Au
début du XVIIème siècle, chaque
État cherche à s'assurer le monopole du
commerce colonial à son profit ou au profit des
compagnies privilégiées. C'est le
régime de l' "exclusif", improprement
appelé "pacte colonial". En Angleterre,
après l'Acte de navigation de 1651, le texte
essentiel est le "Covenant Act" de 1660. "Aucune
marchandise, aucun produit ne peut être
apporté des colonies ou vers les colonies que sur
des navires anglais ou construits dans les colonies ou
leur appartenant, sous peine de confiscation."
En
France, un régime analogue est imposé aux
relations entre les colonies et la métropole.
Même s'il y a eu parfois des adoucissements
officiels, et toujours de la contrebande, l'"exclusif"
domine encore pour l'essentiel au XVIII° s. En 1767,
Choiseul rappelle encore que les "colonies fondées
par les diverses puissances de l'Europe ont toutes
été établies pour l'utilité
de la métropole". C'est la raison pour laquelle
l'intérêt se porte alors avant tout vers des
territoires aux ressources complémentaires.
D'où le développement des plantations de
sucre, de tabac, de coton, d'indigo ou de café.
Tout est subordonné à l'essor de ces
plantations. Les premiers conquérants
européens avaient procédé au pillage
des territoires découverts. Il était
également interdit aux colonies de
développer leur production industrielle dans la
mesure où elle pouvait concurrencer celle de la
métropole. Grâce à la colonisation,
des capitaux ont été accumulés dont
l'abondance devait être un des facteurs de la
révolution industrielle.
L'opinion
publique ne s'intéressait guère, avant
Colbert, aux choses de la mer: ici encore, Richelieu fut
un précurseur; Colbert entend accroître son
uvre. D'abord, il fait acheter à
l'étranger les vaisseaux nécessaires: cela
coûte cher, et cette opération est contraire
aux principes mêmes du mercantilisme, bien entendu;
alors il parvient, non sans peine, à en faire
construire en France une bonne partie. Ainsi, le port de
La Rochelle qui, en 1664, ne comprenait que 32 vaisseaux,
de construction ancienne, en contient en 1682 92, dont 53
de construction française. Pour abriter cette
flotte nouvelle, de grands travaux sont entrepris et,
comme les ports existants risquent de ne pas suffire,
Colbert en crée de nouveaux. En 15 ans, Rochefort
devient un vaste ensemble de grands bâtiments qui
abritent toute une population, un arsenal, une fonderie,
des hôpitaux, des magasins. Ce qui donne à
Colbert le plus de souci, c'est le recrutement des
troupes de mer: tous les moyens lui sont bons pour
l'armement des galères, depuis l'achat d'esclaves
jusqu'à la multiplication de la peine des
galères pour les condamnés. Et le
contrôleur général prend même
à cette occasion une mesure curieuse, que l'on
n'ose qualifier d'humanitaire: il enjoint aux parlements
d'appliquer la peine des galères le plus possible
de délinquants, et même de la substituer
à la peine de mort.
Au prix
d'un effort étonnant, aussi bien militaire que
commercial, les Provinces-Unies acquirent une puissance
suffisante pour que l'amiral Maarten Tromp, puisse braver
l'Angleterre et hisser, triomphalement, à
côté de son pavillon, un balai, symbole de
la prétention néerlandaise à dominer
la mer du Nord et la Manche (1656). Cependant, 20 ans
plus tard, au terme d'une lutte âpre, Michel Ruyter
succomba devant Abraham Duquesne en
Méditerranée (Augusta -Sicile- en 1676).
Douze ans après cet échec, l'accession de
Guillaume d'Orange, à la couronne d'Angleterre
rangea, malgré les apparences, la puissance navale
hollandaise au second rang, après la flotte
britannique.
En
fait, la quatrième phase de l'histoire navale
européenne avait déjà pris fin.
Pendant un demi-siècle., en deux étapes,
grâce à Richelieu et à Colbert, la
marine française s'était reprise et,
passé l'intermède de la Fronde, elle avait
connu un essor sans précédent. Richelieu
avait tout conçu, Colbert tout
réalisé (reconstruction d'une flotte de 120
vaisseaux, organisation du système des classes,
reprise en main de l'autorité sur le corps des
officiers). Il s'en fallut de peu, après de
méritoires succès sur les Hollandais, que
la marine française n'enlevât aux Anglais la
maîtrise de la Manche; la victoire du comte de
Tourville au cap Bevéziers, en 1690, jeta la
panique en Angleterre, mais, 2 ans plus tard,
l'échec final de La Hougue découragea Louis
XIV, alors privé de Colbert mort en 1683, et
rendit confiance à la marine anglaise.
