A
l'ouverture de l'Etat-civil (le registre des
baptêmes, puis celui des mariages et des
décès) on trouve, dans ce registre, 98
patronymes. 37 se sont pérennisés juqu'au
20ème siècle.
Les "LE
GOUZRONC" sont présents à Groix dans les
actes dès cette date, on remarque une douzaine de
foyers dont on ne sait pas le degré de
parenté. Certains sont sûrement très
proches, mais c'est impossible à préciser,
d'autant que la branche-mère peut provenir de
Port-Louis (?) ; Elle est en tout cas attesté
dès le XVI° siècle par la
présence de ce nom dans des actes concernant
Port-Blavet (Port-Louis). La forme LE GOUZRONC est la
forme primitive du nom, on la trouve jusqu'à 1750,
(la perte du LE commence vers 1747 et devient
effective en 1820) ensuite elle se transforme en
GOURRONC, GOURONG, GOURRONGUE, GOURRON, GRONG et
même GOUZERONG aujourd'hui à l'île
Maurice.
Les
extinctions naturelles, les départs de
l'île, particulièrement lors des conflits
comme en témoignent ces mariages et naissances
d'insulaires sur la paroisse de Ploemeur après
1696, (date d'un débarquement anglais dans
l'île), sont nombreux. Si beaucoup de ces noms
apparaissent en leur état originel (Adam, Baron,
Bernard, Le Dref, Beven, Milloc'h, Puillon, Ricousse,
Simon, Salahun, Stephant, Tessol, Tristant, Uzel),
d'autres ont subi des altérations, parfois
profondes: Lanco est issu de Le Nancou à Lancou et
Lancauff, Nero vient de Lesraou, Noel de Nouel
(écrit parfois en breton Nédéleg),
Raude de Raoult, Ruault de Rouzault, Yvon de Euzvan et
Ezvan, Blaurec de Broérec, Even, familles
importantes de l'île, de Ezuen. Calloc'h est
écrit souvent Qualloc'h, Guillaume de Guillau,
lui-même dérivé de Guillou bien qu'il
puisse aussi provenir de Guillerme, vieux patronyme
breton attesté dans le cartulaire de Quimper.
Ainsi peut être bannie la théorie des noms
laissés par d'éventuels domestiques des
conjurés d'Amboise. Il en est de même de
Jégo provenant de Jégou, forme bretonne de
Jagu, frère de St Guénolé, de Lanco
issu de l'ankou (la mort), Davigo étant un
dérivé de Danigou et non pas de Dom Vigo
comme l'ont laissé entendre plusieurs
auteurs.
Quelques
noms présentent des singularités. Lillien
(ou Nillien), transformation de Eun, forme bretonne de
"le", et de Ilien. D'où venait cette famille ?
D'une autre île. Ou bien serait-elle
demeurée ici après que toutes les autres
familles se soient enfuies sur le continent lors d'une
invasion. Le mystère est entier même s'il
est vraisemblable d'admettre que ces Nillien ou Lillien
soient des descendants d'une famille originaire d'Elliant
dont l'origine est Ellien avec une variante Illien
(éponyme de Lannillien, par ex). Le patronyme le
plus répandu aujourd'hui, TONNERRE ne se rencontre
à cette date que dans seulement trois foyers (sous
l'orthographe THONNER). Il s'est écrit Toner,
Thonnaire, Thoanaire et vient de Donnerc'h, nom de
guerrier qui apparaît dans le cartulaire de
Quimperlé sous sa forme Duerneth évoluant
en Donerh, Donnert, Donnard et par renforcement de la
consomme initiale Tonnard, Tonnard et Tonnerre. Il faut
remarquer que de nombreux noms insulaires sont, sous des
formes anciennes, cités dans le cartulaire de
Quimperlé: Raude sous sa forme de Rouault,
Rouzault ou Raoult (celui qui gouverne), Uzel sous la
forme Luthaël alors que Even, très ancien
nom, est répandu dans le cartulaire de Redon
(IX° s.).
Si
beaucoup de familles disparaissent (comme Viguello et ou
Tenier qui vient de s'éteindre), l'île
renouvelle, à plus de 50 %, son patrimoine
patronymique entre les années 1760 et 1870.
D'abord par l'arrivée de familles qui viennent,
avant 1790, travailler sur l'île: c'est le cas de
familles de meuniers comme Eveno et Kersaho venant des
bords de la rivière d'Étel
(Landévant, Belz, Locoal, etc.). Plus tard, ce
sont aussi des forgerons comme les Cadoret (venus de
Camors), des maçons comme les Le Béherec
(St-Tugdual) et Tromeleuc (Loyat), ainsi que de
professions liées au développement des
activités maritimes, à partir du milieu du
XIX° s. : Les Briel (Ploemeur) comme ferblantiers,
Le Fée (Plouhinec) comme ouvrier à l'usine
de Port-Mélite. L'essor de la pêche est tel
que de nombreux marins viennent s'installer dans
l'île: Le Port (Locmalo), Pessel (Plouhinec),
Roperh (Ploemeur), Tromilin (Ploemel). Une autre source
d'apport est assurée par la présence
constante de militaires dont plusieurs se marient avec
des filles de l'île. Ainsi, en un peu plus d'un
siècle, la population insulaire connaît une
régénérescence assez
conséquente. Au début du XX° s. elle
n'a plus rien à voir avec les 57 noms de famille
cités dans le document de 1388, qui ont
déjà disparu pour la plupart, au
début du XVII° s. Runiton, Hervé,
Bordonec, Stabalguen, Fortorin, Le Picart, Le Bras, etc.
Quelques noms ont subsisté jusqu'à
l'ouverture des registres paroissiaux, mais ont disparu
depuis comme Le Formal, Caudal ou Candalh (écrit
sous une vielle forme Quendeloh), Fichon, ou Fichan,
Olivier, Le Pape, etc. Peut-être que des
transformations importantes sont intervenues et que dans
les Juzelou de 1388, il est possible d'en faire descendre
les Viguello, des Marech, les Marrec d'aujourd'hui. Par
contre, il est impossible de lier les Bihan d'aujourd'hui
aux Le Biham de 1388 puisque ce patronyme est absent
durant une longue période dans les registres de la
paroisse.
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