Histoire de l'île de Groix ...

  

 

 

 

Sommaire

des pages de la guerre 1914/1918

 

1914

1915

1916

1917

1918

 

 

 

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Les groisillons dans la tourmente de 1914/1918

5 - L'année 1918 : ultimes offensives allemandes (21 mars, 9 avril, 27 mai et 15 juillet)

et de la 2ème victoire de la Marne à la victoire finale (18 juillet au 11 novembre)

 
 Le front oriental s'étant effondré, l'Allemagne se résout à concentrer toutes ses forces sur le front français avant l'entrée en guerre des Américains. S'étant regroupées sur la ligne Siegfried en mars, les XVIIe et XVIe armées (fortes de 59 divisions) attaquent le front anglais de la Somme à l'Oise (3e et 5e armées britanniques), le brisent, approchent d'Amiens, et sont tout près de séparer les Anglais (5e armée) des Français (1re armée). Une défense désespérée des uns comme des autres devant la capitale picarde les en empêche in-extrémis. En avril, ils attaquent les armées britannique et belge au sud et au nord de la Lys. Ils font encore une brèche, s'infiltrent, approchent de Dunkerque, mais ne peuvent prendre la vieille cité qui pourtant n'avait été que faiblement fortifiée par Sere de Rivières. Le 27 mai, après avoir enfoncé le Chemin des Dames, la VIIe armée de von Be traverse la Marne et atteint la Vesle. Le 29, les Allemands sont à Soissons. Début juin, Château-Thierry est occupé, et ils arrivent à soixante kilomètres de Paris ques bombardent sans trêve, soit avec leurs avions Gothas, soit avec leur inimaginable "canon de Paris" (improprement appelé Grosse Bertha à l'époque), d'une portée de 120 kilomètres.

Mais la situation, quoique critique, ne faiblit pas la détermination des Allies. En France, cette détermination est incarnée par Georges Clémenceau, vieillard de 76 ans arrivé au pouvoir le 13 novembre 1917 avec la volonté de réprimer toute défaillance, pour faire la "guerre intégrale". Fin mars, sous la menace du désastre, les Alliés se sont décidés enfin à confier au général Foch. Le 14 mai, celui-ci assure le commandement unique des armées de l'Entente. En outre, depuis avril, il arrive en France 170.000 Américains par mois.

Pétain, commandant en chef du Grand Etat-Major français, met au point de nouvelles méthodes défensives et offensives dont les armes absolues s'avèrent être le char d'assaut Schneider (opérationnel depuis le 16 avril 1917 sur le front à Berry-au-Bac), le nouveau char léger Renault (sur le front à partir du 30 mars 1918 et qui fera ses premières armes en forêt de Villers-Cotterets), ainsi que les avions d'observation et de combat. Au moins 270 chars et 1.000 avions sont prêts fin mai. Ainsi, les contre-attaques menées par le général Mangin avec l'aide des chars, sur le Matz puis au sud-ouest de Soissons, bloquent-elles l'avance allemande.

Le 15 juillet à l'aube, Ludendorff lance une nouvelle attaque sur la Marne. Les Allemands engagent 57 divisions dans cette ultime action. Les Français et les Américains sont surpris, mais ils avaient préparé 50 divisions en riposte. A l'est de Reims, les Allemands occupent la première position française, évacuée à l'avance. Ils y sont anéantis par la 4e armée du général Gouraud, qui avait prévu ce scénario. A l'ouest de Reims, l'ennemi gagne un peu de terrain sur la 5e armée, mais le 18 une brusque contre-attaque franco-américaine dans son flanc (6e et 10e armées avec 375 chars), de la Marne à l'Aisne, le contraint à la retraite.

L'offensive du 18 juillet force les Allemands à reculer jusque la Vesle : c'est la "seconde victoire de la Marne" et l'évanouissement du dernier espoir de victoire pour le Kaiser. Dés lors, Anglais, Français, Belges, Américains ne laissent plus de répit aux envahisseurs. Comme en 1914 ces derniers, après avoir repassé la Marne, se replient sur l'Aisne et sur la Vesle. Cette deuxième bataille de la Marne marque le début de la grande offensive des Allies, dirigée par Foch, et qui durera quatre mois, du 18 juillet au 11 novembre). Le 8 août, les Britanniques et les Français, appuyés par 360 chars, enfoncent encore les lignes allemandes au sud et à l'est d'Amiens. Cette fois, la victoire a bien changé de camp ; cet le "jour de deuil de l'armée allemande" (selon l'expression de Ludendorff). Foch ne laisse pas à l'ennemi, déconcerté, le temps de se ressaisir et de reconstituer ses réserves. Par un "élargissement méthodique de la bataille", il multiplie ses attaques sur toutes les parties du front. Les Allemands sont sans cesse contraints de se replier sous menace d'enveloppement. D'abord le généralissime des armées alliées réduit les "poches" ou "saillants" créés par les victoires allemandes du printemps. Ce sont successivement les batailles de Château-Thierry, d'Amiens, de Saint-Mihiel, etc. Il refoule ainsi les troupes ennemies sur leur base de départ, la ligne Hindenburg, qui est elle-même assaillie et forcée en septembre et octobre. Les Allies peuvent ainsi enfin entrer en vainqueurs dans Saint-Quentin, Cambrai et Laon. Enfin, par une "offensive concentrique de toutes les armées alliées", Foch, devenu maréchal le 6 août, entreprend de rejeter le gros des armées allemandes dans le massif boisé des Ardennes pour l'envelopper et forcer l'ennemi à capituler.

Le 26 octobre Ludendorff démissionne. Début novembre, l'agitation sociale et politique en Allemagne devient telle que Guillaume II doit abdiquer et fuir le pays. Le 11 novembre à 11 heures, le cessez-le-feu est sonné. Les troupes du général Mangin entrent dans Metz le 19 novembre

janvier
- mardi 8, message du président Wilson, dans lequel il précise les Quatorze conditions (ou points) auxquelles la paix peut se faire.

 - mercredi 16, le 62ème est relevé par des cavaliers du 5ème chasseurs à cheval. Il est envoyé du côté de Laffaux où, en prévision d'une attaque allemande, il exécute des travaux sur la 2ème position dans la région de Laffaux - Aizy - Jouy. Le 1er bat. est à Selles-sur-Aisne, le 2ème bat. est à Nanteuil-la-Fosse; le 3ème bat. est à Vauxrezis.

Le lieutenant-colonel installe son poste au P.C. Lorette près de Vailly.

 - vendredi 18 (5 janvier russe), proclamation en Russie de la République des Soviets.

 - mercredi 30, le 3ème bat. du 62ème , qui a été alerté, quitte Vauxrezis et cantonne le soir à Juvigny.

 - jeudi 31, le 3ème bat. du 62ème se rend a Landricourt

 

février
- dimanche 3, le 3ème bat. du 62ème relève des unités du 363ème R.I. Entre temps, le 1er et le 2ème bat. ont rejoint le 3ème et le régiment se trouve regroupé.

Le dispositif est le suivant: un bat. à Courval; un bat. en soutien aux creutes de Jumencourt; un bat. en réserve au Paradis eu à Crécy-au-mont.

 - mercredi 6, l'équipage du dundee "Marsouin", lors d'un voyage à Cardiff, afin de ramener du charbon, est torpillé, dans le canal de Bristol ; il réussit aussi à se sauver.

 

mars

 

- samedi 2, l'A.D. 22 est relevé et quitte le secteur de Juvigny

Le général Braquet prend le commandement de l'infanterie divisionnaire en remplacement du général Dunal.

 Louis LE DOEUF, de Kerloret meurt à Brest (des suites de ses blessures ?)

 - dimanche 3, traité de Brest-Litowsk, qui met fin aux hostilités entre les Empires centraux et la nouvelle Russie.

 - mardi 12, le 62ème est relevé par le 403ème R.I. La D.I. va au repos dans les environs de Paris, le régiment gagne cette région par étapes, sauf le 1er bat., qui rejoint à la Courneuve par voie ferrée, où il est employé au déblaiement de l'usine de grenades qui a sauté.

Le 3ème bat. cantonne à Montfermeil-Le Raincy. Le 2ème et l'E.M. sont cantonnés à Livry-Gargan.

 - mardi 19, l'A.D. 22 arrive dans La zone de Lagny (Luvigny).

 - jeudi 21 (jusqu'au 4 avril), commencement d'une nouvelle bataille de Picardie. Déclenchée sur l'initiative des Allemands, elle vise à séparer l'armée anglaise de l'armée française et la rejeter à la mer; elle est désastreuse pour les Alliés, qui, attaquée par des forces très supérieures en nombre disposant d'une très puissante artillerie, et malgré des prodiges de valeur et des alternatives de brillants succès, fléchissent, et sont refoulés dans la direction du nord-ouest jusque sur une ligne approximativement jalonnée par Neuville-Vitasse, Albert, Sailly-le-Sec, Grivesnes, sud de Noyon, sud de Chauny, laissant à l'aile gauche française un large trou qui ouvre aux divisions allemandes la route de Paris.

 Ce trou, il faut le boucher le plus rapidement possible et endiguer le torrent humain qui semble vouloir tout submerger.

 - nuit du vendredi 22 au 23, l'A.D. 22 est alertée et embarquée en camions-autos le 23 mars. Aussitôt débarqués dans la région de Nesles, les régiments prennent le contact avec l'ennemi et le conservent jusqu'à Mortemer (combats de Nesles, Champion, Roye, Rollot, Mortemer).

 Les 1er et 2ème bat.s du 62ème débarquent près de Grugny, au nord de Roye. Le 3ème près d'Ognolles (Somme).

Le 19ème R. I. reçoit aussitôt la mission de se porter à l'attaque de Nesles, le 62ème R.I. doit l'appuyer et le couvrir sur sa droite. La 7ème cie est chargée de cette dernière mission.

Ces fantassins se portent bravement en avant et réussissent à progresser jusqu'à 200 m. environ du château d'Erly, mais là ils sont arrêtés dans leur marche par des feux nourris et très meurtriers des mitrailleuses ennemies. L'attaque n'ayant pu réussir complètement, l'ordre est alors donné au 62ème R.I. (1er et 2ème bat.) de se porter sur la position Crémery - cote 82- Sept-Fours et de l'organiser défensivement.