Les
régiments des Isles et des Galères
fusionnèrent pour former le "Régiment des
Navires ", en garnison à Port-Louis, puis
passé au service de la Compagnie des Indes. De
nombreuses fonderies de canons sont ouvertes à
Toulon, Lyon, Rochefort, Saintes, en Bourgogne, dans le
Nivernais, dans l'Angoumois.
Colbert
place le Canada sous administration directe, car les
Iroquois commencent à bouger sérieusement.
Il y nomme un gouverneur, y envoie 800 hommes du
régiment de Carignan-Sellières qui mirent
les Iroquois à la raison. Quelques-uns de ces
soldats s'installèrent dans le pays en tant que
colons et épousèrent des "filles" dont la
métropole se débarrassait. La colonie passa
de 2 500 à 10 000 âmes, avec l'appoint des
familles qui émigraient de l'ouest de la
France.
La politique
commerciale de la France
Le
XVII° s. marque un tournant capital. Certains
États maritimes disposent désormais de
productions agricoles ou industrielles exportables en
quantités importantes, pouvant fournir aux navires
une cargaison de départ. Dans ces pays, par
conséquent, l'expédition maritime,
fructueuse à l'aller comme au retour, devient
suffisamment rentable pour être une activité
autonome. De cette époque datent les
véritables armateurs pour qui l'expédition
maritime ne représente plus l'accessoire d'une
opération commerciale, mais cette opération
elle-même. Le "Navigation Act" de Cromwell, en
1651, réserve, le premier, l'importation de
marchandises au long cours au pavillon anglais. Sous des
formes diverses, la France, le Portugal et l'Espagne
adoptent la même politique dite du "monopole du
pavillon". La conséquence de cette politique va
être l'effondrement des flottes de nations
dénuées de possibilités
d'importation, faute de marché intérieur,
telles les villes hanséatiques, ou de cités
isolées sans arrière-pays pouvant fournir
des cargaisons de départ à leurs navires,
telles les républiques maritimes
italiennes.
Pour
J-B Colbert (1619-1683), la possession des métaux
précieux est fondamentale pour la puissance de
l'État. Or, constate Colbert, "il n'y a qu'une
même quantité d'argent qui roule dans toute
l'Europe, et qui est augmentée de temps en temps
par celui qui vient des Indes occidentales". Pour
multiplier l'argent, disait-il, "il faut l'attirer du
dehors et le conserver au-dedans", ou encore: "Il est
certain que pour augmenter les 150 millions qui roulent
dans le public de 20, 30 et 50 millions, il faut bien
qu'on le prenne aux États voisins [...] et
il n'y a que le commerce seul, et tout ce qui en
dépend, qui puisse produire ce grand effet." Par
conséquent, on ne peut s'enrichir qu'en faisant
venir de l'étranger le maximum de métaux
précieux; "Tout le commerce consiste à
décharger les entrées de marchandises qui
servent aux manufactures du royaume, charger celles qui
entrent manufacturées [...] soulager les
droits de sortie des marchandises manufacturées
au-dedans du royaume." En pratique, ce système
protecteur envisagé par Colbert aboutit à
élever les droits à l'importation à
la limite extrême où ils peuvent monter sans
entraver les relations commerciales du pays avec
l'étranger, et à baisser d'autre part les
droits d'exportation à la limite où ils
peuvent descendre sans compromettre les revenus du
fisc.
Se
souvenant bien que "le commerce étant un effet de
la bonne volonté des hommes, il faut
nécessairement le laisser libre", le
contrôleur général des Finances
établit d'abord un tarif douanier
modéré, celui de 1664.
Au
contraire, le tarif suivant, mis en vigueur 3 ans plus
tard, est beaucoup plus restrictif, encore qu'il ne
comporte aucune prohibition totale. C'est que Colbert
juge alors que les manufactures françaises doivent
être mieux protégées, pour assurer
leur avenir encore incertain.
