La Citadelle de Port-Louis
accueille du 20 au 27 août 1939
les marins réservistes rappelés en attendant la mobilisation
générale, annoncée par affiches le vendredi
1er septembre, mobilisation Générale, à compter
du 2 septembre. Le tocsin sonne.
Quelques jours après
la déclaration de guerre, le 13 septembre, croiseur mouilleur
de mines "Pluton", construit à l’arsenal
de Lorient et lancé le 10 avril 1929 (mis en service en avril
1931), rebaptisé le «La Tour d’Auvergne»
au début de l’année 1939 et devenu bâtiment-école
d'application, explose par ses propres mines au cours d'une explosion
accidentelle dans le port de Casablanca, causant la mort de 215 marins.
Il devient ainsi le premier navire français (d'une très
longue liste !) disparu durant la seconde guerre mondiale. Parmi les
victimes, Laurent LE FÉE et le port-louisien Louis DRÉANO,
À partir du 30
novembre, deux comités sont constitués, l'un, cantonal,
présidé par Mr LE NEZET Conseiller Général
- Maire de Plouhinec, le second, municipal, présidé par
Mr QUERZÉRHO, premier Adjoint remplaçant Mr CHARRIER Maire
de Port-Louis, mobilisé. Ces comités sont chargés
sous la conduite de Mlle Louise SAMSON de distribuer des secours aux
familles sans ressources et des colis aux marins et soldats. Une permanence
est installée 6 rue de la Citadelle.
Jeudi
18 avril 1940,
un cyclone, qui a duré toute la journée,
cause des ravages importants à Port-Louis (et
à Groix ?).
Tandis
que les navires de guerre prennent le large, le 18 juin,
montent très haut dans le ciel, les volutes noires
provenant de l'incendie volontaire des cuves à
mazout de la Marine au Priatec. Elles brûlent jour
et nuit, entre le Scorff et le Blavet, l'une des cuves
explosera quelques jours plus tard, tuant 25 personnes du
village du Cosquer.
Des
avions aux cocardes gammées sont venus larguer des
mines entre Groix et le continent.
Mercredi
19 juin, le chalutier "La Tanche" (de Fécamp)
saute sur une mine, à la sortie de la passe, au
début de l'après-midi. Douze survivants
sont repêchés. Quatre succombent à
leurs blessures. Pendant trois mois, la mer rend des
dizaines de corps qui sont enterrés dans les
cimetières de Groix, Lorient, Gâvres,
Port-Louis et Larmor. Les dépouilles sont
déposées dans la cabane du canot de
sauvetage, l'ancienne, celle qui se trouvait alors,
près de la maison des phares et balises. Les
morts, qui ne pourront être identifiés,
seront enterrés le long du mur dans le nouveau
cimetière.
De
multiples torpillages ont lieu dont celui du paquebot
"Bretagne" sur lequel se trouvaient 2 marins groisilllons
qui ont réussi à se sauver.
Vendredi
21 juin, arrivée des premiers allemands à
Port-Louis. Deux officiers d'abord puis deux soldats sur
une motocyclette, qui s'arrêtent à l'angle
de la Grand'rue et de la rue de la Marine et entrent au
café LE SAEC (aujourd'hui pâtisserie "La
petite marquise"). Le 22 juin, en fin d'après-midi
une nouvelle vole de maison en maison, de village en
village, les Allemands ont débarqué sur
l'île. Une vedette est venue accoster à
Port-Tudy. Deux side-cars en sont immédiatement
sortis et se sont installés au bout des
jetées, mitrailleuse en position de tir. À
partir du lundi 24 juin - Les allemands s'installent
à la citadelle de Port-Louis d'abord, puis
à l'école de la Radio. La kommandantur
établit ses quartiers dans la grande maison "Ty
huella" (aujourd'hui la mairie). L'heure allemande est
imposée : +2 heures sur le soleil. Les forts de
l'île sont occupés, toutes les écoles
réquisitionnées et les élèves
répartis dans les salles de café, une
classe fonctionnera dans la salle du fond de "L'Ancre de
la Marine", ou dans des maisons
particulières.
Le 6
septembre, l'équipage du voilier "La Barque de
Saint-Pierre" sauve 9 marins irlandais. Les matelots de
Groix recevront une lettre de félicitations du
ministre Jules Moch aux lendemains de la
guerre.
À
partir de la fin de l'été, plusieurs raids
de l'aviation anglaise ont lieu sur Port-Louis et
Lorient. Celui du 27 septembre est
particulièrement violent. Des bombes tombent sur
les Pâtis. Les servants d'un canon
anti-aérien de la rue de la Brèche sont
tués. Ils sont aussitôt enterrés dans
le terrain de football.
