Histoire de l'île de Groix ...

et de la famille (Le) Gou(z)ronc...

  

 

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Le début des "Grandes découvertes"

Pourquoi et comment, à la fin du Moyen âge, le mouvement de reconnaissance à travers le monde s'est rapidement accéléré. Différents facteurs doivent être pris en considération. On trouvera une chronologie détaillée en bas de page

Les causes économiques.

À la fin du Moyen-âge, une bourgeoisie riche, qui pratique déjà le commerce international, (Venise, Gênes, Lyon, Augsbourg, Munich, Bruges, …) s'est développée, à côté des vieilles structures féodales. Ses banques aident les rois. Elle recherche à élargir ses marchés, à en pressentir de nouveaux, si lointains soient-ils. Elle cherche également de nouveaux produits, des produits rares, précieux et de gros rapport. La prise de Constantinople par les Turcs, en 1453, n'a pas coupé la route des épices par le Moyen-Orient. La route génoise de la mer Noire et la route vénitienne d'Adalia sont interceptées, mais le trafic n'en est que plus actif à Constantinople et, après 1516, à Alexandrie, au-delà de laquelle la "paix" turque rassure et contrôle les caravanes. Le besoin de contourner la puissance ottomane qui détient le monopole du commerce vers les Indes et de contrer le monopole de Venise et de Gênes, amène le Portugal et l'Espagne à chercher un itinéraire concurrent, moins cher, au travers la découverte de nouvelles routes maritimes. Deux possibilités s'offraient: contourner l'Afrique ou faire route à l'Ouest en supposant que la Terre fût ronde. Les Portugais, sous l'impulsion d'Henri le Navigateur, s'engagèrent sur la 1ère voie, par le sud de l'Afrique. Les Espagnols s'élançaient vers l'Ouest.

Les bourgeois sont heureux d'investir leurs capitaux dans l'armement, les constructions navales et les expéditions maritimes. La fin de la guerre de Cent Ans libère les énergies françaises et anglaises. Mais il existe un obstacle qu'il faut vaincre: le manque de numéraire, d'autant plus grave que le crédit (billet de banque ou chèque) n'existe pas; la lettre de change n'est pas encore répandue et les prix ont tendance à baisser et, par suite, à freiner la production et les échanges. Se développe alors le "prêt à la grosse aventure", accordé à des marins qui s'embarquaient pour des mois ou des années vers des contrées lointaines, à charge d'en rapporter de fabuleuses richesses destinées à rétribuer les prêteurs. Chercher les métaux précieux sous les climats chauds, voilà un stimulant important pour la découverte.

Enfin, dans la péninsule Ibérique, aussi bien en Espagne qu'au Portugal, les bourgeoisies sont moins puissantes que les noblesses terriennes. Mais les cadets des grandes familles ne savent que faire. Avides et appauvris, ils cherchent de quoi se tailler de nouvelles seigneuries: pourquoi pas dans les terres lointaines, où elles deviendront peut-être des empires?

 

Les causes religieuses.

Non seulement, on soupçonne l'existence de populations lointaines et l'on éprouve un désir d'évangélisation universelle, mais encore on n'abandonne pas l'idée de croisade défensive contre l'Islam menaçant. Les Portugais et les Espagnols rejettent les Maures en Afrique et même établissent des garnisons sur cette terre d'Afrique pour la surveiller et se protéger de nouvelles invasions. Depuis le XIIIème s., on sait qu'il existe, au-delà de l'empire des Turcs, un grand royaume fort et riche, dont le prince est un chrétien : le Prêtre Jean, négus d'Éthiopie. Son empire s'étend peut-être jusqu'à la côte ouest de l'Afrique : sans doute est-il possible de l'atteindre par l'Atlantique et prendre à revers et écraser les Turcs.

 

La révolution géographique.