Le 19ème R.I. vient occuper Retonvillers.

Une liaison très précaire est établie à gauche avec quelques éléments anglais.

Le 3ème bat débarqué le 24 mars, près d'Ognolles (Somme) est alors placé sous les ordres du lieutenant-colonel commandant le 118ème R. I. Il se rend à Moyencourt, pour y relever les Anglais, et organiser la défense du village.

Dans l'après-midi, les Allemands attaquent très violemment ce village; les défenseurs résistent très énergiquement. Pour éviter d'être encerclé, est obligé de battre en retraite, il se replie sur Le carrefour au nord d'Ognolles (2 km., sud-ouest de Moyencourt), gardant le contact de l'adversaire et s'efforçant de retarder son avance.

- lundi 25, à 2 h. du matin, le 3ème bat. se replie sur Solente qu'il organise défensivement. Très violemment attaqué dans l'après-midi, il est obligé, sous la poussée ennemie, de se retirer sur Tilloloy où il occupe les anciennes tranchées françaises au nord du village

- mardi 26, conférence de Doullens dans laquelle est décidée l'unfication du haut commandement militaire interallié. Foch nommé généralissime unique, en vertu de cet accord, le 15 avril.

Vers 5 h., les Allemands déclenchent un bombardement d'une grande violence sur les positions qu'ils attaquent ensuite. les soldats se battent héroïquement. Le village de Crémery est défendu opiniâtrement. Le sous-lieutenant Lyonnet, de la 6ème cie, debout sur une tranchée, exhorte ses hommes à la résistance, et, il prendra lui-même un fusil mitrailleur et tirera, appuyé contre un arbre, jusqu'à ce que les vagues ennemies arrivent à moins de 30 m. de lui.

Le sergent Couriaut, de la 2ème cie de mitrailleuses, fait preuve d'un sang-froid remarquable, tenant sous son feu des colonnes ennemies, il retarde leur progression, permettant ainsi le repli en bon ordre d'un bat. Trois fois gravement blessé à son poste de combat les 26 et 27 mars, il recevra pour sa belle conduite la médaille militaire.

Le terrain est âprement défendu, mais la liaison avec les Anglais ayant été perdue, l'ennemi s'infiltre à nôtre gauche. Menacés d'être tournés par des forces très sérieuses, les 1er et 2ème bat. du 62ème reçoivent l'ordre de se replier sur la cote 93 (nord est de Roye).

Ces deux bat. exécutent leur mouvement en combattant et, par leur attitude énergique, ils réussissent à ralentir la marche en avant d'un ennemi très supérieur et fortement grisé par le succès. Les 1er et 2ème bat. gagnent Roye qu'ils mettent aussitôt en état de défense. Le 1er bat. tient les lisières du village, sur les routes de Roiglise et de Carrepui, la 2ème cie à gauche, en liaison avec le 2ème bat., la 1ère cie à droite, appuyée à l'Avre, en liaison avec le 19ème R.I., la 3ème au centre. Le 2ème bat. est à cheval sur la route nationale.

Vers midi, les Allemands, qui ont pu atteindre les vieilles tranchées de Carrepui, déclenchent une très forte attaque sur le village.

Les Allemands sont arrêtés net devant Roye, mais l'arrivée de nombreux renforts leur permet de lancer plusieurs assauts successifs. Nos soldats les repoussent tous sans se laisser entamer. Cependant, vers 14 h., l'ennemi réussit à déborder Roye par l'ouest. A ce moment, ne disposant plus d'aucune troupe, et pour éviter d'être enveloppés, nos deux bat. sont obligés de se replier. Ils exécutent leur mouvement en bon ordre, ne cédant le terrain que pied à pied.

Un soldat de la 1ère cie, fusilier mitrailleur à la 1ère section, capturé ce jour-là, a certifié depuis au sous-lieutenant Le Roux qu'un officier allemand avait dit : "Vous êtes de bons soldats, vous m'avez tué beaucoup d'hommes".

Dans la nuit, vers 22 h., le régiment reçoit l'ordre de se porter sur Daucourt, en suivant la voie ferrée, et d'organiser la position face à l'est. Bien qu' harrassés par deux grands jours de combats, nos soldats se mettent au travail, dès qu'ils atteignent la position qu'ils doivent défendre.

- mercredi 27, vers 8 h., après avoir bombardé très violemment nos positions organisées pendant la nuit, les Allemands, attaquent en force Daucourt. Nos soldats menacés à nouveau d'être enveloppés, et qui ont subi de grosses pertes et qui n'ont pu être ravitaillés en munitions, sont obligés de battre en retraite. Malgré la fatigue et les privations, malgré le manque de munitions, nos soldats se replient en bon ordre, par bonds successifs, ne cédant que pied à pied le terrain, et chaque bat. protégeant le mouvement de l'autre par ses feux. Ce repli s'exécute avec la grande route Roye-Montdidier comme axe.

A 5 h., l'ennemi déclenche un très violent bombardement sur les tranchées et sur Tilloloy puis, il lance une puissante attaque en cherchant à déborder la localité.

Malgré ses lourdes pertes, le 3ème bat. résiste énergiquement, mais, menacé d'être enveloppé il est obligé de se replier. Il se retire sur Bus et sur les bois à l'ouest en disputant âprement le terrain à l'ennemi. Sur ces dernières positions, il résiste encore pendant plus de 4 heures à toutes les attaques allemandes, les cavaliers ravitaillent en munitions les fantassins.

- jeudi 28, le général Capdepont est remplacé par le général Renouard.

 Dans l'après-midi, les deux bat. qui en ont reçu l'ordre, se retirent sur Royaucourt et Menevillers. Là, ils reçoivent quelques munitions, se réorganisent

 Vers 3 h., le 3ème bat. passe en réserve, mais son repos est de courte durée, à 19 h., les éléments restant du bat. prennent part à la contre-attaque exécutée par les tirailleurs, contre-attaque qui nous permet de reprendre 3 km de terrain en profondeur.

- vendredi 29, les 2 bat. sont de nouveau rappelés dans la bataille. Ils se dirigent sur Cuvilly et Mortemer où ils doivent relever les troupes qui occupent ce secteur.

Au petit jour, le 3ème bat. se replie et s'installe à la ferme de la Villette (nord-ouest de Rollot) qu'il met en état de défense, ainsi que la voie ferrée. La position est très violemment bombardée, le bat. subit encore des pertes sérieuses, le chef de bat., le capitaine adjudant major et plusieurs officiers sont blessés. Dans la nuit, le bat. est relevé et se rend à Mortemer.

- samedi 30, au matin, au moment où ils entrent Mortemer, des groupes de tirailleurs et de zouaves de la division marocaine, refoulés de Boulogne-la-Grasse, y arrivent en même temps. Le village de Rollot et les bois environnants sont déjà tombés entre leurs mains.

Le lieutenant-colonel Dubuisson, qui commande le 62ème regroupé, donne aussitôt l'ordre de prendre le contact de l'ennemi et tenir à tout prix Mortemer. Les Allemands lancent une furieuse attaque pour s'emparer du village.

Cette première attaque échoue. Mais les Allemands veulent Mortemer à tout prix. Alors, sans souci des pertes, ils lancent 7 attaques successives contre le village. Tous leurs efforts, tous leurs énormes sacrifices en vies humaines restent vains. Mortemer restera entre leurs mains et, le 31 mars, les 3 bat. pourront, non sans quelque fierté, passer à ceux venus pour les relever la position où toutes les vagues ennemies, pendant près d'un grand jour, sont venues se briser devant leur héroïque résistance. Les éléments restant des deux bat. se rendent à Lataule, puis à Moyenneville. A peine installés au cantonnement, ils sont à nouveau alertés et dirigés sur la ferme de la Garenne et les bois environnants. Là, ils s'établissent, au bivouac, en réserve du 28ème corps de cavalerie.

 

avril

 

- lundi 1er, le 62ème est relevé.

- mardi 2, la 22° division est retirée de la bataille de la Somme.

Le lieutenant-colonel Gilles est remplacé dans le cdt de l'A.D. 22 par le lieutenant-colonel Chanson. Le lieutenant-colonel Burin des Roziers, chef d'état-major de la 22ème D.I. depuis le début de la campagne, est remplacé par le chef d'escadron Lanoix.

Le 35ème R.A.C. est cité à l'ordre de la IIIème armée. Les 19ème, 113ème et 62ème R.I. sont cités à l'ordre du 2ème C.C.

Après ces durs combats soutenus sans trêve ni repos, le 62ème R.I. est cité, pour son héroïque conduite dans ces glorieuses journées, à l'ordre du 2ème corps de cavalerie avec le motif suivant: "Le Général commandant le 2ème corps de cavalerie cite à l'ordre du corps de cavalerie le 62ème R.I. Chargé sous la conduite de son chef, le lieutenant-colonel Dubuisson, de retarder l'avance d'un ennemi sans cesse renforcé, a rempli héroïquement la mission qui lui avait été confiée en livrant des combats acharnés où il a su contenir l'ennemi sur un front constamment élargi. A mené la lutte avec une ténacité et une bravoure dignes de son passé et de ses traditions.

Troupe d'élite qui s'est dépensée sans compter et qui au milieu de ses épreuves, a gardé intacts son sentiment du devoir, son énergie opiniâtre et sa foi robuste dans le succès. Signé: ROBILLOT."

 - mardi 2 et mercredi 3, le 62ème cantonne à Waque-Moulin.

 - jeudi 4 (jusqu'au 10), le 62ème fait mouvement sur Bitry (Oise) où il doit se réorganiser.

 - lundi 8, Jean STEPHAN de Quelhuit tombe à Sains en Amienois

 - mardi 9 (au 29). Bataille de la Lys. Les Alliés sont repoussés jusque sur une ligne approximativement jalonnée par Langemark, sud d'Ypres, Saint-Eloi, Matéren, Vieux-Berquin, sud Saint-Wast.