Le 26
novembre, le dundee "Clipper" quittait Port-Tudy pour une
marée ordinaire. Il est arraisonné par le
sous-marin britannique Talisman. L'équipage est
conduit en Angleterre. À Groix, les familles
croient bateau et hommes bel et bien perdus. Elles ne
sauront qu'à la fin de la guerre qu'ils
étaient saufs, lorsqu'ils rentreront au
pays.
Le 23
décembre, le cdt ESTIENNE d'ORVES enrôle le
Docteur TUAL dans la résistance à la
tête du secteur de Lorient
Les
alertes sont quotidiennes au cours de l'hiver 1940
où les avions anglais viennent mouiller des
dizaines de mines dans les Courreaux.
Les
Anglais redoublent, en 1941,
leurs raids sur les abords de Lorient. En juillet, la
Flak de l'île abat un de leurs avions dans les
Courreaux. Les Anglais n'ont pas de scrupule à
s'attaquer aux navires de pêche. Un sous-marin
coule 2 bateaux de l'île après avoir
laissé leur équipage s'embarquer dans les
annexes.
Au
cours de l'été, apparaissent quelques actes
de résistance dans la population. À
Locmaria, dans un bistrot, 3 jeunes marins chantent la
Marseillaise. Ils sont arrêtés ainsi que la
patronne.
À
la fin de l'année, les incidents se multiplient.
La jeune Jeanne PUILLON est tuée de 5 balles de
mitraillette par un sous-officier allemand qui voulait
abuser d'elle. Il sera condamné à 4 mois de
prison pour utilisation imprudente de son
arme.
L'année 1942
s'ouvre sous de biens sinistres augures. Les actions de résistance
se développent. Des poteaux téléphoniques, sont coupés.
Les Allemands s'énervent. Ils ont besoin de vivres et autorisent
la reprise de la pêche au thon pour la saison. Mais les mitraillages
des avions anglais sont quotidiens. La "Semeuse" a été
attaquée et un de ses hommes atteint à la cuisse. Le "Charles
Maurice" reçoit 2 obus tirés par un avion. Deux hommes
sont blessés. Les Anglais lâchent des tracts incitant les
marins à rejoindre l'Angleterre.
Le 28 avril, dans l'après-midi,
400 femmes et enfants manifestent devant la mairie de Port-Louis pour
réclamer une ration de pain équivalente à celle
des lorientais et pour que les matières grasses, les confitures
et l'alcool à brûler soient distribués en quantités
suffisantes. À l'école du Centre, Mr Le LUERN, instituteur
fait chanter La Marseillaise à ses élèves pendant
que les Allemands défilent bruyamment sous les fenêtres
de sa classe. Il n'y a pas de petits actes de résistance.
La fin de l'année
est marquée par une tragédie. Le 9 décembre, un
poste de garde tire, aucun bateau n'étant autorisé à
sortir, sur un petit voilier qui venait de l'ouest. Le jeune Charles
PENVERN est tué d'une balle dans la tête.
Les
allemands pour construire les ouvrages de défense,
font venir dans l'île 223 détenus, requis et
prisonniers de droit commun, sortis des prisons de
Bretagne. À moins de 100 mètres du Bourg,
les Allemands ont bâti un camp. Battus, mal
nourris, souffrant du froid pendant l'hiver, ils tombent
comme des mouches et sont enterrés dans des fosses
communes sans même prendre la peine de noter leur
décès.
Les
dundees, malgré les hostilités ont
continué à naviguer jusqu'en 1942, et
arrêtent en 1943 au moment où le travail
devient trop dangereux; la flotte thonière
séjourne sur les vasières d'Hennebont,
Etel, Port-Louis, jusqu'à la fin de la guerre et
à Port-Tudy, avec des fortunes diverses.
L'occupation allemande de divers sites, y compris l'usine
Lecointre, et les nombreuses confiscations de
matériel chez les artisans, contribuent
également à la mise en veilleuse de
l'activité portuaire. Seuls, quelques canots
pratiquent encore les petites pêches...
Les
Allemands installent sur le môle un
dépôt-pompe à essence qui sert
ensuite pour les bateaux motorisés après la
guerre.
Ils installent également
sur la côte un treuil pour charger depuis Port-Tudy à bord
d'un petit train les fournitures servant à la construction des
fortifications. Un blockhaus est d'ailleurs construit au-dessus du "café
de l'escale". L'abri du canot de sauvetage est gravement endommagé.
