Alors que le
XIVème
siècle est un
siècle noir s'il en fut, le XVème
siècle apparaît
comme le grand siècle breton. Autour de la cour ducale se crée
un véritable art de cour, dont le château de Nantes est
le symbole, influencé par l'art ligérien. La marine commerciale
bretonne se développe, surtout en Basse-Bretagne, et devient
l'un des éléments majeurs du commerce nord-sud de l'Europe
de l'Ouest. La Bretagne reste une oasis relativement prospère
au milieu d'un monde devenu fou.
XIV°
siècle
1315,
1316 et 1317
sont trois années de terrible famine. Pourtant la France a vécu
une période faste précédemment. Mais dans quel
état est la
France de 1320
?

la "Guerre
de Cent ans" débute officiellement en 1340, mais nous avons vu
qu'en fait la querelle remonte à 1292.
Le 24
juin 1340
a lieu la bataille
navale de l'Ecluse.
Apprenant qu'une armée allait être expédiée
d'Angleterre, Philippe VI le bel dépêcha sa flotte en mer
du Nord. Concentrés dans les ports de la Haute-Normandie et de
la Picardie, il y eut, dès le mois de mai, quelque 200 navires
prêts à cingler vers le détroit. Sur ces 200 navires
français présents, il y aura des patrons de 25 ports,
depuis Cherbourg et La Hougue jusqu'à Berck et Boulogne.
Bateau de pêcheur
ou barge de caboteur, une petite nef emporte 40 ou 60 hommes, équipage
compris. Cela signifie que l'on dispose à bord de 2 ou 3 arbalètes
simples, de 2 ou 3 coffres de viretons et de carreaux.
Début
juin, ces bateaux, montés par 20 000 hommes, prennent position
au large des côtes de Bruges, bloquant l'avant-port de l'Écluse.
En aucun cas l'Anglais ne doit passer. Les
forces sont égales. Édouard III perd tout s'il laisse
à la France la maîtrise de la mer. Il a donc rassemblé
toutes ses forces: 250 navires, avec 15 000 hommes d'armes à
bord, matelots exclus. Pour l'époque, c'est considérable.
C'est l'un des plus grands combats navals qui s'ouvre le 24 juin
Les
chefs de l'escadre française manifestent leur manque de sens
tactique et cette bataille est une catastrophe pour la "marine française".
Pourtant, si c'est une victoire pour Edouard III, elle est dans l'immédiat
stérile. Elle ne lui donne que le droit de continuer à
débarquer pour tenter la conquête de la France. Elle lui
ouvre une route; au bout, rien n'est gagné.

Jean
III de Bretagne meurt en 1341,
sans héritier. Pendant 23 années, la souveraineté
du roi de France, qui revendique l'héritage, est contestée
lors de la guerre de la Succession. Le conflit oppose Jeanne de Penthièvre
(mariée à Charles de Blois), soutenu par le roi de France
Philippe VI (le Hardi) à son frère Jean de Montfort (marié
à Jeanne de Flandre, soutenu par le roi d'Angleterre). Jean de
Montfort, en appelant au secours le roi d'Angleterre, offrit à
celui-ci une base d'opérations qu'il avait vainement cherchée
en Flandre. Sans attendre la fin des trêves, Édouard III
s'engagea dans l'affaire de Bretagne. Cela lui donnait, dès 1345,
les moyens de la grande entreprise contre le cur du royaume de
France.
C'est
au cours de cette guerre que la place forte d'Hennebont connaît
son heure de gloire. Jeanne de Flandres, l'épouse de Jean de
Montfort, alors prisonnier des français, s'y retranche pour y
soutenir un siège mené par Charles de Blois. La guerre
ne s'interrompt qu'en 1364, après la bataille d'Auray. Charles
de Blois secondé par Du Guesclin, est écrasé par
les armées anglaises et trouve la mort. Du Guesclin lui-même
est contraint de se rendre.
Les
Blavétins, et probablement les groisillons, voient passer, en
1342, Amaury de Clisson et Gautier de Manny, commandant une flotte de
"120 voiles amenant 2000 soldats du roi Edouard d'Angleterre" au secours
de Jeanne de Montfort (dite Jeanne la Flamme), assiégée
par Charles de Blois dans Hennebont.
Défaite
de Crécy le samedi 26 août 1346.
L'armée française est taillée en pièces
par les archers anglais à Crécy-en-Ponthieu, entre Amiens
et l'embouchure de la Somme.
Suite
à la défaite de La Roche Derrien en 1347,
Charles de Blois est prisonnier des Anglais. Il obtint d'Edouard III
une libération provisoire pour réunir le montant de sa
rançon et pour marier sa fille. Cette libération provisoire
se fit en échange d'otages qui se rendirent à Londres,
les deux fils de Charles de Blois (Jean et Guy), Bertrand Du Guesclin
, Jean de Beaumanoir (héros du combat des Trente) et quelques
autres. Tous s'embarquent à Port-Blavet en 1351.