 - mercredi 10, le 62ème est embarqué en camions-autos, il se rend à Dhuisel où il arrive le 11. Du 11 au 17 avril, les unités du régiment sont remises à l'instruction.

 - mercredi 17, le 62ème reçoit l'ordre d'aller relever dans le secteur du Chemin-des-Dames.

 - jeudi 18 (jusqu'au 26 mai), le régiment relève, dans le secteur d'Ailles (Chemin-des-Dames), le 404ème R.I. Le secteur s'étend sur un front de 5 kms d'Ailles inclus à Tourteron exclu. Les 1er et 2ème bat. sont en 1ère ligne.

Le 1er bat. (commandant Verjux), à gauche, occupe l'est du village de Tourteron et la cuvette de Gerny, soit un front de plus de 3 km. Six sections des 1ère et 3ème cies sont réparties au bas des pentes, adossées à un à pic. Six autres sections sont réparties sur le plateau.

Le 2ème bat., (capitaine Rolland), occupe le village d'Ailles inclus au ravin de Cerny à l'ouest.

Le terrain est cahotique depuis les bombardements du printemps 1917.

Le 3ème bat. (commandant Arnould) est en réserve à Pragnan et aux creutes d'Œilly.

Le P.C. du lieutenant-colonel est aux creutes marocaines, sur un éperon situé entre les ravins de Moulin et de Troyon.

Les bat. se relèvent par périodes de 15 jours en 1ère ligne, et 8 jours en réserve. Le secteur est calme. L'aviation ennemie est peu active. L'artillerie adverse ne tire presque pas. Toutes les reconnaissances envoyées ne signalent rien d'anormal.

La nuit, cependant, un bruit de voitures, de trains indique une circulation intense qui, pendant les premiers jours, peut faire croire à des relèves. Ces bruits anormaux sont signalés chaque jour par le service de renseignements du régiment.

 

mai


 

- nuit du samedi 25 au 26, la 2ème cie du 62ème, sous les ordres du capitaine Poulain, exécute une reconnaissance dans la direction de Chanouilles. Elle se heurte, après avoir franchi l'Ailette, au sud du village, à un très fort groupe ennemi qui exécute des travaux en avant de ses lignes. Cette reconnaissance engage le combat, car, il faut à tout prix des prisonniers pour nous renseigner sur les intentions de l'ennemi. Le sergent Chalmery, de la section du sous-lieutenant Gasdoue, se distingue entre tous. Il réussit à terrasser seul et à ramener dans nos lignes un Allernand dont la capture fournira au haut commandement des renseignements essentiels.

Par ce prisonnier, nous saurons que les Allemands, dans la nuit du 26 au 27 mai, attaqueront nos positions après un trommélfeuer des tirs de minen et d'obus à gaz.

- dimanche 26, le sous-lieutenant Palud (1ère cie) et Hebel (3ème cie) parcourent les rives de l'Ailette sans trouver trace de pont. A ce moment les troupes sont alertées et l'ordre est donné de redoubler de vigilance. Les bat. de 1ère ligne sont ravitaillés en munitions par les territoriaux. Notre artillerie exécute de 21 h. à 23 h., des tirs de contre-préparation; tout est calme du côté allemand.

 Le 3ème bat. du 62ème qui est en réserve à Pragnan et aux creutes d'Œilly est alerté, le 26 au soir, pour aller occuper les creutes de Madagascar au flanc de Bourg-et-Comin.

 Les Allemands gardent sur tout le front un tel calme que les bat. de 1ère ligne s'aperçoivent peu à peu que l'attaque annoncée n'aura pas lieu: les patrouilles d'infanterie qui ont été poussées en avant du front, dès la tombée de la nuit, ne signalent aucun mouvement anormal, aucun bruit inquiétant. L'artillerie ennemie ne répond qu'assez faiblement à nos tirs de contre-préparation ou à nos tirs de harcèlement déclenchés depuis 21 h. Aucune représaille sur les positions d'infanterie.

 - lundi 27 (jusqu'au 6 juin), offensive allemande sur le Chemin-des-Dames, entre Anizy et Berméricourt. Le dispositif franco-britannique vole en éclat. En quelques heures, tout le terrain si chèrement conquis en 1917 est perdu. La bataille se termine sur un recul des Alliés jusqu'au front Noyon, Faverolles, Bussiares, Bonneil, Jaulgonne, Château-Thierry, Reims.

Jean Marie BIHAN de Locmaria meurt à Alger (des suites de ses blessures ?)

Préparation d'artillerie allemande, à partir de 1h d'une violence encore inconnue, effectuée par une masse d'artillerie formidable (obus de tous calibres, toxiques et autres). obus de tous calibres, toxiques et autres.

Les 1er et 2ème bat. du régiment subissent de très grosses pertes et les demandes de barrage restent sans résultat, notre artillerie ayant été écrasée sous le feu intense de l'artillerie adverse.

A 3 h.30 attaque d'infanterie sur le large front de 12 km. tenu par les 3 régiments de la 22ème D.I. L'attaque est précédée d'un double barrage; celui sur lequel elle colle est fait par obus de 77 et de 105, l'autre, plus éloigné, est exécuté avec obus de gros calibres, 150 et 210. L'ennemi emploie aussi des obus fumigènes pour masquer la marche de son infanterie.

Lorsque l'attaque allemande se produit, elle trouve les unités du 62ème R.I., en état d'alerte, prêtes au combat depuis plus de six heures et, malgré les lourdes pertes qu'elles ont déjà subies, tout intactes dans leur volonté de défendre le terrain pied à pied.

L'infanterie allemande est allégée au maximum, elle est capable d'allure très vive, en certains points pour rattraper son barrage roulant, elle marche à l'allure du pas accéléré.

A 4h., les Allemands ne rencontrent plus que la résistance sporadique de groupes isolés que le bombardement a épargnés et dont certains feront preuve d'une opiniâtreté énergique. Ils arrivent par le saillant de Courtecon, à gauche du 62ème ; l'envahissement du plateau de Courtecon se fait par le village de Courtecon en direction de Cerny. Les assaillants ont utilisé les chemins creux et les escarpements de Courtecon pour prendre pied sur le plateau.

A 5 h.30 les organisations du Chemin-des-Dames sont littéralement submergées par la masse d'attaque ennemie qui, sur le seul front de la D.I., comprenait 5 divisions fraîches appuyées par les 2 divisions occupant le secteur avant l'attaque.

Le saillant d'Ailles tenu par les 6ème et 7ème cies, fait feu sur toutes ses faces, l'ennemi par la Tuilerie et la route de Chermezy, vient se heurter aux lignes du 2ème bat.; il est arrêté net par nos feux, il reflue sous les couverts et dans les fourrés. Les assaillants abordent plus facilement la pointe de la Bovelle tenue par la 5ème compagnie. Les défenseurs survivants sont plus rares, à peine quelques coups de feu se font entendre devant ces éperons que l'ennemi semble avoir abordé par les flancs.

Dans le secteur du 62ème, l'ennemi a suivi deux directions principales, l'une marquée par le chemin Chanouilles-Troyon, l'autre de Courtecon à l'éperon de Beaulne et Chivy. Tandis que des unités se déploient dans le sens latéral, d'autres unités ont certainement pour mission de pousser rapidement jusqu'au-dessus du ravin de Troyon et à l'extrémité de l'éperon de Beaulne et Chivy, de façon à commander de bonne heure les ravins sud et la vallée de i'Aisne.

De ce côté, le flot allemand grossit toujours, il réussit à faire une forte morsure au sud d'Ailles. Du monument d'Hurtebise on voit le fourmillement des vareuses grises qui, à partir de la pointe d'Ailles, se répand vers le sud et vers le Dragon.

Le P.C. Léon, 2ème bat., tombe vers 5 h. 45, dépassé vers le sud par le flux des ennemis qui, venant du côté d'Ailles et du côté de Cerny, vont atteindre le Chemin-des-Dames.

A 6 h., les Allemands dépassent la crête du Chemin-des-Dames et s'avancent, en grand nombre, vers la ligne de changement de pente sud. ils se répandent sur le plateau de Paissy.

le 3ème bat. déploie ses compagnies aux entrées des creutes et sur le plateau. Celles-ci ouvrent le feu sur l'ennemi qui a pris pied sur la montagne de Bourg-et-Comin. Mais bientôt, le dernier bastion, au nord de l'Aisne, va être tourné et envahi; déjà les Allemands l'abordent par l'ouest. Le commandant du bat. envoie l'ordre de repli en direction de Bourg-et-Comin.

La 11ème cie assure le repli, d'autres groupes font tête et tirent de toutes leurs armes. Leur permet le mouvement de retraite, il se fait par l'ouest, par le ravin du moulin, où le bat. laisse la moitié de son effectif, car l'ennemi tient ce ravin sous son feu. Cette défense de la montagne de Bourg-et-Comin permet à nos convois de passer l'Aisne. Les trains du 19ème R.I., sans elle, tombaient aux mains de l'ennemi.

A 9 h., les Allemands poussent à force vers l'Aisne. Ce sont des colonnes compactes et cependant très souples, très hardies dans leur mouvement; sur nos groupes qui résistent ou se replient passent des rafales de balles, des avions allemands volant très bas les mitraillent.

Du côté de Beaurieux, cette avance a été très rapide, de même à l'ouest, les Allemands se sont avancés de très bonne heure sur le plateau formant bastion entre le ravin d'Ostel et le ravin de Brage-en-Lannois. Entre ces deux branches de tenailles, sous la forte poussée qui a crevé le front du 62ème et du 19ème, se replient quelques groupes qui brûlent leurs dernières cartouches. L'avance des troupes ennemies a, à ce moment, l'allure d'une ruée en belle ordonnancé. A 10 h., quelques groupes du 62ème disputent à Œuilly le passage des ponts. Jusque vers 11 h.30, ces éléments resteront sur l'Aisne. Vers midi, ils se replient sur Barbonval jusqu'à ce que leur parvienne, dans l'après-midi, l'ordre de regroupement.