Terribles
bombardements de Lorient, entre le 15 janvier
1943
et le 16 février, destinés à
détruire la base sous-marine où se
réfugient les terribles U-Boot de l'amiral
Dônitz. En février, les 183 survivants du
camp regagnent le continent. Aux lendemains de la guerre,
furent retrouvés les cadavres de six hommes qui
avaient été fusillés lors de leur
funeste séjour.
Samedi
13 février, bombardement terrible sur Port-Louis
et désastreux pour l'église N.D. 30
à 35 maisons sont incendiées ou
détruites notamment dans le quartier de la
Brèche et la Gendarmerie. À Locmalo, la
Criée et les baraquements du Driasker sont
détruits. On déplore 2 victimes: Mr Jacquet
et Mlle Auché. Les derniers jours de
février l'évacuation
s'accélère. Il ne reste plus que 400
personnes à peu près. Les Groisillons
assistent dans la nuit à des spectacles
multicolores. Des incendies éclatent dans de
nombreux points de l'île.
Le 2
avril, 60 maisons de Port-Louis sont
endommagées
Le 14 avril, un sous-marin
allemand a coulé entre Groix et Port-Louis (vers les 3 pierres).
il n'y aura que 12 survivants ....Robert M. a perdu sa jambe lors de
l'explosion mais il a été sauvé par des pécheurs
! En 2002, 59 ans plus tard, à 82 ans Robert M. souhaiterait
connaitre les noms de ses sauveteurs. Il semble que des corps furent
trouvés les jours suivants dans les eaux de l'ile de Groix !
De plus le sous-marin a été récupéré
par les allemands pendant la guerre et déposé devant la
BSM !
Le 17
juin, un chalutier dieppois, "Édouard Gougy",
réquisitionné et armé par les
Allemands, saute sur une mine au large des Grands Sables.
Il n'y aura que 4 survivants sur les 30 hommes
d'équipage.
La
pêche au thon est à nouveau
autorisée.
Le 18
août, un avion anglais tombe tout près du
village de Quéhello. Un seul homme en
réchappe, mais, atrocement brûlé,
meurt peu de temps après avoir été
récupéré. Des insulaires, en nombre
assez important, à la nouvelle que l'aviateur
anglais sera enterré dans l'île, s'habillent
pour assister aux obsèques. Les occupants,
craignant une manifestation anti-allemands
décident de transférer la dépouille
à Lorient. Un groupe de femmes descendent à
Port-Tudy et jettent des fleurs à la mer quand
s'éloigne le bateau. En représailles, les
Allemands expulsent de leurs maisons, les habitants de
Quéhello qui doivent trouver asile chez des
parents et des amis. Ils ne seront autorisés
à regagner leur domicile que le
lendemain.
Ange BARON, Paul PUILLON,
Hyppolite MOBÉ, Élie NICLOT, Charles GALÈNE, Henri
STÉPHANT et Maurice GOURONG préparent le projet de rejoindre
l'Angleterre. Sous prétexte d'une pêche au thon, le voilier
"Joie des Anges" est armé. Mais les Allemands ont vent du projet.
Le bateau est fouillé et une carte d'Angleterre découverte.
Arrêtés, ils sont rudement interrogés. Aucun ne
dénonce le projet. Ils sont autorisés à partir.
Après une escale à Concarneau où ils chargent de
la glace, le 1er septembre, le "Joie des Anges" cingle vers la liberté.
Ils sont mitraillés par un avion américain dont les balles
traversent le pont. Puis surgit un contre-torpilleur anglais qui les
arraisonne. 3 des marins passent à bord tandis que le reste de
l'équipage est invité à se rendre en Angleterre
par ses propres moyens. Tous signeront leur engagement dans les Forces
Françaises Libres (FFL.).
Maurice s'engage dans
les commandos. Après un entraînement forcené, il
participe à plusieurs opérations. Blessé une première
fois, puis soigné, il repart pour la Hollande. Avec ses camarades,
il participe à la libération de Flessingue où il
est tué, le 1er novembre 1944. Gwénaël Bolloré,
écrit dans son livre "Nous étions 177": "J'aimais la compagnie
de Gourong, breton sensible et secret qui avait le sens mystique du
devoir...". Une rue du bourg de Groix porte son nom.
Il est
sûr qu'il rencontra en Angleterre son cousin
germain Léon Gourong, militaire de
carrière, lui aussi dans les FFL. Il semblerait
qu'il se soit marié au dernier moment, avant de,
partir pour la Hollande, avec une jeune infirmière
anglaise qui l'avait soigné. Il écrit qu'il
a rendu visite à Leeds à une amie qu'il
connaissait: "J'ai été reçu par ses
parents comme le fils de la maison."