En
réaction contre ces mesures qui les frappaient
directement, la Hollande et l'Angleterre usent d'un
procédé classique et augmentent à
leur tour les droits d'entrée sur les vins:
Colbert ne s'inquiète pas puisque, selon un billet
qu'il envoie en 1669 au plénipotentiaire
français de La Haye, "on n'a jamais tant
enlevé de vins en France que cette
année-ci". Cette politique réussit à
l'égard de l'Angleterre: les importations en
France sont chiffrées une dizaine d'années
après à 90 000 livres sterling, tandis que
nos exportations vers l'Angleterre dépassent 320
000 livres sterling. Pour Colbert, ces chiffres
traduisent le succès de son système
économique: il n'en va malheureusement pas de
même à l'égard des Hollandais. De la
guerre économique, on en arrive à la guerre
tout court et, quand la paix est enfin conclue à
Nimègue en 1678, elle consacre un grave
échec pour la politique mercantiliste: la France
se voit contrainte de retirer son tarif de 1667,
principale origine des difficultés entre les deux
pays, et d'admettre qu'à l'avenir "la
liberté réciproque du commerce dans les
deux pays ne pourrait être défendue,
limitée ou restreinte par aucun privilège,
octroi ou concession particulière".
Les
"compagnies"
Déjà,
Richelieu avait pensé que le grand commerce n'est
pas l'affaire de particuliers, dont "les reins ne sont
pas assez forts" mais de "compagnies" qui,
protégées par le roi, grouperaient les
capitaux et les bonnes volontés. L'échec de
Richelieu (les compagnies créées sous son
égide ont sombré lamentablement) est
patent. Puisque les Anglais et les Hollandais ont
réussi là où Richelieu avait
échoué, c'est que, d'après Colbert,
"le commerce était contraire au génie
même de la race [...] car ni l'État
ni les particuliers n'avaient jamais tenté"
sérieusement de le faire. En conséquence,
il se met lui-même à la tête de
l'entreprise.
Colbert
pense que l'instrument de la colonisation est la
compagnie à charte. Cinq sont créées
ou réorganisées. La Compagnie des Indes
occidentales (1664), dont le siège est au Havre,
reçoit le monopole du commerce de
l'Amérique, de la côte occidentale
d'Afrique, la Compagnie des Indes orientales (voir
ci-dessous). On doit encore à Colbert 3 autres
compagnies: la Compagnie du Nord (1669) pour la Baltique,
la Compagnie du Levant (1670) pour la
Méditerranée et la Compagnie du
Sénégal (1673) pour la traite des
Noirs.
Il
trace le but à atteindre et la ligne de conduite
pour y parvenir: comme le commerce mondial se divise en
branches assez distinctes, il fonde pour chacune d'elles
une "compagnie", fournit à chaque compagnie des
capitaux et des directeurs, leur donne des
règlements et les surveille très
étroitement. Certaines de ces compagnies
connaissent un sort semblable à celles qu'avait
lancées Richelieu: la Compagnie du Nord, qui
devait commercer avec la Baltique, connaît des
débuts assez prometteurs, mais ne parvient pas
à survivre à la guerre de Hollande.
D'autres se maintiennent à grand-peine. Les causes
de l'échec, de certaines compagnies ainsi
créées ont été bien
analysées: l'estampille officielle, qui devait
assurer leur succès, causa leur ruine, en raison
de la méfiance des souscripteurs; la trop vaste
étendue des territoires concédés
n'était pas proportionnée aux ressources
financières et techniques; la mauvaise gestion
économique, les querelles entre directeurs,
employés (sans parler des religieux)
empêchèrent un véritable
développement commercial ou colonial.
La
Nouvelle-France (Canada) est annexée au domaine
royal (1663). Au Canada même, les conflits se
multiplient. Ils mettent aux prises les fonctionnaires
royaux et les jésuites qui veulent par exemple
isoler les Indiens dans des "réductions" du type
paraguayen, les "coureurs des bois" et les usuriers et
marchands, les gouverneurs et les intendants. Les options
sont incertaines: priorité à la conversion,
trafic des fourrures, troc avec l'eau-de-vie comme moyen
d'échange, développement de l'agriculture,
création d'industries (auxquelles Colbert ne
s'oppose pas, mais dont les marchands redoutent qu'elles
tarissent le commerce). Chacun, au gré de ses
intérêts, se prononce pour l'orientation qui
lui est la plus profitable. Le territoire forme une bande
de largeur variable le long du Saint-Laurent, des Grands
Lacs et du Mississippi, englobant des pays aux climats
divers mais coupée du littoral "utile" que
tiennent les Anglais, beaucoup plus nombreux (environ 200
000 contre 12 000 Français). L'Acadie est
isolée malgré la création, en 1683,
d'une Compagnie de l'Acadie et commerce plus facilement
avec les colonies anglaises qu'avec le Canada.