Les gens du Moyen-âge se représentaient la Terre comme un disque entouré par l'océan, qui s'étendrait jusqu'aux murs soutenant le ciel. Certains pensaient que si l'océan, au nord, se changeait en glace, il devenait bouillonnant au sud, sous l'effet des chaleurs. Or ces idées vont se modifier grâce aux Arabes, qui transmettent les travaux des géographes de l'Antiquité hellénistique (idée de la rotondité de la terre reprise de Ptolémée, …). De plus, les récits de Marco-Polo révèlent l'existence du Japon et de la Chine. Ils en viennent à l'idée que l'Afrique et l'Asie sont entourées par un même océan, qu'on peut naviguer jusqu'à cette Chine, qu'il est possible de l'atteindre par l'Ouest.

 

La révolution technique et scientifique.

À cette révolution géographique correspond, dans l'art de la navigation, un gros progrès, dû à 2 princes portugais: Henri le Navigateur (1394-1460) et Jean II (1455-1495). Le premier rassemble à Sagres, près du cap St Vincent, un groupe de savants qui, grâce aux progrès de la géographie, réunissent la première collection cartographique. La boussole, connue en Méditerranée depuis le début du XIVème s., ne permet que la "navigation à l'estime": on "estime" la position du navire. Sous Jean II, on découvre le moyen de calculer la latitude d'un lieu quelconque grâce à l'astrolabe, qui sert à mesurer l'angle de l'étoile Polaire, puis du Soleil avec l'horizon. Dès lors, on n'hésite plus à s'éloigner des côtes. L'astrolabe se perfectionne. Il est souvent remplacé par le quadrant, quart d'astrolabe muni d'un fil à plomb. La position du fil à plomb sur l'arc gradué indique la hauteur de l'astre au-dessus de l'horizon.

À côté de ces instruments fondés sur la graduation du cercle, les marins portugais en utilisent d'autres reposant sur les rapports entre les angles et les longueurs. Le "bâton de Jacob", est formé d'un segment glissant sur une tige: le rapport entre la hauteur du segment et la hauteur de la tige donne la hauteur de l'astre. Les tablettes de l'Inde ont été utilisées par les Portugais. Au centre d'une tablette est fixée une cordelette où les distances sont marquées par des nœuds. Pour connaître la latitude, la hauteur de l'astre au-dessus de l'horizon ne suffit pas. Il faut tenir compte de sa déclinaison. Celle du soleil varie avec chaque jour de chaque année. Depuis Jean II, les Portugais possèdent des tables de déclinaison, incluses dans les "règlements", de la hauteur du pôle par le soleil, c'est-à-dire les instructions que devaient suivre les marins pour calculer cette déclinaison.

Le calcul de la longitude ne sera pas possible avant le XVIIIème s., faute d'appareils précis de mesure du temps. L'utilisation de la différence des heures, appréciable par le sablier ou l'horloge à eau, est connue à partir de 1524, mais impraticable à cause de l'imprécision de ces instruments. Les procédés astronomiques utilisant les conjonctions et distances lunaires et les éclipses étaient inutilisables à bord d'un navire.

Les cartes marines sont devenues plus exactes, plus précises et plus complètes, mais elles restent longtemps faites pour la navigation à l'estime et à la boussole et ne tiennent pas compte de la déclinaison magnétique. Elles varient donc avec le temps. On a voulu parfois plaquer sur elles un quadrillage (méridiens et parallèles), mais celui-ci est purement artificiel et ces cartes étaient très difficiles à utiliser pour la navigation astronomique. On les complétait par des "arts de naviguer", des "journaux de bord" et des "routiers".

La mutation de l'art nautique au début du XVIème s. doit toutefois plus à l'organisation et à la formation des hommes qu'aux progrès dont les bases techniques étaient connues à la fin du Moyen-âge, il convenait de les adapter aux marins. Henri le Navigateur avait donné l'impulsion en fondant "l'école" de Sagres, l'Espagne ensuite avec le "collège" de Séville, où Amerigo Vespucci, forma des pilotes de renom. Le savoir des pilotes reposait plus, sur leur expérience pratique que sur leurs connaissances théoriques, une on navigue à l'estime, contrôlée par une mesure astronomique de latitude. Cette navigation à l'estime, allait bénéficier d'un apport fondamental attribué à Colomb: la découverte de la déclinaison magnétique et de ses variations. Encore fallait-il que le vent, ne fît pas défaut et que les navigateurs en connussent bien le régime. À cet égard, l'invention décisive fut la "volta" qui permit aux Portugais de progresser le long des côtes d'Afrique et surtout d'en revenir; elle consistait à concilier judicieusement le régime des alizés et des contre-alizés avec les impératifs d'une navigation selon les parallèles.