Octobre - Naissance
en Octobre de Lucien GOURONG ( ) fils légitime de Lucien GOURONG
( ) et de Marie Ange TONNERRE ().Il sera conteur.
La vie sur l'île
est faite de privations et de petits combats au quotidien. Ainsi Rose
LE PRIOL, l'épouse de Joseph DREFF dit "Jean-Bart",
afin de garder ses oeufs, lâchait ses poules sur la plage de Locmaria,
qui était minée et pleine de rouleaux de barbelés;
les poules allaient becqueter les poux de mer (elles n'avaient que ça
à picorer pour elles) et quand les allemands venaient, le poulailler
était vide... Ils n'allaient tout de même pas aller courir
après les bestiaux sur la plage !..Mais cela n'a durer qu'un
temps, les allemands ont fini par comprendre "le truc";...à
chaque fois qu'ils venaient il n'y avait rien à leur donner,
alors ils sont venus de nuit chaparder les poules ! (témoignage
de Nadège, son arrière petite-fille)
Tudy
ÉVEN, patron du "Fantine", en 1944, veut suivre
l'exemple. Un groupe de jeunes hommes, parmi lesquels
Lucien Gourong, se réunit chez Monsieur Solleu.
Les Allemands démasquent le projet. Monsieur
Solleu est arrêté.
Le 2
février 1944,
départ pour l'Angleterre de "l'Alyette-Jacky",
patron Joachim GUIGUEN.
Paul Antoine GOURONC
(GG /4.4b.1.5.1.9.6.1.4.3) né en 1897 à GROIX, Locmaria,
fils de Paul GOURONC, et de Jeanne Rose DIBERDER, épouse (après
la mort de sa première épouse Madeleine Eugénie
LE MENTEC) Magdeleine LE CORVEC, le jeudi 30 mars à BELZ (56).
Il est alors âgé de 46 ans. Elle a 39 ans environ. Il n'y
a pas d'enfant connu pour ce couple. Paul
Antoine GOURONC mourrira le dimanche 25 septembre 1966 à GAVRES
(56) à l'âge de 69 ans.
La guerre prend une
autre tournure. Les maquis se sont organisés dans le Morbihan.
Plusieurs Groisillons réfugiés sur le continent les ont
rejoints. Pierre Baron, qui s'est engagé dans les F.T.P, est
arrêté le 7 mai à Noyal-Pontivy. Enfermé
dans la citadelle de Port-Louis, il sera torturé et exécuté;
son corps sera découvert parmi ceux des résistants que
les Allemands assassinèrent lâchement.
Des prisonniers français,
pris dans le maquis ou raflés, sont expédiés à
Groix. Plusieurs parviendront avec l'aide de la population à
s'évader. Cette aide provient entre autre de Marie STÉPHANT,
née le 9 aout 1898, épouse d'un artisan couvreur installé
à Groix dénommé LE FUR et qui a donnée
naissance à 6 enfants (Joseph, né en 1930, Antoinette
en 1932, Jérémie en 1933, François en 1935, André
en 1936, Jean-Claude en 1942).Elle fournit des dizaines de fausses cartes
d'identité aux prisonniers afin qu'ils puissent passer les contrôles
à l'embarquement et s'évader de l'île. Le chiffre
de 180 évadés est avancé. Elle a été
arrêtée par les Allemands le 30 juin 1944, condamnée
à 12 mois de prison par le Conseil de guerre allemand siégeant
à Lorient, soupçonnée d'avoir contribué
à l'évasion de patriotes français prisonniers à
Groix, mais la Gestapo ne put jamais faire la preuve de ce qu'elle avait
fait réellement, car ils l'auraient probablement fusillée.
Elle est arrivée à Guémené-sur-Scorff le
6 août 1944, hébergée provisoirement à l'hôtel
Cognic, après s'être évadée de la prison
de Vannes où elle était incarcérée depuis
le 19 juillet 1944. Ces actes sont certifiés par le capitaine
commandant la 21ème compagnie F.F.I. et la brigade de gendarmerie
de Groix. Egalement par le caporal René Conan cité à
l'ordre du Maquis et à l'ordre du Front de Lorient par le général
Allard qui témoigne : "J'étais dans la Résistance
dès 1943, au groupe "France-Libération" et dès
la formation des unités clandestines, j'appartins au 10ème
bataillon comme caporal, bataillon Ranger, commandant Le Coutalles.