Terre-Neuve, qui a un statut de colonie, est
fréquentée par les marins, mais elle ne
compte que six cent trente-huit Français en
1687.
Inaugurée
par les portugais au XVI° siècle, la route
des Indes Orientales par ce Cap, entraîne les
autres nations européennes vers des
échanges entre l'Occident et l'Asie. La
présence européenne sur les côtes du
Deccan s'est diversifiée et consolidée. Au
début du XVII° s., le Portugal a
lâché prise sur son trop vaste empire, et
abandonné à la Hollande la maîtrise
des mers indiennes. Obtenant la faveur du Sultan
Jahangir, la Compagnie des Indes orientales (V.O.C.)
construit 3 factoreries sur la côte de l'Inde. Elle
ne peut empêcher l'East India Company de la suivre
dans cette voie. La victoire britannique dans la guerre
anglo-hollandaise en 1652 laisse l'East India Company
maîtresse du terrain. Mais la Compagnie
française des Indes entre bientôt en
scène à son tour.
Les
colonies.
Pour
Colbert aussi, la colonisation apparaît comme une
des conditions de la prospérité
économique de la France. Dans l'opinion de Colbert
comme dans celle de nombre de ses contemporains, les
colonies ne sont rien d'autre que des
débouchés ouverts au commerce de la
métropole, et des marchés où,
à l'exclusion de tous autres, la mère
patrie se fournit des matières premières
nécessaires à sa propre consommation. Ici
encore, Colbert pousse à l'extrême, dans les
réalités quotidiennes, les
conséquences de sa doctrine.
I l
faut d'abord assurer la marche des colonies, et donc les
peupler. À intervalles réguliers,
l'Hôpital général de Paris se vide
des filles nubiles qui s'y trouvent et celles-ci sont
envoyées aux colonies; Colbert incite par ailleurs
aux mariages précoces en frappant d'une amende,
versée aux hôpitaux des diverses colonies,
les parents dont les garçons auraient atteint 20
ans, et les filles 16 ans, sans se marier; il
prévoit une pension annuelle de 300 livres aux
habitants du Canada qui auraient 10 enfants vivants, il
favorise la traite des nègres, etc
Ensuite
et surtout, Colbert entend mettre la main sur l'ensemble
du commerce colonial. Défense absolue est faite
aux navires étrangers d'accoster ni même de
tenter de commercer avec une colonie; un vaisseau
trouvé dans le voisinage tombe sous le coup de la
peine de confiscation. Encore est-il nécessaire
d'assurer à la mère patrie le
privilège de ces marchés lointains: les
colonies ne peuvent vendre et acheter qu'à elle.
Malgré les plaintes que sa réglementation
entraîne (les raffineurs des îles demandent
à exporter vers le Canada et Boston les rhums et
mélasses dont ils ne peuvent trouver le
débouché en France), Colbert reste
intransigeant. Il est cependant évident que la
France ne pouvait fournir aux Antilles tous les vivres,
tous les bois de construction dont elles avaient besoin:
l'autorité royale finalement s'en rendit compte au
XVIII° s., puisqu'elle finit par autoriser ce
trafic. Mais Colbert a atteint, en son temps, le but
qu'il recherchait: il a fourni un nouveau
débouché aux manufactures de la
métropole, il a mis en uvre son
"système" économique, sans se soucier le
moins du monde des intérêts des colons, mais
toujours en vue la splendeur de l'État.