Les éléments restant du régiment se dirigent alors sur Tannières, que les Allemands enlèvent, le 28 mai, à 8 heures du matin, puis sur Villemoyenne et sur Mezy, le 29, où ils assurent la défense du pont sur la Marne.

Pendant cette dure journée du 27 mai, le 62ème, par sa remarquable attitude, a rempli entièrement, la mission de sacrifice qui lui avait été confiée.

Les attaques des 21 mars et 27 mal avaient été préparées, pendant de longs mois, dans les camps d'instruction par des troupes dont avaient été éliminés les éléments trop jeunes ou trop vieux. Les bruits de takots ou de trains sur voie étroite, que le service de renseignements régimentaire signalait depuis un mois, étaient produits par d'énormes chariots automobiles, dont les roues métalliques, très larges et hautes, produisaient, par le choc sur le sol, un bruit analogue à celui de wagons sur les intersections de rails. Ils transportaient 4 canons de 105 (2 sur la plate-forme du chariot et 2 traînés derrière). L'ennemi amena ses munitions en moins de 20 jours. En quatre jours, 7.000 pièces auraient été concentrées pour l'attaque. Dans le bois de Neuville seul, il y avait 24 batteries.

- jeudi 30, à 15 h., un ordre de la division prescrit aux fractions regroupées du 62ème d'aller prendre position à Cresanay. Ces fractions y restent en réserve jusqu'au 2 juin.

 

juin

 

- samedi 1er, retirée de la bataille l'A.D. 22 est regroupée dans la région de Marcilly

 - lundi 3, le 62ème est enlevé en autos à Condé-en-Brie et transporté à Marsains. Le 4 juin, il fait mouvement par voie de terre et arrive le 6, à Saron-sur-Aube.

Le lieutenant-colonel Javel prend le commandement de ce régiment.

 - dimanche 9 (au 12), offensive allemande sur le Matz pour tenter de s'emparer de Compiègne (front Montdidier, Orvillers, Lassigny, lisière nord de la forêt d'Ours-camp, Nampol). Recul des Alliés jusqu'en deçà de Belloy, massif de Lassigny, Tracy-le-Val.

- lundi 10, le 62ème est renforcé en cadres et en hommes par le 6ème bat. du 252ème R.I.

- mardi 11, contre-offensive française qui, par la reprise de Méry, arrête la ruée des Allemands en direction de Compiègne.

- mercredi 12, l'offensive s'achève sur un échec allemand

- vendredi 14 et samedi 15, le 62ème R.I. s'embarque en gare de Romilly-sur-Seine et débarque le 15 et le 16 au Thillot (Vosges), où il cantonne ainsi qu'à Fraysse-sur-Moselle (2ème et 3ème bat.s).

- lundi 17 et mardi 18, les officiers font des reconnaissances dans le secteur de la Thur (région du ballon de Guebwiller et du Sudel).

- mercredi 19 (au 21 juin), les bat. du régiment relèvent ceux du 97ème R.I. au Grand Ballon et dans la région des Sudel.

Le 2ème bat. du 139ème R.I.U.S. avec une S.M.U.S. est rattaché au 62ème.

- samedi 22 (jusqu'au 31 août), l'A.D. 22 est dirigée par voie ferrée sur l'Alsace où elle occupe le secteur de la vallée de la Thur

- lundi 24 juin, un de des postes mixtes (français et américains) fait connaître que le réseau de fil de fer ennemi est traversé par un courant à haute tension; un soldat américain a été électrocuté en abordant le réseau.

 

juillet

 

- lundi 1er , reprise par les Américains du village de Vaux.

- mercredi 3, les Anglais (Australiens) reprennent Hamel et les bois qui en dépendent. Les Français reprennent Fosse-en-Haut, Laversine et Cutry (au sud de l'Aisne) ainsi que la crête entre Mosloy et Passy-en-Valois.

- lundi 15 (au 17), dernière offensive allemande en Champagne, de Château-Thierry à la Main-de-Massiges. L'effort de l'ennemi est brisé, car bien que nos troupes aient dû reculer de quelques kilomètres, il n'a pu, comme il le cherchait, rompre leur front.

- jeudi 18 (au 4 août), bataille du Tardenois terminée par la victoire des Francais. Elle s'engage sur le front sinueux que marquent: Vingré, Ambleny, Corcy, NeuillyPoterie, Vaux, cote 204, sud de Dormans, Œilly, Bouilly, Thillois. Les Allemands sont repoussés jusque sur un nouveau front: Vingré, cours de l'Aisne jusqu'à Braisne, Fismes et cours de la Vesle jusqu'à Thillois. Les immenses résultats de cette victoire pour les Alliés lui ont fait donner le nom de "2ème victoire de la Marne"

Le 8ème groupe du 111ème R.A.L. est affecté à la division comme élément organique en juillet 1918.

 

août


 

- jeudi 1er et vendredi 2, les 1er et 3ème bat.du 62ème sont relevés par le 118ème; ils vont au repos à Wesserling-Husseren.

- jeudi 8 (au 22), bataille du Santerre (offensive franco-britannique). Plus de 90 000 Allemands sont capturés. La ville d'Amiens est dégagée. Les armées alliées réalisent la plus importante progression en une seule journée depuis le début de la guerre de positions. Principaux faits: reprise de Rosières le 9, de Montdidier le 10, du massif de Lassigny le 22.

- vendredi 9, Pierre LE BORGNE de Moustéro tombe dans l'Aisne,

- dimanche 11, Joseph EVEN de Kermario à Merry .

- nuit du mardi 13 au 14, le 1er bat. relève, dans le quartier Collardelle, le 2ème bat. qui se rend au repos à Wesserling-Husseren. Dans la nuit du 26 au 27 août, le 2ème bat. relève dans le quartier des Dames, un bat. du 19ème R.I.

Le 62ème régiment reste en Alsace jusqu'au 27 août. Dans ce secteur, il exécute de nombreuses patrouilles et ces nouveaux éléments reprennent tout l'allant et le mordant que leurs aînés ont.

- mardi 20, bataille de l'Ailette: offensive française. Les Allemands, battus, cèdent du terrain sur tout le front d'attaque entre Oise et Aisne.

- mercredi 21 (au 23), bataille de l'Ancre: offensive britannique entre Moyenneville et Serre. Défaite des Allemands; cette victoire rend aux Alliés la disposition de la voie ferrée Amiens-Arras.

- mercredi 28 (au 10 septembre), retraite générale des Allemands sur leur "ligne Hindenbourg" depuis Rœux (sur la Scarpe) jusqu'à Jonchery (sur la Vesle).

- jeudi 29 (au 1 septembre), batailles en Artois, suivies de victoires grâce auxquelles l'ennemi est repoussé sur Armentières: Reprise de Bapaume et Mont-Saint-Quentin, 23-31 août; du Kemmel, 1er septembre; de Sailly-sur-Lys et Nieppe et de la cote 63 (Wyschaete), le 3 septembre.

- vendredi 30, le général Renouard quitte le commandement de la division et est remplacé par le général Spire.

Depuis le début de 1917, malgré les efforts du Ravitaillement, un certain nombre de denrées sont rationnées et les restrictions affectent la population. Le poisson est un appoint non négligeable, mais la situation de la pêche n'est pas brillante.

La mobilisation a réduit fortement les équipages, les bateaux restent dans les bassins ou pourrissent lentement sur les vases; les chalutiers ont été réquisitionnés par la Marine pour être armés en dragueurs de mines. De plus, les bateaux encore disponibles hésitent à se hasarder au large en raison des attaques des sous-marins allemands. Pour redonner vigueur à la pêche, il faut faire renaître la flotte de pêche et la confiance.

Les autorités facilitent la remise en état des bateaux et libèrent les Inscrits Maritimes, des vieilles classes, mobilisés.

Pour protéger les pêcheurs, des voiliers sont armés de canons et un certain nombre sont réquisitionnés par la Marine et transformés en garde--pêches armés par des marins mobilisés; à ces derniers, parfois avec le soutien de vapeurs, reviendra la mission de protéger la flottille de pêche. Les pertes de l'année 1916 ont montré que les pêcheurs isolés étaient une proie facile pour les sous-mariniers, seule la pêche en flottilles groupées permet aux garde-pêches d'assurer une protection efficace et depuis le début de 1917 un effort est fait pour convaincre les pêcheurs, gens individualistes, de se grouper en convois et de se soumettre au minimum de discipline qu'exige ce genre de navigation. Les pertes essuyées par les isolés emportent les dernières résistances et depuis l'été 1917, l'habitude est prise d'accepter ces exigences nées de la guerre sous-marine à outrance.

Pour la pêche au thon, les voiliers se concentrent en convoi à Groix ou à Concarneau. C'est ainsi que le 23 août, le troisième convoi de l'année, une quarantaine de thoniers en majorité groisillons, appareille de Port-Tudy. Douze de ces thoniers sont armés d'une pièce de 47 ou de 57, servies par les pêcheurs qui ignorent souvent presque tout du canonnage. Deux garde-pêches à voiles, la "Calypso" armée d'un canon de 75 mm et le "Général LYAUTEY" qui porte un canon de 66 mm et un tube lance-torpille vont escorter le convoi ainsi qu'un petit cargo; la " Jeanne et Geneviève" armé de deux 75 et d'un 47.

Naviguant en "flotte", on en revient aux vieux usages comme au temps des corsaires et un Amiral de pêche doit guider le convoi, c'est au patron Groisillon TONNERRE du dundee "Magellan" qu'échoit cet honneur.

Les premiers jours, la flottille reste groupée mais le 27 en pleine brume, l'Amiral de pêche change de route imité de proche en proche par ses voisins. Lorsque la brume se lève, l'escorteur "Jeanne et Geneviève" non prévenu du changement de cap et ayant continué sa route, suivi de trois thoniers, est hors de vue. Le convoi a perdu l'élément le plus efficace de sa protection.

La flottille ayant terminé sa pêche fait voile vers Groix le 1er septembre. En l'absence du "Jeanne et Geneviève", le maître GUEGUEN qui commande la "Calypso" prend la tête du convoi et le tient en bon ordre.