Le 2 mai 1944, je fus pris par la Gestapo dans... mon lit à Guémené,
dirigé sur Locminé d'effroyable mémoire, puis sur
Vannes et condamné aux travaux forcés à l'île
de Groix. C'est alors que j'entrais en relation avec Mme Le Fur qui
me procura, comme elle l'avait fait pour tant d'autres, les pièces
préparées qui me permirent d'embarquer au nez des douaniers
allemands..."
Sa maison dur groix a
été pillée pendant son incarcération, elle
a tout perdu et notamment le matériel artisanal de son mari qui
lui a été volé ...
(d'après un article de Ouest France du 5 novembre
1945)
Rapidement après
le 6 juin, les alliés sont aux portes de Lorient. La guerre est
sur le point de se terminer.
Le vendredi 11 août,
par ordre des autorités allemandes, les habitants de Port-Louis
évacuent la ville à 17h. Le motif invoqué: des
chants et des attitudes jugés provoquants. Ne restent au Port-Louis
qu'une vingtaine de personnes attachées au service des allemands
L'île est enfermée
dans la poche de Lorient où se sont retranchés plus 20
000 Allemands armés jusqu'aux dents. Les Américains, considérant
que la ville ne saurait tenir bien longtemps dans une France libérée,
négligent de la prendre. Ce sera 8 mois de souffrances supplémentaires.
Groix participe, avec ses canons de marine à longue portée,
à la résistance de la poche. Les autorités de la
poche autorisent la pêche côtière dans les Courreaux.
Une aubaine pour de nombreux jeunes marins qui rallieront sans peine
Doëlan afin de rejoindre les FFI. Ils rentreront triomphalement
à Groix au mois de mai 1945 où la section groisillonne
sera reçue avec les honneurs.
Dès
le début, les allemands voudraient faire
évacuer toute l'île mais ils y renoncent
bien vite. Trop compliqué. Le dernier hiver de
guerre est terrible. Des centaines de familles
abandonnèrent l'île. Un premier convoi de
réfugiés est organisé au
début septembre à destination d'Auray Le 12
septembre, le courrier Ile de Groix effectue un autre
voyage à Concarneau afin d'évacuer d'autres
familles et ramener du ravitaillement. Les voyages
deviennent plus nombreux dans les semaines qui suivent.
Près de 1 000 personnes quittent l'île dans
le courant du mois de septembre. Le courrier arbore le
pavillon de la Croix-Rouge. Bien sûr, les enfants
ont été évacués en
priorité. Après trois voyages en novembre
et un en janvier 45, les Américains refusent que
les convois se poursuivent.
Le
26 février 1945,
95 personnes partent pour Vannes. De nombreuses communes
accueillent des communautés assez importantes de
Groisillons. La situation est catastrophique dans toute
la poche et particulièrement dans l'île
où les vols dans les poulaillers sont quotidiens.
La population qui n'a pas voulu partir souffre de
multiples privations. Le sort des prisonniers de
Fort-Surville est plus déplorable. Le
marché noir bat son plein.
Le
calvaire ne prend fin que le 8 mai. Le 10 mai, le
lieutenant Jan quitte Port-Navalo à destination de
Groix avec quatre petits bâtiments, ralliés
à hauteur des Birvideaux par une escorte venue de
Brest. Le lieutenant de vaisseau Soulez et les marins,
qui furent faits prisonniers lors de l'expédition
manquée de l'île d'Houat en décembre
44, les reçoivent sur le quai. Les prisonniers
allemands sont amenés à Fort-Surville. La
guerre est finie.
Beaucoup
choisirent, comme terre d'exil, le pays de Concarneau. La
guerre achevée, plusieurs marins
réfugiés décidèrent de
continuer à naviguer à partir du port
finistérien dont l'essor leur offrait des
embarquements, aussi rémunérateurs au
chalut qu'à la pêche au thon.
La
poche de Lorient aura résisté 277 jours. 9
longs mois, après que les Allemands s'y soient
recroquevillés en août 1944 devant
l'avancée des troupes américaines. C'est
Hitler lui-même qui a donné l'ordre à
ses combattants de tenir au minimum 8 semaines. Pour
éviter que les bunkers de Kéroman,
d'où partaient les sous-marins allemands "tueurs"
de bateaux alliés dans l'Atlantique, ne tombent
intacts aux mains des libérateurs. La poche est
défendue par 26.000 Allemands bien
équipés et leurs défenses sont
impressionnantes. Prendre Lorient était possible:
elle aurait coûté très chère
en vies humaines.