Les constructions navales font aussi, au XVème s., un progrès décisif. Jusque-là on n'utilisait que la galère (légère, effilée et rapide, mais trop basse sur l'eau pour affronter les vagues de l'océan) ou la nef (trop lourde et trop lente, à un seul mât et une seule voile). Née sur les côtes ibériques, la caravelle sera l'outil des grands voyages qui s'annoncent: voilier long, de haut bord comme la nef aux lignes affinées, de dimensions moyennes (la "Santa Maria" de Colomb mesurait 39 m de long et 8 m de large), elle était rapide et légère (100 tx). Grâce à ses 3 mâts: grand mât, artimon, trinquet, elle pouvait porter une voilure importante; voiles carrées aux mâts de l'avant, voile latine à l'artimon et petite voile carrée sous le beaupré lui conféraient l'avantage de tenir l'allure de près et d'être très maniable, lui permettent d'atteindre la vitesse de 6 nœuds. Mais la caravelle, outil perfectionné et coûteux, taillée pour la vitesse et les routes proches du vent, ne pouvait guère assurer les fonctions de transport et de combat; celles-ci furent confiées aux caraques et galions qui constituèrent, jusqu'au XVIIème s. l'essentiel des flottes. Navires très lourds (jusqu'à 2000 tx), de formes massives (15 m de large pour 50 m de long), ils n'avaient aucune aptitude à dépasser vent de travers et, bien qu'ils fussent gréés d'une importante voilure étagée sur de multiples mâts, leurs châteaux munis de pièces d'artillerie diminuaient leur maniabilité. 

 

Les causes politiques.

La fin de la guerre de Cent Ans a permis aux Français de s'intéresser aux découvertes. L'Espagne et le Portugal se sont tournés vers les grandes aventures maritimes, une fois la "Reconquista" presque terminée. C'est la naissance d'un empire hispano-portugais en Europe, préparant celui qui va se créer hors d'Europe. L'Angleterre a compris que son destin était maritime lorsqu'elle a vu la France l'évincer définitivement du continent. Enfin la lutte contre les Turcs ou les Arabes n'a pas un caractère purement religieux: il s'agit de se défendre contre des puissances qui menacent de faire la loi en Méditerranée et en Europe orientale.

Ces changements se produisent vers 1400 et surtout après 1450. Les Portugais, les premiers à avoir "reconquis" leur territoire national, les plus proches aussi de l'Océan, de l'Afrique et de l"Asie", sont aussi les premiers à se lancer dans l'aventure.

 


Chronologie des "grandes découvertes"

Les Portugais atteignent, en 1416, le Cap Bojador. L'époque dite des "grandes découvertes" commence; ils atteignent les Îles du Cap-Vert en 1445; franchissent l'Équateur en 1471.

Diogo-Cão atteint l'embouchure du Congo en 1482, 600 km plus loin, au sud de l'Équateur. Vers 1487, Barthélemy Dias double le Cap des Tempêtes, celui que Jean II rebaptisera le cap de Bonne-Espérance.

En 1489, les officiers portugais, Pêro da Covilhã et Alphonse de Paiva, sont chargés de recueillir des renseignements sur l'Abyssinie et sur la route de l'Inde. Ils sont porteurs de lettres pour le Prêtre Jean. Tous deux arrivent au Caire et, par la mer Rouge, à Aden. Là, ils se séparent: Covilhã va en Inde, à Cananor, Calicut et Goa, puis s'embarque pour Sofala sur la côte d'Afrique, d'où il regagne Aden et Le Caire. Il apprend alors la mort de Paiva. Il décide de se charger de la mission que celui-ci n'a pu accomplir et entre facilement en Abyssinie, dont il ne peut sortir: il s'y marie et y termine son existence. Heureusement, avant son départ du Caire, il avait pu faire parvenir en Europe des renseignements sur la côte orientale d'Afrique et la navigation dans l'Océan Indien.