Vers 8 heures du soir, le garde-pêche aperçoit, par babord avant, un grand sous-marin allemand en surface; il prescrit aux dundees non armés de canons de tirer de bord et soutenu par le "Général Lyautey" et le "Magellan", se porte vers l'ennemi ; les trois dundees ouvrent le feu. Le pointeau de la ''Calypso" encadre le but; le sous-marin devant cette menace, plonge.

Le 2 au matin, quand la brume se dissipe sept thoniers qui s'étaient attardés à pêcher la veille et n'avaient pas rejoint le convoi pendant la nuit sont isolés très loin sur l'arrière en deux groupes de quatre et trois voiliers. Le sous-marin qui a gardé le contact n'attendait que l'occasion de rencontrer des isolés et vers 5 heures ouvre le feu sur le groupe de 4 bateaux : "Hirondelle ", " Etoile Polaire ", " Ami de Dieu " et " Nicolazic " dont trois sont armés de canons.

Avant d'avoir pu ouvrir le feu "L'ami de Dieu" est touché et son équipage doit l'abandonner. C'est ensuite le tour de "L'Hirondelle " dont le patron et un matelot qui servent un canon de 57, sont tués avant d'avoir pu tirer; "L'Hirondelle" touchée, coule. La victime suivante sera "Le Nicolazic" qui n'a pu manoeuvrer faute de vent pour avoir sa pièce battante, le voilier est achevé par deux coups au but et s'engloutit. Sur "L'Etoile Polaire" le patron Adrien Tristan fait front et ouvre le feu mais le dundee touché durement doit être abandonné; le patron Tristan, la cuisse sectionnée est mortellement blessé.

Faisant route cap à l'Est, l'Allemand espère trouver d'autres isolés et tombe sur le convoi encalminé. Sa proie est belle mais le maître GUEGUEN veille et à 8500 mètres son 75 ouvre le feu. Le "Général Lyautey" l'imite et bien que la distance rende leur tir peu dangereux pour l'ennemi l'Amiral de Pêche sur le "Magellan" et les thoniers arrêtés les plus proches se joignent à eux. Pour dérégler le tir l'Allemand émet un nuage de fumée et navigue en zig-zag; après une heure et demie de canonnade le sous-marin en a assez, cesse le feu et disparaît après avoir atteint le thonier "Pierre et Jeanne" qui sera le seul bateau du convoi a avoir été coulé dans cet engagement. Le garde-pêche "Calypso" et le "Général Lyautey" par leur attitude résolue ont sauvé la partie de la flottille restée bien groupée.

Leur action a permis de gagner du temps : ce qui a permis l'arrivée sur les lieux d'un renfort Anglais imprévu: le destroyer " Liberty " et sept chalutiers armés, arrivée qui a dû probablement être la cause de l'abandon de l'attaque par le sous-marin, Quatre des chalutiers assureront la protection du convoi jusqu'à ce qu'ils soient relevés le 3 par le torpilleur français " Glaive " qui assurera l'escorte jusqu'au port

Quant au cargo armé "Jeanne et Geneviève" accompagné de trois thoniers, il avait lui aussi rencontré le sous-marin le 31 Août; mais ce dernier craignant sans doute avoir affaire à un bateau-piège avait rompu le contact sans esquisse d'attaque le petit groupe rentrera sans encombre le 4 septembre à Concarneau.

Bilan de cette marée : trois hommes tués, les rescapés des bateaux coulés ayant été recueillis par leurs camarades de pêche, cinq dundees perdus dont un seulement appartenant au convoi resté groupé, encore ne perdit-il pas ses thons qui furent répartis sur divers thoniers.

La méthode des convois ayant prouvé son efficacité quelques jours plus tard, un quatrième convoi sera organisé sans difficulté, et plus de trente dundees, dont 10 armés, seront présents à GROIX; leur pêche s'effectuera sans qu'il n'en coûte NI homme Ni bateau.

 

septembre
 - dimanche 1er, l' A.D. 22 est transportée par voie ferrée en Champagne et elle stationne du 3 au 23 septembre dans la zone de Changy, puis dans la zone de la Cheppe.

 - lundi 2, comme nous l'avons décrit plus haut , Adrien TRISTANT, patron du dundee "Étoile Polaire" meurt au cours d'un combat contre un sous-marin. Plusieurs patrons-armateurs, qui avaient accepté des canons à bord de leurs voiliers, durent souvent faire face à un ennemi impitoyable dans des combats à armes inégales.

- mardi 3, le 62ème, qui a été embarqué à Mortzwiller, débarque à Blesmes et va cantonner à Thierlemont-Faremont-Orconte.

- jeudi 5 (au 18 sept.), le 62ème exécute des exercices et manœuvres en vue de la grande offensive qui doit commencer à la fin septembre.

- vendredi 6 (au 12), batailles entre l'Artois et Reims. Le refoulement des Allemands continue à s'effectuer méthodiquement; il est marqué principalement par: de Saint-Quentin, (6 au 8), Vendelles (11 sept.); Mœuvres, Trescart, Havrincourt (12 sept.) et passage du Canal du Nord. 14 (au 19).

- mercredi 18 (au 24), offensive britannique entre Saint-Quentin et Cambrai, sur 25 km, de Holnon à Gouzeaucourt (appuyée par une offensive française sur la droite). Cette série de victoires livre aux Alliés les positions dites " observatoires Hindenbourg". L'armée allemande continue à battre en retraite tout en dévastant le pays à fond.

- nuit du mercredi 18 au 19 (au 24), la 22ème D.I., dont les régiments viennent d'être exercés à la guerre de mouvement, aux environs de Vitry-le-Francois, quitte ses cantonnements, et, par des marches de nuit, gagne la région de Suippes, puis celle de Souain, où elle doit prendre part à l'offensive d'ensemble exécutée par la IVème armée avec des moyens puissants et dont le but est de rompre le front ennemi, puis de passer à une exploitation aussi rapide que possible du succès.

- nuit du mardi 24 au 25, le 62ème (1er et 2ème bat.) quitte le camp de Nantivet, où il est arrivé à la pointe du jour, pour gagner son secteur d'attaque, au nord-est de Souain.

Vers 20 h., lorsque les bat. commencent leur mouvement, les aviateurs allemands bombardent le camp de Nantivet et la gare de Suippes; l'artillerie lourde allemande ouvre aussi le feu sur cette dernière localité. Les 1er et 2ème bat. quittent rapidement cette zone dangereuse, pour se porter, à travers champs, dans le secteur qui leur a été assigné.

Le 3° bat. est déjà, depuis la nuit précédente, sur ses positions, le 62ème est sur ses parallèles de départ, à l'ouest de la butte de Souain, attendant l'heure de l'attaque.

Le terrain à conquérir a une largeur de 2 km sur une profondeur de 9 à 12 km. La ligne de grand combat comprend une série de tranchées profondes protégées par un épais réseau.

Dans la zone de combat arrière, plusieurs lignes de tranchées s'échelonnent sur les pentes et à contre-pente des crêtes au nord de la Py, flanquées par le village de Somme-Py, couvertes par la rivière et de bons réseaux. Cette ligne constitue aussi un obstacle très sérieux. De nombreux abris sont disséminés sur les contre-pentes.

Le 62ème régiment de droite de la division, encadré, à gauche, par le 19ème R.I. et, à droite, par le 409ème R.I. (de la 167ème D.I.) reçoit la mission d'enlever, sur un front d'attaque de 800 m, les très fortes positions allemandes, puissamment organisées, comprenant:

1° Une ligne d'arrêt d'avant-poste (ancienne position française);
2° Une ligne de grand combat constituée par la Butte de Souain et la croupe qui la prolonge à l'ouest. Cette 
position, comprenant plusieurs lignes de tranchées, est la ligne principale de résistance que l'ennemi doit 
maintenir à tout prix;
3° Une bretelle, qui court parallèlement à la voie ferrée, et constituée par une tranchée non continue, mais 
profonde et couverte par plusieurs réseaux;
4° Une zone de combat arrière constituée par plusieurs lignes de tranchées (tranchées de Mecklembourg, 
tranchée des Prussiens, tranchée von Fleck, tranchée d'Essen), s'échelonnant sur les pentes et à contre-pente
des crêtes au nord de la Py, flanquée par le village de Somme-Py, couverte par la rivière et de très bons 
réseaux. 
L'attaque doit se faire en deux phases:
1ère phase: Enlèvement des objectifs au sud de la Py.
2ème phase: Enlèvement des objectifs au nord de la Py.

- nuit du mercredi 25 au 26, les bat. gagnent leurs emplacements de départ.

A 23h.30, l'artillerie déclenche soudainement son tir de préparation; en quelques secondes tout le front de la IVème armée; est complètement embrasé; on ne s'entend plus à quelques pas de distance. Des artilleurs allemands, faits prisonniers, diront que la préparation française a été exécutée avec beaucoup de vigueur et de précision.

- jeudi 26 (au 30), bataille de l'Argonne, livrée par les Français dans la région des Monts et par les Américains entre Argonne et Meuse. Les Français reprennent Tahure, Ripont, Rouvroy, Cernay-en-Dormois, Servières, puis le Signal de Bellevue et le Mont Cuvelet,… Les Américains recouvrent Varennes, Vauquois, Cheppy, …

Le 62ème se porte à l'attaque d'un seul élan, ses bat. échelonnés en profondeur dans l'ordre suivant:
Bat. de tête: bat. Maffre (3ème).
Bat. de 2ème ligne: bat. Roux (2ème).
Bat. de 3ème ligne: bat. Rouis (1er) en réserve d'I.D.

Pendant cette journée, le 62ème enlève la ligne de crête marquée par la butte; il capture environ 120 prisonniers dont 10 officiers et il s'empare d'une trentaine de mitrailleuses, de fusils anti-tanks, de quelques minen légers et d'une quantité considérable de caisses de cartouches pour mitrailleuses.

Dans la soirée, l'ordre suivant de la division parvient au régiment: " Le principal obstacle à la progression est, actuellement, l'occupation par l'ennemi de l'éperon boisé du Grand-Bois et du bois P.8., d'où partent de nombreux tirs de mitrailleuses enfilant les ravins de Sachsen Grund et du Kluck Grund. La 22ème D.I. doit poursuivre son attaque de manière à atteindre l'objectif éventuel qui lui a été assigné: Chemin Ste-Marie-à-Py à Somme-Py".

