muant ses consuls en amiraux. Il en résulta respectivement
la victoire de Salamine (7)
(480 av. J.C.) et celle des îles Égates, en Sicile (241
av. J.C.).
Sous
l'Empire romain, favorisé par la "Pax Romana", c'est le commerce
maritime qui s'étendit à l'Océan Indien et aux
régions nordiques jusqu'à la Baltique. Le transport
du blé d'Afrique était courant. Néron envoya
deux centurions jusqu'au Bahr el-Ghazal à la recherche des
sources du Nil. À cette époque, le monde maritime s'organisa
au moyen d'institutions juridiques et commerciales qui allaient survivre
à leurs créateurs, au-delà de la chute de l'empire,
dans la tradition byzantine. On demandait aux marins la protection
des convois de blé; et, en 67, Rome dut charger Pompée
de réduire la piraterie en Méditerranée. Mais
la galère romaine n'apporte aucune amélioration dans
la manuvre de ces bateaux longs.
L'étalement
de l'Empire (de l'Espagne à l'Asie), détermina Auguste
à charger son gendre Agrippa d'organiser une marine (8)
commandée par un préfet, répartie en 2 escadres,
stationnées à Misène, Ravenne, Fréjus,
Alexandrie,... Ensuite furent organisées une flotte "britannique"
basée, sous Claude, à Boulogne et à Douvres,
une flotte basée, sous Néron, à Trébizonde,
puis des flottes destinées à défendre les frontières
du Rhin et du Danube. Enfin, sous les Flaviens, une flotte de Syrie.
La crise du IIIeme siècle n'épargna pas la marine romaine,
Dioclétien la réorganisa; non sans mal, Constantin,
s'efforça de maintenir des forces navales, spécialement
à Constantinople, alors qu'elles semblent décliner lentement
en Méditerranée occidentale, gravement en Manche. Les
flottes affirmaient la présence de l'autorité impériale,
la défense de son territoire, la protection des navires marchands
(9) contre une piraterie endémique. La logistique portuaire
assurait la coopération avec les légions terrestres.
Mais le recrutement des équipages restait un problème.
Rome connut le dilemme entre gros navires et unités légères.
La trière était le type courant.
La navigation
des Anciens était très prudente: on naviguait de jour,
de cap en cap, à l'aide d'une ligne de sonde; on mouillait
la nuit en utilisant de grosses pierres, l'ancre est une invention
probable des Romains. S'il advenait qu'on dût faire route de
nuit, le timonier se guidait sur les astres, dont les Égyptiens,
les premiers, connurent bien les mouvements. Continuateur de leurs
recherches, l'astronome grec Hipparque établit les premières
éphémérides nautiques et construisit les premiers
astrolabes (IIeme s. av. JC.). Les procédés astronomiques
employés permettaient seulement d'obtenir une direction approchée.
La position restait incertaine; cette navigation à l'estime
exigeait de fréquents recalages sur la terre et se ramenait
à une navigation côtière. Faute de cartes, les
Anciens disposèrent très tôt de documents décrivant
côtes, amers et mouillages. Des phares furent construits; celui
d'Alexandrie, édifié au IIIème s. av. JC.) sur
l'île de Pharos, donna son nom aux ouvrages du même genre.
Le développement de la navigation imposa de grands travaux:
ports d'Alexandrie, construit sous les Ptolémées, et
du Pirée, équipé sous l'impulsion de Thémistocle;
canal creusé par Ramsès II entre la Méditerranée
et la mer Rouge (env. 1300 av. JC.).