C'est le hasard, et aussi un roi du Portugal comblé et blasé, qui donne à l'Espagne en 1492 le chemin de l'Amérique, tandis que les Portugais s'installent aux Indes. Christophe Colomb a-t-il eu l'idée de chercher la route de l'Inde par l'ouest en lisant la lettre que l'astronome florentin Toscanelli aurait écrite, en 1474? Il ne semble s'intéresser aux grands problèmes maritimes qu'après son mariage avec la fille d'un marin réputé (1480). Certains même ont mis en doute son intention d'atteindre l'Inde par l'Ouest: Colomb serait parti à l'aventure à la recherche d'îles fabuleuses. En fait, il connaît les travaux de Pierre d'Ailly, imprimés à Louvain (1483) et où il trouve l'idée, de la sphéricité de la Terre, jointe à l'idée fausse que la dimension du continent eurasiatique est de 225° et que la Chine est par conséquent très proche de l'Europe dans la direction de l'ouest. Rejoindre les Indes par l'ouest, tel est le projet que Christophe Colomb soumet, dès 1483, au roi de Portugal. Mais ses exigences paraissent démesurées, il est éconduit.

Colomb s'adresse alors aux souverains espagnols. Mais ceux-ci rejettent d'abord ses propositions. Ce n'est qu'en 1491, pendant le siège de Grenade, que le Génois obtient d'Isabelle l'autorisation d'organiser avec les frères Pinzon, armateurs à Palos, une petite escadre de 3 navires. Parti le 3 août 1492, il fait escale aux Canaries et, dans la nuit du 11 au 12 octobre, aperçoit la terre. Ce sont les îles Lucayes, à l'entrée du détroit de Floride. Colomb se croit sur les rivages de l'Asie. Il explore les Antilles, cherchant les souverains de Cipangu (Japon) et de Cathay (Chine), à qui il doit remettre ses lettres de créance. Il découvre Cuba le 27 octobre et, peu après, la future St Domingue, qu'il baptise "Hispaniola". Mais il a perdu l'un de ses navires, ses hommes sont fatigués et, le 15 mars 1493, 7 mois après son départ, il rentre triomphalement à Palos. Il est toujours persuadé d'avoir atteint l'Asie...

Le Pape Alexandre VI publie la bulle "Inter Coetera" en 1493. En effet, dès le 1er retour de Colomb, les Portugais ont réclamé leur part du monde. Ferdinand s'est adressé au St Siège, le pape Alexandre VI est espagnol, et en mai il accorde à son pays natal les terres situées à l'ouest des Açores et au Portugal les terres en deçà. Mais, devant les réclamations du Portugal, la ligne de démarcation, par le traité de Tordesillas (7 juin 1494), est repoussée de 170 lieues vers l'Ouest. Ce traité donne au Portugal la moitié ouest du Brésil. Aux antipodes, le traité de Saragosse (1529) accorde les zones contestées, y compris les futures Philippines, aux Portugais. Mais ceux-ci n'occupent pas les Philippines. Les Espagnols s'y installent dès 1542. Leur nom vient de celui de l'infant, le futur Philippe II. Dès la fin du XVIème s., les "galions de Manille" apporteront chaque année à Acapulco la soie chinoise échangée contre l'argent mexicain, au prix de périlleuses traversées.

La même année, C. Colomb réalise un 2ème voyage.