- vendredi 27 (au 1er oct.), bataille du Cambrésis, engagée par l'armée britannique, et menée avec la coopération des Américains en direction de Cambrai.

- vendredi 27 (au 20 oct.). Bataille de Flandre, livrée par les Français, les Belges et les Anglais, elle se termine par la prise à l'ennemi de Dixmude, et la réoccupation de Lens et d'Armentières.

L'attaque de la 22ème D.I. est reprise dès le matin.

Le bat. Roux (2ème) qui était en 2ème ligne, entre en action; après une lutte opiniâtre, il enlève les dernières tranchées de la ligne de grand combat et le Grand Bois. Le 409ème peut alors progresser sur la butte de Souain et s'en emparer.

Au cours de cette opération, le 62ème capture encore plus de 40 prisonniers dont 2 officiers; il s'empare, en outre, d'une dizaine de mitrailleuses, d'un nombreux matériel, d'une grande quantité d'obus, de grenades, cartouches et d'une pièce de 77 abandonnée par l'ennemi.

Dans l'après-midi, les 2ème et 3ème bat., aidés par une section de chars d'assaut, cherchent à progresser, à la grenade, dans la tranchée de Stuttgard. La progression est rendue très difficile mais rien n'arrête leur élan. Le soldat Cinzele, un magnifique "nègre" (sic) Martiniquais, est parmi les plus ardents. Il mène un vigoureux combat à la grenade pour s'emparer du blockhaus situé sur la de Somme-Py. On l'envoie chercher des grenadiers en renfort pour remplacer plusieurs hommes hors de combat. En partant, il a la cuisse droite traversée par une balle; sa blessure saigne abondamment, mais il ralentit à peine sa course. Il arrive à la section de réserve et s'effondre épuisé devant le chef de cette section à qui il dit: "Adjudant, moi y en a bien blessé, mais toi, envoie vite grenadiers " (sic).

Après un très dur combat, la tranchée est enfin enlevée et la 7ème cie parvient même à nettoyer, vers l'ouest, 200 m de cette tranchée de Stuttgard, dans le secteur du 19ème R.I., lui facilitant ainsi la possession de cet objectif.

Cette avance permet également au 409ème R.I. d'utiliser le boyau du Château et de passer par la tranchée de Stuttgard pour aller nettoyer et occuper, à son tour, son objectif: la tranchée de Cassel.

Le 62ème au cours de cette progression, fait environ 60 prisonniers, dont un officier; s'empare de 6 mitrailleuses lourdes, de 13 mitrailleuses légères et de 7 minen.

A 16 h., le bat. Rouis (1e), dépassant les bat. de 1ère ligne, progresse sans arrêt sous un feu extrêmement violent jusqu'à la route de Somme-Py-Tahure.

A partir de cet endroit, il mène de très durs combats à la grenade dans les boyaux, enlevant un à un les groupes ennemis qui opposent une sérieuse résistance et arrive à une centaine de mètres au sud de la voie ferrée : Somme-Py - Challerange.

- samedi 28, vers 5h.30, après une vive et rapide lutte les éléments allemands sont enlevés comme il avait été prévu. Ce hardi coup de main permet la prise de 2 officiers, 30 hommes et 8 mitrailleuses.

Devant ce succès, le commandant du bat., croyant pouvoir avancer avant l'heure prévue demande à progresser par l'envoi de plusieurs fusées. Satisfaction lui est aussitôt donnée.

Sans l'appui de l'artillerie, il traverse les marécages de la Py et franchit, les défenses accessoires qui bordent cette rivière; il enlève la tranchée de Mecklembourg et la tranchée des Prussiens, fortement occupées, s'empare d'une batterie de 77, du commandant de la batterie, de 10 servants et d'une quarantaine d'autres prisonniers ainsi que d'une vingtaine de mitrailleuses.

Pendant que le bat. Rouis, les bat. de 2ème ligne avancent sous un tir d'artillerie extrêmement violent, réglé par avions, les pertes subies par ces bat. dans le boyau du Château et aux alentours du château, sont très sévères.

Malgré cette position très en flèche, les fractions du bat. (2ème compagnie), entraînées par leur ardeur, poussent jusqu'au Kaiser-Treu où elles prennent une batterie de 105 qu'elles ne peuvent conserver.

Vers 9h.30, une contre-attaque ennemie réussit à pénétrer, en certains points. Une contre-attaque immédiate, exécutée par la compagnie de 1ère ligne, reprend la tranchée des Prussiens intégralement dans notre secteur.

A 14h., l'ennemi exécute une 2ème contre-attaque qui lui permet de prendre à nouveau pied dans la tranchée des Prussiens. Les troupes françaises contre-attaquent aussitôt et rejettent les Allemands au nord de cette tranchée. L'ennemi laisse sur le terrain 1 officier, 1 sous-officier et une vingtaine d'hommes. .

Enfin, à 19 h., l'ennemi déclenche une 3ème contre-attaque qui est repoussée par nos feux.

Dans la soirée, le général Spire, commandant la 22ème D.I., adresse au général Braquet, commandant l'I.D., la lettre suivante: " Je vous prie de faire parvenir mes félicitations au lieutenant-colonel Javel. Son régiment a fourni, depuis le début, un effort superbe. C'est grâce à lui que nous pouvons progresser. Il faut l'aider par tous les moyens."

- dimanche 29, à 4 h. du matin, une tentative est faite pour prendre la tranchée d'Essen. le 62ème réussit à progresser par une attaque de boyaux et de tranchées à la grenade, mais ses efforts ne peuvent être poursuivis bien longtemps, le 409ème R,I. à sa droite n'ayant pas reçu l'ordre d'attaquer et le 19ème R.I. à sa gauche n'ayant pu aller au-delà de la tranchée des Prussiens, qui ne lui appartenait qu'en partie, du reste, dans son secteur. Le 62ème ramène 2 prisonniers, ses grenadiers ont tué 6 Allemands.

Pendant ces 4 journées de durs combats, l'ennemi a fait une résistance acharnée sur la croupe à l'ouest de la butte de Souain, dans la tranchée de Stuttgard, à la voie ferrée de Somme-Py, sur sa 2ème position, au nord de la Py, ne cédant le terrain que pied à pied, le 62ème a réalisé une avance de près de 8 km. Il a fait en outre 302 prisonniers dont 10 officiers (chiffre inférieur au nombre réel, certains d'entre eux ayant été renvoyés en arrière sans passer par l'officier de renseignements), s'est emparé d'une centaine de mitrailleuses, de 6 canons de 77, d'une vingtaine de minen, dont 4 de gros calibré, et d'une grande quantité de munitions et d'obus.

Les deux autres régiment de l'A.D 22 prennent eux aussi une part des plus brillantes à l'offensive de la IVème armée, Ils enlèvent les hauteurs de Navarin jusqu'aux pentes ouest de la butte de Souain, ils s'emparent de Somme-Py et prennent pied sur la rive nord de la Py, réalisant une progression de 6 à 7 km. sur un terrain organisé depuis 3 ans et dont l'ennemi avait fait une véritable forteresse.

Ces 3 journées leurs valent 254 prisonniers (dont des officiers); 4 canons; un nombre considérable de mitrailleuses, de fusils anti-tanks et de munitions.

Pendant le cours de ces combats, de nombreux gradés et soldats font preuve d'un courage et d'une bravoure dignes d'éloges.

Pendant cette période, les pertes du régiment ont été les suivantes:

Officiers: tués, 4, blessés, 12; évacués, malades et gazés, 2; en tout, 18,
Troupe: tués, 75; blessés, 288; disparus, 96; évacués, malades et gazés, 29; en tout, 488.

Les 3 bat. du 62ème sont relevés les 29 et 30 septembre par le 265ème R.I. Le 62ème se porte en 2ème ligne où il bivouaque sur ses emplacements de départ du 26 septembre. Le régiment, qui a fourni depuis le début un effort superbe, est félicité par le général commandant la division.

- lundi 30, capitulation de la Bulgarie

- lundi 30 (au 12 oct.), offensive française et américaine en Champagne et Argonne. Les Alliés progressent, jusqu'à l'Aisne et le canal de Loivre (3 octobre); et d'autre part jusqu'à Epoye, Beine, Nogent-l'Abbesse; prise de Berméricourt (le 4), de Vouziers (le 12); forcement du canal de l'Aisne de Guignicourt à Neufchâtel (le 12).

 - lundi 30 (au 2 octobre), le 62ème régiment se reconstitue et se prépare à reprendre bientôt le combat.

 

octobre
 - nuit du mercredi 2 au 3, la 22ème D.l., rassemblée au sud de Piémont, reçoit l'ordre de se porter en soutien de la 21ème D.I., dans la région nord-ouest de Souain.
- jeudi 3, le 62ème R.I., régiment de droite de la D.I., va occuper, ses bat. échelonnés en profondeur, les 
ouvrages suivants (à l'ouest de la route: Souain-Somme-Py):
- Bat. de tête, bat. Maffre (3ème) tranchée de Gottinguen et le Bois tondu.
- Bat. de 2ème ligne, bat. Rouis (1er): tranchée Karlsruhe et Saintas.
- Bat. de queue, bat. Roux (2ème): tranchée de Schwerin.

- nuit du jeudi 3 au 4, le 62ème reçoit l'ordre de se porter sur Somme-Py, puis d'attaquer, face à l'ouest, à 9 h. 50, le grand bois de Somme-Py et de progresser ensuite, face au nord, avec, comme objectif final, la route de Saint-Etienne.

Cette manœuvre sera particulièrement difficile en raison de l'occupation très solide de Blanc-Mont et du changement de direction qu'il faudra exécuter, au milieu des bois très touffus qui couvrent un terrain parsemé de défenses accessoires de toutes sortes et cela, sous le feu d'une artillerie ennemie vigilante et le tir de mitrailleuses invisibles. Mais là encore nos soldats se montreront dignes des journées précédentes.