La
peste
noire dévaste
toute l'Europe. à partir de 1348
Tout avait commencé devant le port de Théodosia, en Crimée.
À la Toussaint de 1347, la peste toucha Marseille. En France,
certaines régions ont vu disparaître jusqu'aux 2/3 de la
population Les
citadins se réfugiaient dans les campagnes, s'installaient dans
des cabanes comme dans des forteresses. Ils étaient prêts
à tuer pour se défendre. En quelques semaines, retirés
dans leur hutte et jusqu'au fond des bois, ces citadins ressemblaient
à des sauvages. La compagnie quotidienne de la mort allait peu
à peu engendrer d'extraordinaires excès. La France était
devenue presque un royaume mort. Dans la plupart des provinces, on n'avait
ni moissonné, ni labouré, ni semé. Pendant que
l'effroyable épidémie s'éloignait, la France allait
connaître en 1349 une terrible famine.
Cette
peste fit beaucoup plus de victimes que toute la guerre de Cent Ans.
L'épidémie ne disparut pas d'un seul coup et on la vit
renaître en certains endroits.
Du Guesclin
et ses compagnons pris en otages s'embarquent en 1351
pour l'Angleterre à Blavet.

Le 12
avril 1365,
le "Traité de Guérande" met fin à cette guerre
de Bretagne, dont le bilan est dramatique. Jeanne de Penthièvre,
abandonnée par le roi de France, conclut un traité par
lequel elle renonce à la couronne de Bretagne au profit de Jean
de Montfort, qui devient Duc, sous le nom de Jean IV de Bretagne. Celui-ci
se reconnaît vassal de la France. Sous la dynastie des Montfort
(1365-1491), le duché de Bretagne jouit d'une réelle indépendance.
Jean
IV, qui s'allie aux anglais en 1372,
est contesté par les barons bretons et doit se réfugier
en Angleterre.
Le Roi
de France, Charles V, confisque le Duché en 1378,
mais doit renoncer devant le refus des barons bretons qui rappellent
Jean IV.
Hennebont
est, en 1380,
le centre administratif et politique de la région.
Le 14
avril, à Vannes, "Le duc de Bretagne, Jean IV, fait don, à
son cousin Jehan, vicomte de Rohan et à son épouse Jehanne
de Navarre, pour bons, loyaux et agréables services, le château
et toute la chastellenie de la Roche-Moysan et toutes ses appartenances,
sises au pays et terroir de Kéménet-Heboay, les paroisses
et villes de Lebin, Pontscorf, Ploemeur, Biouay, Arzenou, Redene, Guidel,
Guillegoumarch, Meslen et en l'île de Grouays et ailleurs
,
toutes les rentes et revenues quelconques que nous avons acquis et retrait
par quelconque manière et a quelconque cause, en ladite île
de Groay de Monseigneur Guillaume de Baden et d'autres". Ainsi de Groe,
le nom de l'île était devenu Groay... Ainsi l'île
est réunifiée. C'est aussi le début d'un long "servage"
sous la coupe des Rohan-Guéméné (qui ne prendra
fin, disent certains auteurs, qu'en 1830?). L'isolement insulaire avait
tenu heureusement l'île en deçà des luttes et des
troubles ensanglantés pour la succession du Duché de Bretagne.