Le Génois, Jean Cabot et ses trois fils, passés au service d'Henri VII d'Angleterre, reçoivent, en 1497, 5 navires, que chargent les négociants de Londres et de Bristol. Ils vont jusqu'au Cap-Breton et au Labrador. Leurs autres voyages et ceux des bourgeois de Bristol n'ont guère de résultats. Mais on espère toujours trouver vers l'Asie la route du Nord-Ouest en contournant

En 1500, pour organiser le commerce de l'Inde, il faut d'abord faire peur aux Arabes. Dans ce dessein, on confie à Alvares Cabral une escadre de 13 navires montés par 1 200 hommes (en mars). Pour éviter les calmes du golfe de Guinée, l'expédition utilise au maximum les alizés et met le cap sur le Sud-ouest. Elle touche sans s'en douter la côte de l'Amérique, au Brésil. Cabral la baptise terre de la Vraie-Croix (Vera Cruz, puis Santa Cruz), la longe pendant une journée en descendant vers le sud, puis reprend sa route vers l'Afrique après avoir détaché un navire pour apporter à Lisbonne la nouvelle de sa découverte. Après des tentatives infructueuses de commerce sur la côte orientale africaine, il arrive en août devant Calicut. Il ne lui reste que 6 vaisseaux. D'abord en bons termes avec le roi, il se brouille peu après avec lui, doit abandonner la ville en incendiant 15 navires maures et rentre en Europe.

C. Colomb, même après son 4ème voyage en 1502, ne sera jamais détrompé, il explore les Antilles, reconnaît l'embouchure de l'Orénoque et l'isthme de Panama. Son aventure a déçu les Espagnols qui lui reprochent de ne pas avoir découvert la bonne route des épices, ni rapporté d'or. L'essai de colonisation tenté à St Domingue ne réussit pas. Pendant son troisième voyage, Ferdinand et Isabelle décident de lui enlever la vice-royauté. Son remplaçant, Bobadilla, ayant outrepassé les ordres reçus, les souverains réparent, dans la mesure du possible, l'affront fait au navigateur. Mais ils ne lui rendent pas ses anciens pouvoirs et, s'ils lui permettent un quatrième voyage, celui-ci présente un objectif strictement géographique: découvrir des terres nouvelles. C'est ainsi qu'il explore la côte de l'Amérique centrale, du Honduras actuel à l'isthme de Darién. Il essaie vainement de trouver de l'or en Costa Rica, revient échouer à la Jamaïque après que sa flotte eut été dispersée par les tempêtes. En septembre 1504, il s'embarque pour l'Espagne, où il arrive malade, et meurt en 1506.

En février 1502, Vasco da Gama part pour une seconde expédition avec 15 navires, suivi en avril par son neveu, Estevão da Gama, à la tête de 5 autres unités. Il ne s'agit plus d'explorer, mais d'imposer la domination portugaise. Vasco da Gama reprend le chemin de l'Europe en février 1503, laissant dans les mers des Indes une petite escadre de surveillance sous les ordres de Sodré.

Le 24 juin, 1503 "L'Espoir", navire de 120 tx, et 60 hommes, commandé par Binot Paulinier de Gonneville appareille d'Honfleur (avec le projet d'aller aux Iles Molluques). Il atterrit sur les côtes du Brésil (Sao Francisco). Il en repart en juillet 1504, le navire est attaqué au large des iles anglo-normandes par des pirates. Des marins bretons de St Malo et des normands de Dieppe semblent déjà être venus dans cette région avant lui.

Sodré s'étant perdu corps et biens sur la côte d'Arabie, une nouvelle expédition arrive en 1504, sous les ordres d'Alphonse d'Albuquerque, qui construit un fort près de Cochin: c'est le premier établissement permanent des Portugais en Inde. Cochin ne doit pas rester le seul poste portugais, si l'on veut briser définitivement le monopole arabe et la coalition de tous ceux qui en profitent au Moyen-Orient et jusqu'à Venise. Le roi Manuel envoie un "vice-roi", Francisco d'Almeida, avec une flotte de 15 vaisseaux, dont certains atteignent 1 500 tonneaux, et l'ordre d'organiser le nouvel empire. Le vice-roi non seulement lève des tributs et construit des forts, mais encore organise des flottilles, dont certaines unités sont construites sur place; il crée même un service de pilotage. Dès lors le commerce des épices, des pierres précieuses et des parfums est aux mains des Portugais, dont les bases principales sont Cochin et Cananor. Ils y apportent en échange des métaux, plomb et cuivre, cinabre et mercure, du corail, surtout des monnaies. Les navires arrivent en septembre et repartent en janvier. Les plus rapides sont rentrés à Lisbonne pour le mois de juin, les plus lents pour l'année suivante.

