Combien
de millénaires ont passé avant que des hommes aient
eu l'audace de s'aventurer sur la mer ?
Quel
fut le premier homme assez hardi pour oser affronter les vagues redoutables
? D'après la mythologie phénicienne, le nom de ce brave
est Onoûs; et encore fut-il poussé par l'impérieuse
nécessité de sauver sa vie menacée, entre la
mer inconnue et la forêt en flammes. Choisissant ce qui lui
parut le moindre péril, il enfourcha un tronc d'arbre et s'élança
sur les flots pour y trouver son salut... Telle est la légende.
En réalité, il est probable que ce fut sur l'eau calme
des fleuves et des lacs que l'homme fit son apprentissage de navigateur.
Les petits animaux juchés sur de petites branches glissant
au fil de l'eau lui indiquaient la voie à suivre, en lui démontrant
la "flottabilité". Pourquoi ne les imiterait-il pas
pour atteindre, au milieu du lac, cette îe où il serait
hors d'atteinte des fauves ?
A cheval, sur un tronc d'arbre, un peu effrayé de sa témérité,
il s'éloignait de la rive en s'aidant d'une perche. Mais bientôt
la perche trop courte ne touchait plus le fond, il abandonnait alors
cet engin inutile, ramait avec ses mains... Puis, un jour, immense
progrès : l'homme inventa la pagaie. Nul ne saura jamais à
qui revient le mérite de cette découverte géniale,
dont l'importance dans l'histoire de la locomotion maritime fut immense,
jusqu'à l'avènement de l'aviron...
Le tronc d'arbre, toutefois, est un flotteur instable et très
exigu : voulant mettre sa famille à l'abri sur l'îe qu'il
venait d'explorer, l'homme eut l'idée d'assembler plusieurs
troncs d'arbre, des roseaux, des fagots. C'est ainsi qu'il en vint
à construire le premier radeau. Mais à dater de ce moment,
combien de tâtonnements, de hasards heureux ou malheureux, combien
de siècles avant que ne s'ébauche cette science de l'architecture
navale et de la navigation qui permettra à l'humanité
de conquérir le monde ?...
La
première pirogue
Les premiers hommes ont laissé sur les murailles des cavernes
qu'ils habitaient de remarquables reproductions d'animaux mais, ils
ont toujours été incapables de représenter des
bateaux autrement qu'avec une extrême maladresse. Ce sont les
peuplades primitives existant encore de nos jours qui nous fournissent
les meilleures indications sur la manière dont nos ancêtres
construisaient leurs pirogues.
Ils prenaient un tronc d'arbre débarrassé de ses branches,
et sur la partie à évider, disposaient des braises ardentes.
Quand la combustion avait commencé à faire son oeuvre,
ils retiraient les braises, grattaient le bois brûlé
et ‚ pour préserver du feu les parois intérieures
déjà creusées ‚ ils enduisaient celles-ci
d'une épaisse couche de terre glaise humide. A mesure que le
creux devenait plus profond, ils le cernaient ainsi d'une nouvelle
couche de glaise. Les extrémités de la future pirogue
étaient façonnées au moyen de pierres surchauffées
qu'ils appliquaient directement sur le bois...
Constituée par un seul tronc d'arbre, la pirogue primitive
était difficile à manoeuvrer et ne pouvait transporter
d'importantes cargaisons. Pour la rendre plus maniable et augmenter
sa capacité, il ne suffisait pas de la creuser avec toujours
plus d'ingéniosité. Les hommes eurent l'idée
de fixer, le long des troncs d'arbres qu'ils évidaient, des
rangées de planches de plus en plus nombreuses. Et c'est ainsi
qu'au cours des siècles se perfectionna sans cesse l'architecture
navale. La pirogue d'une seule pièce de bois grossier avait
été le point de départ; le navire fut l'aboutissement.
Les planches qui prolongeaient les flancs de la pirogue formèrent
la coque. Quant au tronc d'arbre initial, il s'enfonça peu
à peu dans l'eau pour devenir la quille. La quille, véritable
épine dorsale de tout le bateau. La quille, vestige de la première
pirogue, très lointain souvenir des débuts de la navigation...
Le
premier constructeur naval
Les
anciens textes connus rapportent que "Dieu", voulant punir
les descendants d'Adam, déchaîna un épouvantable
déluge afin d'engloutir toute sa création. Un homme
privilégié fut désigné pour survivre à
ce cataclysme : il se vit confier la mission de construire un navire
où il pourrait embarquer sa famille et des spécimens
des animaux destinés à repeupler la terre. Noé
devint ainsi le premier constructeur naval et le premier marin dont
la renommée soit arrivée jusqu'à nous. Il bâtit
l'Arche dont la Bible donne les caractéristiques : 157 m. de
long, 26 m. de large et 16 m. de haut.. L'Arche n'était qu'un
ponton incapable de se diriger, n'ayant ni aviron, ni gouvernail,
ni voile. Elle était néanmoins parfaitement construite.
Sa coque était enduite de bitume, ce qui la rendait étanche
: premier exemple de calfatage.
A la merci des vents et des courants, l'Arche erra 7 mois, pendant
lesquels Noé fut sans doute moins préoccupé de
naviguer que de nourrir et de... discipliner ses passagers ! Enfin
la pluie cessa, les vents s'apaisèrent, le niveau des eaux
descendit peu à peu et l'Arche s'échoua en Arménie
sur les pentes du Mont Ararat.
Depuis cette époque lointaine, de nombreux pèlerins
ont tenté de retrouver les vestiges de ce vénérable
navire....