À
Saint-Nazaire, une autre poche se forme autour d'une
autre base de sous-marins: 30.000 Allemands sont pris au
piège. Elle tombera aussi le 10 mai 1945. Ce sont
les résistants français qui vont se charger
durant ces longs mois de faire le blocus de la poche: les
FFI, FTP, les réseaux, les ORA seront
intégrés dans la 19e division d'infanterie
de l'armée française commandée,
à partir d'octobre 1944, par le
général Borgnis-Desbordes. Quelque 12.000
hommes sont mobilisés avec des renforts de
résistants venus du Finistère et des
Côtes d'Armor.
Débute
alors un siège très pénible pour les
deux camps. La poche va de Quéven jusqu'à
Port-Louis, Etel et la presqu'île de Quiberon,
ainsi que les îles de Groix et de Belle-Ile. Les
combats les plus violents ont lieu en octobre et novembre
1944. Aux coups de mains des Français,
répondent des contre-attaques allemandes.
Notamment dans le secteur Belz-Etel où l'on se
battra jusqu'en avril 1945.
Pour
les civils, la vie est rude: ni pain, ni
électricité, ni chauffage. On en est
réduit à vendre chiens et chats. En
février 1945, 90 % des habitants de la poche ont
été évacués. Les Allemands,
aux abois, sont contraints de récolter les pommes
de terre dans les champs. Ils évacuent aussi 3 000
Bellilois pour se réserver les approvisionnements.
Les dernières semaines, la situation sera critique
sur la presqu'île de Quiberon.
Après
la capitulation des forces allemandes du nord-ouest, les
négociations en vue d'une reddition des
assiégés débutent le 4 mai 1945 au
Magouer à Plouhinec. C'est au café Breton
à Etel, le 7 mai, que les officiers allemands
signent l'accord avec les officiers américains et
français. Les Allemands acceptent les conditions
posées pour la reddition, mais demandent aux
Alliés de ne pas entrer dans la poche
immédiatement. Un délai de 3 jours qui leur
permet de déminer les lieux et surtout de
détruire leurs archives.
La fin
de la poche de Lorient sera effective le 10 mai 1945: les
12.000 hommes des forces alliées se
déploient au petit matin. dans un champ à
Caudan, le général allemand remet son arme
au général commandant les forces
américaines dans la région. Lorient peut
respirer. De la coquette ville d'avant-guerre, il ne
reste qu'une vision d'apocalypse et un champ de ruines.
Quelques rares maisons sont intactes, 4.000 immeubles et
maisons sont détruits, 3.000 gravement
endommagées. Mais l'aviation alliée n'a pu
venir à bout de la base de sous-marins, un
objectif stratégique.
Un mois
après la Libération, la population qui a
fui lors des bombardements de l'hiver 43 a
recommencé à réinvestir la ville. Au
fil des mois, des centaines de baraques vont être
érigées. Les prisonniers allemands vont
déminer les ruines. La reconstruction de Lorient
va durer une vingtaine d'années.
La
période d'après-guerre marqua l'agonie de
l'activité thonière : en
1946,
il ne reste que 83 unités, les indemnités
se révèlent souvent insuffisantes pour les
armements familiaux. D'ailleurs, celles-ci quand elles
sont plus consistantes, sont plutôt
réinvesties dans le bâtiment que dans de
nouveaux bateaux. La création du Comité du
thon, imposant des quotas par port, sonne le glas de ce
type de pêche.
Cependant
Groix cesse d'être préposat et retrouve son
autonomie (GX).
1947
:
Construction du nouvel abri du canot de sauvetage et de
sa rampe, construit à l'angle du môle nord.
L'ancien abri du canot de sauvetage est transformé
en maison particulière.
Le 1er
janvier 1949,
le chalutier "Robert-Marie" coule au large de Penmarc'h.
Il fait mauvais temps. A bord, 10 hommes dont 5 de Groix,
9, parmi lesquels le mousse, disparaissent. Ils laissent
7 veuves et 21 orphelins. Il n'y a qu'un survivant, un
marin du continent, Robert LAYEC. Il raconte que le
chalutier, commandé par Pierre RAUDE, a
coulé vers 4h30, à la suite d'une voie
d'eau survenue après qu'un paquet de mer ait
démoli tout l'arrière. Il a réussi
à s'emparer d'une bouée de sauvetage et
à sauter à l'eau. Il sera sauvé une
demi-heure plus tard par le chalutier "Ducouédic"
commandé par le patron LE GREL. L'affaire
paraît tragiquement simple et le rapport du Chef de
quartier de l' Inscription maritime décrit les
choses de cette façon. Pourtant l'armateur du
"Robert-Marie", LAFITTE, ne l'entend pas ainsi. Il
réfute le témoignage du matelot survivant.