On commence à soupçonner, en 1505, que les terres nouvelles découvertes par Colomb ne sont pas l'Asie. Le florentin Amerigo Vespucci, qui a participé à plusieurs des expéditions vers l'Ouest, publie des lettres où il prétend que l'on se trouve en présence d'un "nouveau monde". Et en 1507, un typographe de St Dié, Martin Waldseemüller, imagine, de donner au nouveau continent le nom d'América.

Le pirate français, Pierre de Mondragon (normand) écume, en 1508,le canal du Mozambique.

Dans l'océan indien, le successeur , en 1509, d'Almeida, Albuquerque, est plus ambitieux. La plus grosse partie des épices, négociée sur la côte de Malabar, n'y est pas produite. Elle vient de plus loin, des Moluques. Une flotte a atteint Malacca, mais cette flotte est victime d'un guet-apens musulman. Pour la venger, Albuquerque quitte sa capitale de Goa en 1511, atteint Malacca, y obtient le concours des Chinois, puis, grâce à eux, entre en relation avec le Siam. Il va alors jusqu'à Amboine, puis revient à Ormuz pour écraser une coalition turco-arabe. C'est à ce moment que se placerait son projet d'affamer l'Égypte en déviant le Nil. Si vraiment il y pense, il n'a guère le temps de réaliser son dessein: les fièvres l'emportent en 1515.

Il reste aux Espagnols à occuper le continent américain au-delà du Brésil. Les forces militaires espagnoles se heurtent à un relief difficile, au climat tropical, à des tribus sauvages et surtout à deux centres de civilisation, l'empire des Aztèques au Mexique, l'empire des Quichuas avec sa dynastie Inca, au Pérou.

Jeanne d'Aragon confie en 1511, à Juan d'Agramonte une expédition de reconnaissance sur les côtes de Terre-Neuve, elle lui impose l'obligation d'embarquer 2 pilotes bretons. C'est la preuve que les pêcheurs, de Bretagne fréquentaient ces parages depuis plusieurs décennies, et connaissaient bien ces mers et rivages. Il est à noter qu'une île de Terre-Neuve, située sur la côte orientale, au nord d'une île nommée Belle Island (Belle-Île), porte le nom "Groais Island". Sur l'une des plus vieilles cartes du nouveau Royaume de France (Canada) cette île, porte le nom de Groye, signe que des groisillons sont venus dans ces contrées.

Aucun doute n'est plus possible, en 1513, après le voyage de Balboa, qui, du haut des montagnes de Panama, découvre vers l'ouest un vaste océan.

Le Portugais Magellan, qui, longeant la côte d'Amérique du Sud, franchit en 1519, le détroit de 600 km, auquel il donne son nom, et s'aventure dans l'océan, qu'il appelle Pacifique, jusqu'aux Philippines, qu'il aborde après un trajet de 4 mois et où il périt dans un combat contre les indigènes.

Hernán Cortés débarque sur la côte mexicaine avec 660 hommes et crée le fort de la Vera Cruz. Trouvant facilement l'appui des tribus soumises par les Aztèques, à qui leurs croyances religieuses promettent un libérateur venant de l'Est, il marche sur Mexico, capitale de l'empire. Son chef l'accueille en ami. Six jours après, des soldats espagnols ayant été attaqués par des Mexicains, Cortés fait celui-ci prisonnier et organise un véritable protectorat.