Robert
Cavelier de La Salle, fils d'un marchand de Rouen,
entreprend la descente du Mississippi dont il
découvre le delta en 1682. Il prend alors
possession de vastes prairies auxquelles, en l'honneur de
Louis XIV, il donne le nom de Louisiane. L'administration
de cette "Nouvelle-France", avec son gouverneur (le comte
de Frontenac, de 1672 à 1682 et de 1689 à
1698), son intendant, ses divisions territoriales, est
calquée sur celle de la France. La justice y est
rendue selon la coutume de Paris et le conseil souverain
équivaut à un parlement. La
société est organisée sur une base
féodale. Les seigneuries occupent des espaces
souvent très vastes. Les biens d'Église
représentent environ le quart du territoire et le
clergé prélève la dîme. Entre
les paysans &endash; venus pour les trois quarts des
provinces de l'Ouest (Saintonge, Aunis, Anjou, Poitou,
Normandie) et de l'Île-de-France &endash; et les
seigneurs existent les mêmes liens de
dépendance que dans la métropole. Les
tenanciers doivent des droits seigneuriaux: cens et
rentes, droits de lods et vente, droit de retrait,
corvées, banalités, etc. Mal payés,
les journaliers sont, à la moindre revendication ,
menacés du fouet ou de la prison.
Des
rivalités d'intérêts opposent les
Indiens (dont on exploite les divisions) à
l'ensemble des colons, et, à l'intérieur de
la "société coloniale", dressent les
paysans contre ceux, seigneurs ou gens d'Église,
qui ont la propriété éminente sur la
terre. Colbert doit renoncer au système des
compagnies.
Les
Antilles, comme terres de productions tropicales,
représentent pour Colbert la colonie
"idéale". Il en sera ainsi pendant tout l'Ancien
Régime. Les Îles seront la colonie par
excellence. Colbert fait racheter par la Compagnie des
Indes occidentales les îles dont les seigneurs
étaient devenus propriétaires; puis, le
privilège de la Compagnie ayant été
révoqué, les îles sont
rattachées directement à la Couronne, qui
est représentée par des gouverneurs. Du
point de vue territorial, malgré les avatars dus
aux guerres, le gouvernement royal conserve toujours la
Guadeloupe, la Martinique, et, en 1679, le traité
de Nimègue légalise l'occupation de fait de
la partie occidentale de Saint-Domingue. Une
société typiquement coloniale
s'établit progressivement. Les planteurs blancs,
nobles ou anciens "engagés" qui ont réussi,
forment une aristocratie foncière. Les
"engagés" sont de moins en moins nombreux, en
raison des conditions très dures qui leur sont
imposées. Souvent en rupture de contrat, ils ne
sont, ainsi que beaucoup d'immigrants "libres", que de
"pauvres Blancs". Plus de la moitié de la
population est désormais formée par les
esclaves importés d'Afrique. Colbert a bien
préparé le Code noir qui a
été promulgué en 1685; si ce texte
tend théoriquement à substituer des
règles à l'arbitraire, s'il reconnaît
aux esclaves la qualité d'hommes, il obéit
surtout à des soucis religieux (baptême
obligatoire de l'esclave) et sociaux (les abus pouvant
entraîner des troubles). Dans la pratique, la plus
grande liberté est laissée aux
propriétaires d'esclaves, dont les négriers
de la métropole sont étroitement
solidaires. Les esclaves travaillent sur les plantations
de canne à sucre, d'indigo, de tabac et de
café, seule activité autorisée par
la métropole. 150 à 200 navires font
annuellement le commerce des Antilles. L'économie
métropolitaine est, pour une part, liée aux
Antilles. Les produits des Îles sont
expédiés vers les ports de l'Atlantique et
même vers Marseille. La France fournit des
métaux, du charbon, des farines, des vins, du
chanvre et du lin. Ce qui favorisera la création
de plusieurs industries: travail des cuirs à Caen
et à Rouen, fabrication des toiles rayées
en Normandie, raffineries dans tous les ports.
La
présence française s'affirme en Afrique
(1680), l'amiral d'Estrées a enlevé aux
Hollandais Gorée et Rufisque, des comptoirs
s'installent au Sénégal et en Gambie. De
cette époque datent les premiers voyages
français vers l'intérieur des terres.
Médine est atteint. Si André BRÜE,
représentant de la Compagnie du Cap-Vert, obtenait
les moyens qu'il demande, il pourrait aller
jusqu'à Tombouctou et donner toute cette partie de
l'Afrique à la France.
De 1686
à 1690, la création des compagnies franches
de la Marine, à Brest, Rochefort et Toulon, est
destinée à la garde des arsenaux et
à l'armement des vaisseaux, qui feront campagne
avec Duquesne, Tourville, Jean Bart, Duguay-Trouin,
d'Estrées et également sur terre, et aux
colonies.
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