Le 4
avril 1381,
par un nouveau "Traité de Guérande". Jean IV renonce définitivement
à une alliance avec l'Angleterre.
Un canon
est employé pour la première fois à bord des bateaux
Vénitiens dans une guerre contre les Génois.

Un document
de 1388
nous donne quelques informations sur l'île de Groix :
"Dressé
en la Chambre des comptes de Bretagne, la liste des rentes, appartenant
à "Monsieur de Bretagne, à cause du rachat és héritage
par Monsieur Monseigneur Jocelin de Rohan, Evesque de Saint Malo, lequel
est décédé le 15 mars, en la châtellenie
d'Hennebont, donne, au titre des tenues et manne, la liste des fermes
situées dans plusieurs paroisses parmi lesquelles celles du Baillage
Hevé de Kergatouarn en l'ille de Groye, qui se payent au moys
de janvier pour tout l'an, par pellens de terre, dont 9 souls sur chacun
pellen, fors en certain endroit de la ville de Locmaria, où il
n'y a sur trois quarts pellen que 20 deniers poug".
L'acte
signale les villages de Kerambaillet, Kerzrohet, Keraliet, Chief
de l'isle, Locmaria, Kernaliet, Kerampoulo, Locqueltas, Kermorvan, Locmelaere,
Porz-Lay, Kerhaellou, Kergadoret, Keraulart, Kerleoret, Kerbedan, Les
Moustr, Quelbizig et Kerlebiob, Kermarchiob, Loctudj, Porztudj.
De nombreuses fautes dues à des mutations apparaissent dans cette
énumération qui demeure fort intéressante pour
l'étude toponymique.

À
la fin du XIV siècle, la Bretagne accède à la neutralité,
grâce à ce fameux "Traité de Guérande", et
reste ainsi à l'écart de la suite de la "Guerre de 100
ans" Il joue pendant ce temps l'atout du commerce occidental.
Les marins bretons
(et naturellement ceux de l'île), après des siècles
d'observations et d'apprentissage, s'élanceront sans crainte
sur toutes les mers connues de l'époque, aux lendemains de la
guerre de succession de Bretagne. L'Armorique, bien placée entre
le monde nordique et la péninsule Ibérique, connaît
une prospérité commerciale, encore que toute relative,
liée au développement des échanges européens.
Des centaines de navires bretons, petites embarcations de 10 tonneaux
à voiles et rames nommées "fleuins", grosses barques de
15 à 20 tonneaux, appelées "esaffes", mais aussi d'autres
navires plus importants dépassant les 50 tonneaux, cinglent d'un
port à l'autre, pratiquent le bornage de pays en pays, pour exporter
sel de Bourgneuf, vin du terroir nantais, céréales, poissons
frais et salés, draps et toiles de Bretagne, ramenant au retour
l'étain anglais, le fer espagnol, les vins de Bordeaux, le tuffeau
de Loire. Et si la rade naturelle de l'embouchure du Blavet et du Scorff
est favorable à constituer un lieu de refuge pour les caboteurs
et les navires marchands qui y relâchent, protégé
de plus par les îles (Houat, Hoëdic, Belle-Isle mais surtout
Groix) ses accès sont dangereux et les bateaux utilisent fréquemment
des pilotes groisillons et port-louisiens.
Groix,
en partie à cause de sa position géographique, n'a pas
pu rester à l'écart des mouvements commerciaux.
L'un
de ces navires, en 1392,
La "Marie", de Groix quitte Southampton le 23 janvier avec son chargement.
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XV°
siècle
Un Français,
un hobereau, le sire de Béthencourt, découvre les Canaries
en 1402.
Les
Portugais atteignent, en 1416,
le Cap Bojador. L'époque dite des "grandes
découvertes"
commence.
En 1428,
on comptabilise la présence de 2 nobles sur l'île de Groix
: Pierre Leen ou Lehen et Jehan de Coetnours.
A la
même époque où Jeanne D'arc meurt brûlée
à Rouen, le 30 mai 1431,
et où naît François Villon, le cabotage des bretons
vers le sud, s'affirme: La Rochelle et Bordeaux sont des destinations
régulièrement touchées. En outre, l'activité
maritime existe alors sur l'île, comme en témoigne l'existence
de pêcheurs. On trouve les traces en 1432
du "N.D d'Istel", de Groix, propriété de Maître
de barque Jehan LEBIN et du marchand Jouhan GOARIN, qui rentre le 2
février, à Port-Blavet (du nom de la rivière, ancien
nom de Port-Louis), avec du vin en provenance de Nantes. Et du "N.D.
de Groix" qui quitte Port-Blavet, le 4 février, avec une cargaison
de 13 tx de seigle en direction du même port de Nantes.
Gil
Eanes, un portugais, dépasse en 1435,
à la demande d'Henri, le roi navigateur, le cap Bojador (les
limites du monde connu, pour les marins occidentaux) et explore les
côtes de l'Afrique
Après
une nouvelle épidémie importante de peste en 1438.
En 1448,
lors de l'enquête des exempts de fouage, on comptabilise trois
nobles sur l'île de Groix : Jehan Le Boterfs, Jehan Coetnoux (sergent
du Vicomte de Rohan), Allain Lehen (sergent de la Rochemoaysan).