Si l'on trouve de l'or aux Antilles, de l'or et de l'argent au Mexique, l'immense et brillant empire Inca, couvert de travaux gigantesques, doit fournir aussi en abondance les deux précieux métaux. N'est-ce pas l'Eldorado? Deux aventuriers espagnols, Pizarre et Almagro, s'associent pour la conquête.

En Septembre 1522, le pilote de Magellan, El Cano, regagne San Lucar (Espagne), par le cap de Bonne-Espérance. C'est le 1er tour du monde: il a duré 3 ans. Sur 5 navires et 239 hommes partis, il n'en revient qu'un, le "Victoria", et 21 hommes. La charge d'épices, prise aux Molluques, suffit à payer la campagne.

Sur la route des épices, des navires français apparaissent dans l'Inde en 1522, devant Diu. Les frères Jean et Raoul Parmentier, qui naviguent pour le compte de l'armateur dieppois Jean Ango, atteignent Sumatra où ils trouvent la mort.

François 1er charge, en 1524, Verrazano d'exploiter les côtes du Nouveau Monde. Il atteint la Caroline du Nord, longe la côte jusqu'en Nouvelle-Écosse et rentre à Dieppe. Prenant les eaux situées au-delà des Outer Banks de Caroline pour le Pacifique, il contribue à entretenir l'illusion d'un passage vers la Chine.

Le 15 juin 1526, Pierre Caurray quitte Honfleur. Il arrive à Sumatra au cours de l'été 1527. Au retour, il s'échoue fin 1527 au large de Madagascar.

A la fin de l'année 1528, Jean Breuilhy, à bord de la "Marie Bon Secours" quitte Honfleur à la recherche de P.Caurray. À Diu, les autorités portugaises saisissent ce bateau et son équipage qui disparut corps et biens.

Le 2 avril 1529, Le "Sacre" navire de 120 tx et "la Pensée" navire de 200 tx armés par Jean Ango et commandés par Jean et Raoul Parmentier appareillent de Dieppe pour Sumatra où ils arrivent le 20 octobre. Plus de la moitié des marins et les 2 capitaines y meurent de fièvres. Les survivants réembarquent le 22 janvier 1530 pour arriver à Dieppe en juillet 1530.

En 1532, Pizarre la commence la conquête du Pérou avec 170 hommes, 70 chevaux et 3 arquebuses et la termine avec les renforts que lui amène Almagro.

François 1er accorde 6 000 livres à J. Cartier, en 1534, pour financer un voyage en "Terres neuves". Le 20 avril, J. Cartier appareille de St Malo avec 2 navires de 60 tx "le Triton" et le "Goéland" et 61 hommes après un recrutement difficile. Il entre le 11 juin dans l'estuaire du St Laurent.

Le 19 mai 1535, nouveau voyage de J. Cartier, il appareille de St Malo avec "la Grande Hermine" 100 tx, "la Petite Hermine" 60 tx et "l'Émerillon" 40 tx, et 112 hommes. Il remonte le St Laurent jusqu'à Hochelaga (futur Montréal).

Pizarre fonde sa capitale: Lima. Mais les 2 chefs se brouillent. Almagro, fait prisonnier par Pizarre, est étranglé (1538). Pizarre est tué par les soldats d'Almagro (1541). Le pays vit dans l'anarchie lorsque Charles-Quint, en 1547, y envoie un gouverneur. Ainsi est créé l'Empire espagnol, très différent de l'Empire portugais d'Orient. Les 2 empires sont fondés sur le principe du monopole commercial, mais pour celui d'Amérique, il y a une extension territoriale. Une population européenne y émigre et une administration y est instaurée, aux ordres de vice-rois et de capitaines généraux. Il manque la main-d'œuvre: on la recrute parmi les Indiens pour le travail forcé des mines ou des terres.

L'Église n'est pas restée inactive. Des missions ont été organisées, des couvents et des églises bâtis. Les Indiens sont amenés à la foi catholique d'une façon assez superficielle. On s'efforce de protéger les indigènes contre les abus des colons. Le dominicain Las Casas ne cesse de démontrer les atrocités que ceux-ci commettent contre ceux-là. Le malheur est que, pour les sauver, on trouve un remède pire que le mal: s'adresser aux Noirs d'Afrique, qu'on achète comme esclaves et qu'on envoie en Amérique dans les pires conditions physiques et morales. C'est la traite des Noirs qui commence et qui durera jusqu'au XIXème s.