- vendredi 4 (au 8), l'A.D. 22 reprend le combat en partant de la ligne: Tranchée d'Essen - tranchée de Minden.

A 9h.50, le bat. Maffre (3ème), prenant pour base de départ le boyau de Passau et encadré par la 2ème D.I.U.S. à droite, par le 118ème R.I. à gauche, se porte à l'attaque de la partie ouest du grand bois. Sa progression est rendue difficile par la présence de nombreux nids de mitrailleuses. Après un combat de plus de 3 h., le bat. parvient à gagner la lisière ouest du grand bois et à s'emparer, au cours de son avance, de 2 pièces de 77.

A 16h.10, ce bat. exécute, une conversion face au nord - nord-ouest pour se placer face à son 2ème objectif (la route de Saint-Etienne à Saint-Pierre).

Malgré les difficultés de toutes sortes auxquelles il a à faire face, le bat. engage un violent combat qui lui permet de progresser. Il réussit à s'emparer de 4 pièces de 105, d'une trentaine de mitrailleuses et à capturer une cinquantaine de prisonniers.

A ce moment, le bat., qui aurait dû avoir à sa droite et à sa hauteur la 9ème D.I.U.S., cherche vainement la liaison avec le régiment. Pour éviter d'être trop découvert sur son flanc droit, il est obligé de s'arrêter à hauteur du parc du génie.

Le bat. Rouis, qui, depuis le début de l'attaque, a marché derrière le bat. Maffre, est alors engagé; il procède aussi, de son côté, à la réduction des îlots de résistance du Blanc-Mont. Il capture, vers 23 h., 69 prisonniers, dont 2 officiers, 1 aspirant, et s'empare de 14 mitrailleuses.

Le bat. Roux, qui était, jusqu'à ce moment, resté en réserve de D.I., se porte à la gauche du bat. Maffre, de façon à combler le vide qui s'était produit, en fin de journée, entre le régiment et le 118ème R.I.

Il passe la nuit dans la tranchée de Saint-Pierre.

- samedi 5, à 6 h.15, les bat. Roux et Maffre (2ème et 3ème) reprennent le mouvement en avant. Les dernières résistances rencontrées sont réduites. Une dizaine de prisonniers sont capturés ainsi qu'un matériel considérable (mitrailleuses, minen, fusils contre tanks, obus, cartouches et un important dépôt de matériel du génie).

A 9 h., le bat. Maffre arrive en bordure du chemin situé à 200 m de St-Etienne à Arnes. N'apercevant, ni dans le village, ni à l'est de ce dernier, les éléments américains annoncés, le commandant du 3ème bat. lance ses éléments avancés; mais ceux-ci, pris à partie, au moment où ils vont aborder St-Etienne, par des mitrailleuses et soumis, en outre, à un sérieux bombardement de l'artillerie ennemie, se replient jusqu'à la voie ferrée où ils s'étaient précédemment établis.

Le bat. Roux s'installe, à partir de 9 h., sur la rive sud de l'Arnes, à l'ouest du village.

Les mitrailleuses situées dans ce dernier balaient, sans arrêt, le grand glacis occupé par les bat. L'artillerie ennemie est aussi très active. Il subit des pertes très sensibles.

Le bat. Rouis, qui s'est porté à 2 km. de St-Etienne se trouve, lui aussi, exposé aux tirs continus de l'artillerie adverse. St-Etienne est donc toujours aux mains des Allemands et, bien qu'il ne soit pas dans sa zone d'action, il sera attaqué et pris, car il interdit, par ses feux de flanc, toute progression en avant.

- dimanche 6, à la pointe du jour, le bat. Maffre attaque St-Etienne. Il réussit à occuper ses issues nord et nord-ouest, y fait une dizaine de prisonniers et capture plusieurs mitrailleuses.

Au cours de la matinée, le bat. Roux, pousse des patrouilles en avant de son front pour rechercher la liaison avec les unités du bat. Maffre qui ont pénétré dans St-Etienne. Ces patrouilles se heurtent à l'ennemi, l'attaquent, le repoussent et lui font 23 prisonniers, dont 3 sous-officiers.

Vers 15 h. 30, l'artillerie adverse ouvre le feu sur la partie du village occupé par les français et, vers 16 h., l'infanterie ennemie, s'infiltrant par le nord et par le nord-est de St-Etienne, réussit à le reprendre.

Le commandant Roux, s'apercevant de ce repli, fait exécuter, avec ses éléments disponibles, une contre-attaque pour reprendre le village. Cette contre-attaque réussit parfaitement; l'ennemi laisse entre nos mains: 37 prisonniers, 5 mitrailleuses lourdes et 6 mitrailleuses légères.

Le bat. Rouis, qui devait attaquer, dans la journée, en direction du moulin d'Emery et qui avait déjà gagné, sous un feu intense de mitrailleuses, sa base de départ, reprend, dans la soirée, son emplacement primitif en réserve, l'ordre qui prescrivait cette attaque ayant été annulé.

Ce bat. est chargé de l'organisation d'une ligne de soutien.

- lundi 7, à 5 h. 30, à la faveur du brouillard et après un très violent bombardement, par artillerie lourde et par obus toxiques, qui s'étend sur tout le front, l'ennemi attaque le village. Il parvient à envelopper le village par l'est et par le sud-est et à l'occuper, mais il ne peut en déboucher, les mitrailleuses de la 2ème cie (capitaine Soubeyrand) l'arrêtant net, en lui causant de grosses pertes.

A 7 h.30, après une vive et rapide préparation d'artillerie, une partie du bat. Roux, sous les ordres du capitaine Saint-Mleux, de concert avec les éléments du bat. Maffre, contre-attaque pour reprendre St-Etienne.

Par un énergique combat à la grenade ils réduisent tous les îlots de résistance, fouillent les caves et engagent un violent combat de rues qui se poursuit pendant plus de 2 h..

Ils font 14 prisonniers dont 3 officiers, capturent 13 mitrailleuses et s'emparent d'une pièce de 105, d'armes, de munitions et d'un très important matériel.

Cette brillante contre-attaque permet de reprendre tout le village de Saint-Etienne. Le commandement de la garnison est alors confié au capitaine Saint-Mleux.

Au cours de l'après-midi l'ennemi tente, à plusieurs reprises de déboucher du cimetière et de ses tranchées au sud-est. Mais il est repoussé chaque fois. Vers 16 h., des observateurs signalent d'importants rassemblements ennemis dans les bois situés à 2 km à l'est et au nord-est de St-Etienne.

Le commandant Hayotte, fait aussitôt exécuter sur ces rassemblements, un violent tir d'artillerie lourde et de campagne qui fait avorter la nouvelle contre-attaque que l'ennemi préparait pour la soirée.

Dans l'après-midi, le bat. Rouis renforce, avec une compagnie et une section, les unités de 1ère ligne très éprouvées par les combats acharnés qu'elles ont livrés. Ce mouvement effectué en plein jour, sur un terrain constamment battu, est extrêmement difficile. Le commandant de la compagnie est blessé grièvement dès le début, mais les sections réussissent cependant à gagner leurs emplacements.

- mardi 8, au cours de l'attaque déclenchée à 5 h. 50 par la 7e D.I. en liaison avec les unités de la D.I.U.S., une cie du 6ème régiment américain de marine arrive dans St-Etienne, sous la direction du capitaine Saint-Mleu, aidée de plusieurs de nos gradés elle réussit à réduire l'îlot de résistance du cimetière et des ouvrages au sud-est, où elle fait 200 prisonniers, capture des mitrailleuses et un important matériel.

Cette opération effectuée, le détachement du 62ème qui occupait St-Etienne-à-Arnes passe le village aux Américains et rejoint, vers 15 h, le régiment.

En résumé, dans la période du 4 au 8 octobre, le régiment a effectué, dans des conditions très difficiles, une progression de 5 km. dans un terrain boisé rempli de défenses accessoires, composées de nombreux chevaux de frise et de réseaux de barbelés, avec des hommes ayant déjà pris part aux durs combats du 26 au 30 septembre, sur un terrain battu nuit et jour, par de nombreuses mitrailleuses et soumis, en outre, à un tir d'artillerie parfaitement réglé. Il s'est rendu maître, au prix de grands efforts, des fortes résistances du Blanc-Mont; par des combats acharnés, il a conquis trois fois et a réussi à conserver le village de St-Etienne-à Arnes en infligeant à l'ennemi des pertes considérables. Il a capturé 223 prisonniers, non compris les 200 prisonniers faits en commun avec les Américains à St-Etienne-à-Arnes; s'est emparé d'une centaine de mitrailleuses, de 7 pièces d'artillerie, dont 5 de 105, d'un important parc du génie et de matériel de toutes sortes.

Les pertes du régiment pendant cette période sont les suivantes:
Officiers: blessés, 7; évacués, malades ou gazés, 4; en tout, 11.
Troupe: tués, 36; blessés :180; évacués, malades et gazés, 77; disparus, 143; en tout, 436.
Si nos pertes sont sérieuses, celles de l'ennemi sont lourdes.

A la suite de ces violents combats, le 62ème R.I. est cité de nouveau à l'ordre de la IVème armée (ordre général N° 1445 du 12 novembre 1918) pour sa brillante conduite, avec le motif suivant:

" Sous le commandement énergique et l'âpre volonté de son chef, le lieutenant-colonel Javel, le 62ème régiment d'infanterie a, le 26 septembre 1918, conquis de haute lutte les pentes ouest de la butte de Souain et, les jours suivants, les tranchées du nord-est de Somme-Py, s'y maintenant en flèche malgré les violentes contre-attaques ennemies. Pendant quatre jours de durs combats, où il a toujours été en avant et où il s'est fait remarquer autant par son ardeur guerrière que par l'intelligente initiative de tous, a progressé de près de 8 kilomètres, pris 5 canons, 7 minen, 40 mitrailleuses et fait plus de 300 prisonniers dont 7 officiers.