La défaite
anglaise de Castillon marque en 1453
la fin de la guerre de 100 ans. Les anglais abandonnent définitivement
le sol français, sauf Calais.
Le petit-fils
de Jean IV, François II devint duc de Bretagne à la mort
de son oncle Arthur III, le 26 décembre 1458.
Il était aussi le gendre du duc François Ier, mort en
1450. Il tenta d'imiter le duc de Bourgogne et de réaliser enfin
l'indépendance du duché. Il s'arrogea certains attributs
de la souveraineté et chercha à constituer une alliance
offensive avec l'Angleterre et la Bourgogne. L'alliance fut aussi fragile
que la "Ligue du bien public" dirigée contre Louis XI, à
laquelle, en 1465, François II n'avait apporté qu'un concours
insuffisant et tardif. En 1468, c'est lui que ses alliés abandonnèrent
dès que Louis XI prit les armes. Il dut, par le traité
d'Ancenis, abandonner au roi ses droits en Normandie.

Dix
après l'avènement de Louis XI en
1461, les Portugais
franchissent l'Équateur (1471).
Un autre
bateau de l'île de Groix "La Trinité", en compagnie d'une
"Marie de Milford", assure pour les Anglais en 1473,
l'exportation de draps et l'importation de vin. À cette époque,
la moyenne des bateaux est de 60 tx, les 100 tx ne sont franchis qu'exceptionnellement,
notamment par des navires groisillons et les Espagnols, conduits à
fréquenter les ports armoricains pour satisfaire leurs besoins
céréaliers, s'emparent par un acte de piraterie d'un navire
marchand de Groix.
A l'époque
du débarquement du roi Édouard IV à Calais en
1475, un certain
Brito (de son vrai nom Brulelou), breton né à Pipriac
(35) imprime un premier ouvrage, 20 ans avant la bible de Gutenberg.
C'est ce Jean "Brito" (1417-1484) qui a inventé le système
typographique à Tournai, en Flandres
(et probablement
pas Gutenberg).