Pour lui, son chalutier n'a pas pu couler de cette
manière; il du être abordé par le
"Ducouédic". L'équipage de ce dernier et le
matelot survivant se serait mis de connivence pour
dissimuler cet abordage. Une enquête conclura
à l'infortune de mer. Et le témoignage
réïtéré récemment par
Robert LAYEC, toujours en vie, est tès formel Que
cherchait l'armateur dans cette affaire qui plongea
l'île dans la perplexité ? Voulait-il faire
accréditer la thèse de l'abordage afin que
l'assurance le dédommageât de la perte de
son navire ? Il fut en tout cas condamné pour
diffamation par la Cour de cassation. Que l'honneur de
R.LAYEC et des marins du "Ducouedic" soit à tout
jamais lavé.
L'une des veuves, l'épouse
d'Eugène LE MERLIN, qui avait déjà six enfants,
en attendait un septième. Quand il naquit, elle le prénomma
Robert-Marie. Une manière comme une autre de perpétuer
le souvenir de son mari et de ses infortunés compagnons. Rappelons
le nom des cinq marins de Groix disparus : le patron Pierre RAUDE, inscrit
n° 3052, né le 1er septembre 1913 à Groix, marié,
3 enfants; le second, Laurent GUÉRIN, inscrit n° 2547, né
le 28 novembre 1902 à Groix, marié, 3 enfants; matelots
Pierre BIHAN, inscrit n° 2963 H.S., né le 12 juillet ? à
Groix, marié, 2 enfants; Hippolyte PÉRON, inscrit n°
2537, né le 26 juillet 1902 à Groix, marié, 3 enfants;
Eugène LE MERLIN inscrit n° 2731, né le 1er avril
1906 à Groix, marié, 6 enfants; sans oublié leurs
quatre collègues Joseph DREANO, Achille MAINGUY, Yugdual GUINGO
et le mousse Marcel JEGO qui avait 17 ans
Article certifié
par le survivant Robert LAYEC qui a eut la gentillesse de corriger nos
erreurs.
Le
voilier "Victor Tonnerre" émigre à
Lorient.
Mariage
le mardi 15 février de Robert GOURONG (6) et
d'Odette MÉRIAU (7) assistante familiale, fille
légitime de Louis, Alphonse, Joseph MÉRIAU,
boulanger et de Suzanne, Marie PORTRON, sans profession,
à SAUJON (17). Il est alors âgé de 22
ans. Elle a 20 ans. Ils auront 12 enfants vivants:
Marie-Anne - Catherine -
Jannick -
Noëlle - Marie-Paule -
Isabelle -
Pascale - Loïc - Frédéric - Michel -
Sophie (3), Evelyne, Pierrette, et
Florence
Marie-Anne
GOURONG, naît le mercredi 25 mai 1949 à
SAUJON (17). Elle épousera Jean-Claude FLACONECHE,
le lundi 17 novembre 1969 à LIMOGES (87). Elle est
alors âgée de 20 ans. Ce couple aura trois
enfants: Yann (mort d'un accident en août 1999),
Cyril, Mickael.
Une
violente tempête secoue l'île de Groix. de
nombreux dégâts sont à
déplorer.
Faute
de bateaux, trop peu de poissons, (1950 : 54 thoniers
à voile et 51 à moteur;
1954: 25
thoniers à voile et 15 à moteur;
1960 :plus
aucun thonier à voile et 10 à moteur), les
conserveries ferment les unes après les autres;
fermeture des usines Jégo à Port-Lay,
Lecointre, Tristan Calloch et des "Conserveries de
Bordeaux" à Port-Tudy, parallèlement
à l'extinction de la flotte thonière, ainsi
que l'usine frigorifique, construite en 1937 (il faudra
attendre 1978 pour qu'une autre unité de glace
soit mise en place et puisse répondre
essentiellement à la demande de la plaisance). La
demeure du directeur et une partie de l'usine de conserve
des "Conserveries de Bordeaux", ex-usine Romieux,
abriteront l'écomusée. L'ancienne
criée, ouverte en 1926 et fermée en 1956,
devient le local de la Compagnie Morbihannaise de
Navigation. La glacière, après avoir
été utilisée par le Foyer Culturel
des jeunes "J P Calloc'h", sert de remise pour les
derniers petits côtiers.