Le traité des Capitulations en 1536 accorde à François 1er des avantages commerciaux dans le Levant. Si, par ailleurs, l'amiral de Coligny évoque une "France antarctique", il s'agit probablement d'y trouver un refuge pour les huguenots.

En 1537, les rares tentatives de colonisation n'ont guère de résultats, et il faut se garder de prêter à des découvreurs français des projets trop précis. À toute expansion coloniale, il faut des raisons internes. Elles n'existent guère dans la France du XVIème s.. Les guerres de religion affaiblissent l'État et accaparent les énergies disponibles. Il se produit sans doute une certaine évolution vers des structures capitalistes: le port du Havre est créé en 1537 et, par Dieppe, on a commencé à entrer en contact avec les richesses des nouveaux mondes. Toutefois, la population française est rurale à 90 %. L'économie est pauvre, cloisonnée, écrasée sous les prélèvements seigneuriaux et royaux et secouée par des crises de subsistance. Les habitudes de thésaurisation persistent (et pour longtemps encore) dans la petite bourgeoisie des villes et des campagnes. Le personnel des centres de spéculation, comme Lyon, est souvent étranger. Les bourgeois enrichis abandonnent les métiers de la boutique ou de l'atelier. Ils achètent des terres et, grâce à la vénalité des offices, accèdent à la noblesse de fonction. En dépit des initiatives de l'amiral de Coligny, les guerres de Religion l'empêchèrent de soutenir l'effort.

Jacques Cartier obtient de François 1er en 1540, qu'il prenne possession du Canada et d'Hochelaga. C'est toutefois un échec pour lui qui cherchait la route qui pouvait conduire au fabuleux Cathay de Marco Polo. Il n'a trouvé ni or ni pierres précieuses.

Les armateurs de St Malo arment, en 1541, 24 navires (de 60 à 100 tx) pour la pêche à la morue à Terre-Neuve. Le 23 mai, nouveau voyage de Jacques Cartier, qui appareille avec 5 navires transportant les 1500 premiers colons du Canada.

La Nouvelle-France tombe alors dans l'oubli pour 50 ans. Il ne reste guère qu'un trafic: le troc de la bimbeloterie contre des fourrures que pratiquent les pêcheurs français de Terre-Neuve et qui enrichit les ports de Normandie et de Bretagne.

Le 18 septembre 1544, a la suite de la 4ème guerre contre Charles Quint, lasignature du "Traité de Crépy" interdit aux Français tout armement maritime pour les Indes et les Antilles, il vise notamment la piraterie française.

Le 12 juillet 1555, le protestant Durand de Villegagnon quitte Le Havre avec 3 navires (2 de 200 tx armés à la guerre et 1 de 100 tx) et 600 hommes. Ils arrivent le 30 octobre sur les côtes brésiliennes (Cap Frio) et le 10 novembre dans la Baie du Garrabara (Rio de Janeiro), sans qu'aucune suite soit donnée à ce voyage. Il doit céder la place aux Portugais en 1559.

Le 18 février 1562, deux navires de 150 tx et de 60 tx, armés de 150 hommes commandés par deux protestants, Jean Ribault et René Goulaine de Laudonnière, quittent Le Havre pour la Floride, où ils arrivent le 30 avril. Ils débarquent quelques hommes et repartent en France chercher d'autres colons.

En mars 1564, suite à la paix d'Amboise, René Goulaine repart pour la Floride avec 3 navires. 300 hommes débarquent le 25 juin.

En avril 1565, Jean Ribault repart de nouveau pour la Floride avec 600 paysans. Ils débarquent le 25 août. Tous les membres de ces expéditions sont massacrés par les espagnols le 20 septembre. 

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20 octobre 2001

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références bibliographiques