Quelques
jours après le baptême, à Nantes, d'Anne de Bretagne
(25 janvier 1477),
un certain Laurent BARON et son navire, quitte Auray,
le 4 mai, pour
l'Espagne. Il est de retour le 7 juin.
Raoul
TUAL, prêtre séculier, est en 1480,
le confesseur de François II.
En 1481,
Anne, la fille de François II, de Bretagne a 4 ans, on scelle
ses fiançailles au dauphin du royaume d'Angleterre. Tout est
prévu entre les 2 couronnes, si le prince de Galles vient à
mourir, Anne doit épouser le duc d'York. Tout... sauf la mort
violente des deux adolescents qui, après le décès
de leur père, sont égorgés sur ordre de leur oncle
Richard III. Anne n'a pas le temps de pleurer leur mort que son père
envisage un autre projet de mariage avec Henri Tudor, réfugié
à la cour de Nantes. Grâce à cette union, l'Angleterre
deviendrait le protecteur du duché de Bretagne contre les appétits
du royaume de France.
A la
"montre" (réunion de tous les hommes d'armes) de Vannes du 4
septembre 1481,
on comptabilise la présence de 2 nobles de l'île-de-Groix
: - Jehan LEHEN : défaillant et Jehan COETNOUS, remplacé
par son fils Louis qui comparaît en archer.
Charles
VIII monte sur le trône en 1486,
âgé de 13 ans. Anne de Beaujeu, la régente, la sur
du roi, réunit les "États généraux", (y
compris les représentants des paysans, pour la première
fois).
La seconde
moitié du XVème siècle voit s'affermir les prétentions
du royaume de France sur la Bretagne. À ce moment, l'indépendance
du duché est déjà en train de prendre fin. Face
à l'armée royale et à son artillerie, les tentatives
de maintenir la situation antérieure se révèlent
vaines, d'où la révolte du Duc de Bretagne en 1485 qui
s'allie à d'autres grands seigneurs dont le Duc d'Orléans
contre le roi de France. François II envisage de prendre Louis,
duc d'Orléans pour gendre. Le gentilhomme est français,
cependant fidèle à la couronne de Bretagne. Malheureusement,
Louis est uni à Jeanne de France et l'annulation du mariage semble
alors difficile à obtenir. le projet est remis, mais qui se fera
finalement.
Le duc
François II a d'autres projets comme celui, en 1486, d'aménager
le port de Blavet et surtout de le défendre, estimant "nécessaire
pour le service du duc, pour le profit de ses sujets et pour la beauté
du havre et la sécurité des marchands d'édifier
promptement une tour, à la pointe de la presqu'île et d'y
tenir du canon". Mais la mort ne lui permet pas de mener ce projet à
son terme.

A l'époque
de la naissance, vers 1487,
du premier LE GOUZRONC connu qui sera recteur,
Barthélemy
Dias double le Cap des Tempêtes, celui que Jean II rebaptisera
le cap de Bonne-Espérance.
Pourquoi
ne pas choisir un seigneur breton pour marier Anne ? Le vicomte de Rohan
propose ses fils aînés. Mais son ambition et sa traîtrise
quasi maladive effrayent le duc. Alain d'Albret est candidat, breton
par sa mère (une Rohan,) et gascon par son père. Il est
âgé (45 ans), paillard et très laid, de plus il
est pourvu d'une progéniture pléthorique: 8 enfants légitimes
et une kyrielle de bâtards. Pour une fillette de 8 ans, ce parti
ne semble pas de très bon aloi. Cela n'empêche pas François
II de promettre la main de sa fillette. Finalement François II
se ravise.
Défaite
des bretons, en 1488,
à St Aubin. Le duc de Bretagne, François II, signe le
traité de Sablé.
Le Duc
de Bretagne juge qu'un prince étranger apporterait une aide financière
plus en rapport avec les besoins du pays. Il met en concurrence le duc
de Buckingham, l'infant d'Espagne et Maximilien d'Autriche. Tous ces
pays ont le souci d'empêcher une nouvelle extension de la France.
Le duc conclut une alliance avec l'Autrichien, et une promesse de mariage,
mais il laisse croire aux autres que chacun conserve ses chances. Il
ne décourage pas non plus les candidats de moindre importance
qui sont bien accueillis à sa cour. Bref, Anne est certainement
la fillette la plus convoitée d'Europe.
Après
la mort de François II en 1488, Anne se retrouve orpheline à
l'âge 11 ans, puis duchesse. Son père laisse un pays affaibli
par les guerres et occupé par les Français. Elle décide
de s'unir à Maximilien de Habsbourg (futur Empereur).
Le 19
décembre 1490
a lieu, par procuration, le mariage d'Anne, à la cathédrale
de Rennes. L'Autrichien s'engage à sauvegarder l'indépendance
du duché et à maintenir les privilèges, droits
et libertés de ses habitants. Non seulement, le roi ne verra
jamais son épouse, mais surtout il ne viendra jamais au secours
de la Bretagne.