La
plupart des baraquements en bois, aux façades
autrefois toutes coaltarées, alignés au
pied de la falaise, sur les quais du vieux port et du
port du Suet, qui abritaient autrefois des artisans de
marine, ont connu des fortunes diverses. Victor Tonnerre
exercera dans une de ces baraques le métier de
voilier dont il maîtrisera avec brio l'art et la
technique. Exilé a Lorient, à partir de
1949, il deviendra célèbre auprès de
tous les navigateurs de la plaisance de
compétition et réalisera les
premières voiles des bateaux d'Éric
Tabarly. Les
activités artisanales liées à la
voile dépérissent ou essaient de se
reconvertir.
Le 24
avril 1950,
naissance, à Paris 6ème arrondissement, de
Patrice LEPLAT, l'enfant de Guy, Maurice LEPLAT (4),
commerçant grainetier et de Madeleine, Augustine
BLOUIN (5), fleuriste,
Naissance de Catherine
GOURONG le mardi 24 octobre à SAINTES (17). Elle sera fonctionnaire
(agent du trésor public). Elle épouse Paul GRELLETY, fonctionnaire
municipal, le samedi 7 septembre 1974 à LIMOGES (87). Elle est
alors âgée de 23 ans. Ce couple aura deux enfants: David
et Sabrina.
1952
"L'Aliette-Jackie" connaissait le même sort que le
"Robert-Marie". Pas un seul survivant cette
fois.
Naissance
de Jannick GOURONG le jeudi 21 février à
SAUJON (17). Elle épouse Gérard QUIECOUT,
le samedi 31 juillet 1971 à LIMOGES (87). Elle est
alors âgée de 19 ans. Ce couple aura trois
enfants: Franck, Caroline et Nicolas.
Lucien
Gourong est embarqué comme officier sur le
"Vercors" entre 1952 et 1954 et il est en station aux
Îles Kerguélen en 1955 et 1956
Naissance
de Noëlle GOURONG le vendredi 25 décembre
1953
à
SAUJON. Le vendredi 7 août 1970 à BORDEAUX
(33) naît son enfant Sébastien GOURONG. Elle
épouse Yves RIGOUT, le samedi 26 juin 1976
à LIMOGES (87). Elle est alors âgée
de 22 ans. Ce couple aura deux enfants : Ella et
Carène.
Vers 1955-1956 : Certains des artisans établis
à Port-Tudy, désormais dans l'obligation de
payer une location au domaine public,
préfèrent renoncer et s'établir
ailleurs.
Ce sont
les forgerons qui s'en tireront le mieux (Eugène
Tristant ou Gatefossé fils) en essayant de se
reconvertir dans la mécanique, trait de
l'évolution des techniques. Là aussi la
concurrence est forte : 3 ateliers garages sur le port !
Les voiliers, charpentiers ferment les uns après
les autres. Certains comme Victor Tonnerre
démontèrent et transférèrent
avec succès leurs ateliers à Lorient. En
majorité, ces activités vivoteront jusqu'au
départ en retraite de leurs propriétaires.
Naissance de Marie-Paule GOURONG le jeudi 11 octobre
1956
à SAUJON (17). Elle épouse Jean-Claude
JEANDILLOU, le samedi 15 septembre 1973 à LIMOGES
(87). Elle est alors âgée de 16 ans. Ce
couple aura un enfant: Estelle, Sophie.
Fermeture
de la coopérative maritime et de la criée
à thon. Achat de bâtiments de l'usine
à thon "Adam et Blanchy" par la ville de Baud pour
en faire une colonie de vacances.
Mais
à contrario, la nouvelle vogue est au tourisme.
Cette orientation était déjà
relativement sensible, quoique secondaire, dans
l'entre-deux guerres, à travers les fêtes
des thoniers et l'ouverture de l'hôtel-restaurant
"Ty Mad" en 1936 par Mme Jean Marie Romieux. C'est elle
qui marquera de son empreinte le port, les
volontés municipales étant de faire de
Port-Tudy un port d'escale pour la plaisance tout en
réservant des emplacements prioritaires pour les
pêcheurs de plus en plus rares.
Naissance
d'Isabelle GOURONG le samedi 22 février
1958
à LIMOGES (87). Elle sera aide-soignante. Elle
épouse Jean-Louis BONNEL, le samedi 25 août
1979 à LIMOGES (87). Elle est alors
âgée de 21 ans. Ce couple aura quatre
enfants: Reine, Robin, Ludmilla, et Florian.
Référendum
pour l'adoption de la nouvelle constitution
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