|
Cette
union mécontente Charles VIII, qui est lié, ironie
du sort, à la propre fille de Maximilien, Marguerite
d'Autriche
Cependant l'union n'a pu être consommée,
la petite Marguerite, mariée à l'âge de
3 ans, n'a pas encore fêté ses 12 ans... Il envoie
ses troupes en 1491
contre la Bretagne, soumet la plupart des villes bretonnes,
puis assiège Rennes où s'est réfugiée
Anne. Le peuple supplie la Duchesse de rompre avec Maximilien
et de consentir à l'union avec Charles VIII. Elle rencontre
le Roi, et une sympathie naît, à la surprise de
tous. Ils se fiancent à Rennes. Rome consent à
libérer les fiancés de leurs précédents
engagements. Les noces sont célébrées à
Langeais le 6 décembre. Le roi Charles VIII meurt d'un
accident (il se heurte le front à un linteau trop bas
dans le château d'Amboise) en 1498, sans laisser d'enfant,
en effet ils eurent trois fils et une fille dont aucun ne survécut.
Anne profite de ce deuil pour frapper sa monnaie, rétablir
la chancellerie et réunir ses états.
|
Deux
ans après le mariage d'Anne, Christophe Colomb part le 3 août
1492,
il fait escale aux Canaries et, dans la nuit du 11 au 12 octobre, aperçoit
la terre. Ce sont les îles Lucayes, à l'entrée du
détroit de Floride. Colomb se croit sur les rivages de l'Asie.
Il explore les Antilles, cherchant les souverains de Cipangu (Japon)
et de Cathay (Chine), à qui il doit remettre ses lettres de créance.
Il découvre Cuba le 27 octobre et, peu après, la future
St Domingue, qu'il baptise "Hispaniola". Mais il a perdu l'un de ses
navires, ses hommes sont fatigués et, le 15 mars 1493, 7 mois
après son départ, il rentre triomphalement à Palos.
Il est toujours persuadé d'avoir atteint l'Asie...
Pape
Alexandre VI publie la bulle "Inter Coetera" en 1493.
Mais, devant les réclamations du Portugal, la ligne de démarcation,
par le traité de Tordesillas (7 juin 1494), est repoussée
de 170 lieues vers l'Ouest. Ce traité donne au Portugal la moitié
ouest du Brésil. Aux antipodes, le traité de Saragosse
(1529) accorde les zones contestées, y compris les futures Philippines,
aux Portugais. (Mais ceux-ci n'occupent pas les Philippines. Les Espagnols
s'y installeront dès 1542).
Guilllaume
LE RICOUX (ou RICOUSSE) charge en
1496 (et en 1497?)
des fruits en Andalousie pour le port d'Armemuiden. Les marins groisillons
sont plus transporteurs que négociants.
Le Génois,
Jean Cabot au service d'Henri VII d'Angleterre, va jusqu'au Cap-Breton
et au Labrador. Leurs autres voyages n'ont guère de résultats.
Mais on espère toujours trouver vers l'Asie la route du Nord-Ouest.
Vasco
de Gama, en 1498,
après avoir franchit difficilement le cap de Bonne Espérance
et soudoyé un pilote arabe, traverse tout droit l'Océan
Indien de Mombasa à Calicut. Le 27 août 1498, il fait demi-tour
les cales pleines d'épices. La première liaison maririme
directe entre l'Europe et les Indes vient d'avoir lieu.
Le XVème
siècle apparaît comme le grand siècle breton. Autour
de la cour ducale se crée un véritable art de cour, dont
le château de Nantes est le symbole, influencé par l'art
ligérien. La marine commerciale bretonne se développe,
surtout en Basse-Bretagne, et devient l'un des éléments
majeurs du commerce nord-sud de l'Europe de l'Ouest. La Bretagne reste
une oasis relativement prospère au milieu d'un monde devenu fou.
Le rétablissement de la paix provoque paradoxalement une crise
économique qui ne devait cesser que vers 1530. D'où la
probable reconversion partielle vers la pêche, et, au début
du XVIème siècle, la mise en valeur des bancs de Terre-Neuve.
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