Jeté de nouveau, quatre jours après, dans la bataille, s'est emparé des organisations du bois de Somme-Py, des pentes ouest du Blanc-Mont, puis de l'importante tête de pont de Saint-Etienne-à-Arnes que l'ennemi, malgré ses contre-attaques répétées, n'a pu lui arracher. A, au cours de cette nouvelle période de cinq jours de lutte sans répit, réalisé une progression de 7 kilomètres, capturé 225 prisonniers, pris plus de 40 mitrailleuses, 7 canons, un parc du génie et un abondant matériel. signé: GOURAUD."

Dans cette nouvelle période de combats, les autres régiments de la D.I. font 203 prisonniers (dont 6 officiers); enlèvent 8 canons, plus de 10 mitrailleuses et un matériel important.

- mardi 8 (au 10). Bataille du plateau de Bobain (livrée par les Français et les Anglais) entre Cambrai et l'Oise

- vendredi 11, le général cormmandant la IVème armée fait connaître que l'ennemi est en retraite sur tout le front de l'armée. Il donne l'ordre de continuer la poursuite avec toute l'énergie que comporte la situation.

En conséquence, dans la matinée, la 61ème D.I. poursuit L'ennemi au nord de l'Arnes. Elle a 2 régiments en 1ère ligne, le 219ème à gauche, le 164ème à droite, un régiment en réserve: le 265ème.

La 22ème D.I. reçoit l'ordre de s'engager dans le sillage de la 61ème D.I. Elle prend le dispositif suivant: 2 régiments à la même hauteur: 19ème à gauche, 118ème à droite, 1 régiment en réserve: le 62ème.

A 12 h., le régiment, formé en colonne de bat., se met en mouvement dans l'ordre suivant: ,
Bat. de tête: bat. Rouis.
Bat. du centre: bat. Roux.
Bat. de queue: bat. Maffre.

Il traverse l'Arnes, entre Saint-Pierre-à-Arnes et Saint-Clément-à-Arnes, suivant à la distance de 1 km. les deux autres régiments de la division.

A 18 h., la 22ème D.I. reçoit l'ordre de dépasser la 61ème D.I. Le 62ème R.l., en 2ème ligne, commence son mouvement immédiatement et, dans la nuit du 11 au 12, il dépasse le 265ème R.i. (régiment de réserve de la 61ème).

- samedi 12, à 5h, le 62ème continue à progresser, ses 3 bat. étant placés à la même hauteur. Il franchit la Retourne à Ville-sur-Retourne et s'établit à la cote 165 au sud du village de Mont-Laurent.

- dimanche 13, dans la matinée, le 62ème passe en 2ème ligne. Un bat. cantonne à Cauroy, les deux autres bat. bivouaquent dans les bois à l'ouest de Caurov.

La 22ème division franchit la Retourne et pousse ses éléments avancés jusqu'à l'Aisne, ayant ainsi réalisé, depuis le 26 septembre une progression de plus de 30 km, en pays occupé depuis 4 ans par l'ennemi.

- mardi 15, le 62ème se porte, par étapes, dans la région de Trépail où il reste au repos jusqu'au 24 octobre.

- jeudi 17 (au 28). Bataille de la Selle et de la Rhonelle ; elle se marque par la prise aux Allemands de la tête de pont de Mt-Origny, Petit-Verly, Monchavennes (le 17); d'Andiguy-la-Ferme et de l'Arbre-de-Guise (le 17); de Mennevret et de la forêt d'Andigny (le 18); de Wassiguy et Ribeauvillé (le 18); rejet de l'ennemi au-delà du canal de l'Oise, et du canal de la Sambre, prise de Solesmes (le 20),

- vendredi 25, la 22ème division fait mouvement pour se porter dans la direction de l'Aisne.

Le 62ème gagne, par étapes, la région de: Cauroy-Machault, par Saint-Hilaire-le-Grand et Saint-Souplet. Le déplorable état de nos voies de communication, joint au mauvais temps, rend la traversée de la région de la Suippes, entre Auberive- Saint-Hilaire et Saint-Souplet, extrêmement difficile, surtout pour les voitures.

La 22ème D.I. reçoit l'ordre d'occuper le secteur de Dricourt, au sud de l'Aisne et limité à l'est par Voucq (exclu) et à l'ouest par Attigny (inclus).

- dimanche 27 (et 28), après quelques jours de repos dans la région de Trépail, l' A.D. 22 relève, les la 36ème D.I.U.S. dans le secteur de Dricourt.

- lundi 28, le 62ème R.I. relève, dans le secteur de Saint Vauhourg-Coulomnes, le 141ème R.I.U.S., et le 29, le 2ème bat. (commandant Roux) relève, à Attigny, un bat. du 19ème R.I. qui occupe la localité depuis deux jours seulement. Le 1er bat. (capitaine Alexandre) qui tient le secteur de Saint-Vaubourg étend sa gauche jusqu'aux abords est d'Attigny. ~-

Le 3ème bat. (commandant Maffre) est en réserve à Vaux-Champagne où se trouve aussi le P.C. du régiment.

A ce moment, le front du régiment s'étend de la ferme Forest (sud-ouest de la boucle de Rilly-aux-Oies) à la voie de 0m,60 à l'ouest d'Attigny.

Il est bordé au nord par le cours de l'Aisne et le canal constituant un obstacle important, renforcé encore par des inondations et de sérieuses défenses accessoires. Les Allemands ont, en outre, fait sauter tous les ponts.

Toute la plaine entre l'Aisne et la ligne ferme Moscou-Mazagran est complètement vue par les hauteurs de la rive droite tenues par l'ennemi. Toute circulation de jour est très difficile et attire le feu de l'ennemi.

- mercredi 30, capitulation de la Turquie.

Oct.-Nov. L'épidémie de grippe espagnole cause, dans le monde entier, autant de morts (notamment chez les civils) que la guerre (plus de 7 millions)

 

novembre
 - vendredi 1er, prise d'Audenarde par les Français
 La 29ème D.I est appelée à prendre part à une opération offensive. Le front qu'elle occupe est divisé en deux 
parties:
- une partie active, dans laquelle le 118ème doit attaquer l'ennemi dans la boucle de Rilly-aux-Oies, s'emparer 
de ce dernier village et le rejeter sur la rive droite de l'Aisne.
- une partie passive, celle du 62ème .

Le 62ème doit, pendant la durée de l'opération, tenir l'ennemi par ses feux sous la menace d'une attaque. Les 1er et 2ème bat. reçoivent l'ordre de battre, avec leurs mitrailleuses et les canons de 37, la région au nord de Saint-Lambert, le faubourg du moulin d'Attigny et la partie ouest de la grande boucle de l'Aisne.

Le 3ème bat. se porte, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, en réserve de D.I. aux environs du Bardo (nord-est de Vaux-Champagne).

 L'attaque a lieu le 1er, à 5 h. 45. Le 118ème enlève le village de Rilly en faisant 50 prisonniers (dont un commandant et un aspirant) et, à la tombée de la nuit, il est maître de toute la boucle de l'Aisne; l'ennemi est rejeté complètement sur la rive droite de cette rivière.

 - lundi 4, armistice sur le front d'Orient avec l'Autriche-Hongrie, et cessation des hostilités sur ce front. L'Allemagne reste dès lors seule en face des Alliés.

Offensive des Alliés (Français et Anglais) sur le front Valenciennes-Landrecies-Guise. Ce sera la dernière grande offensive de la guerre. Les épisodes principaux sont : prise de Landrecies (le 4) et de Guise (le 5). Cette nouvelle victoire des Alliés fait tourner en déroute la retraite des Allemands.

- mercredi 6, le 62ème, qui occupe toujours le secteur d'Attigny, reçoit l'ordre de franchir l'Aisne et le canal et de s'élancer à la poursuite des Allemands qui ont commencé leur mouvement de retraite. Les ponts d'Attigny ayant été détruits par les Allemands, le 2ème bat. seul peut passer l'Aisne en cet endroit sur des passerelles de fortune. Les 1er et 3ème bat.s franchissent la rivière près de Rilly-aux-Oies sur des passerelles jetées par le génie.

A 15h., le 3ème bat., qui a été mis à la disposition du colonel Bizard, commandant le 9ème régiment de hussards, pour constituer un groupement léger, prend la direction de Bouvellemont.

L'avant-garde particulière du 62ème (1er bat.) atteint le pré Boulet à 16h.15, puis se porte ensuite sur Hurtebise, Guincourt et Le Plain. En fin de journée, le bat. d'avant-garde (1er bat.) s'établit en cantonnement d'alerte dans le village de Le Plain.

En quittant cette région, les Allemands ont incendié le village de Guincourt. Cette localité est toute en flamme lorsque l'avant-garde y pénètre. Le 2ème bat. cantonne à Hurtebise.

La situation des régiments aux ailes du 62ème est la suivante:
Les 19ème et 118ème R.I. n'ont pas dépassé sensiblement Tourteron, le 264ème R.I. (61ème D.I.) à notre 
gauche occupe avec son bat. de réserve le village d'Ecordal.
La progression du régiment a été, pendant la journée du 6, de 11 km à vol d'oiseau.

- jeudi 7, le 62ème R.I., avant-garde de la 22ème D.I., quitte ses cantonnements d'alerte de Hurtebise et de Le Plain à 5 h.30. Il se porte à la poursuite de l'ennemi dans la direction de Bouvellemont - Baalons-les-Taillis - Trois-Maisons - La Horgne - Singly Balaive et la Meuse.

Le 3ème bat., formant détachement léger avec 2 escadrons du 9ème régiment de hussards, a passé la nuit, du 6 au 7 novembre, à Bouvellemont. Ce détachement précède la colonne. Arrivé à Les Tailles, il est accueilli par des feux de mitrailleuses provenant de Trois-Maisons et des lisières à l'est de ce hameau; le 3ème bat. engage aussitôt l'action.

Le 2ème bat. reçoit l'ordre de se porter sur Beauvois et la Horgne pour manœuvrer l'ennemi. Le 1er bat. est tenu en réserve.

La liaison a été établie à droite avec le 142ème R.I. (163ème D.I.) mais un grand vide existe à notre gauche avec la 61ème D.I. qui, à 12 h., avait une patrouille au carrefour (1 km. de Bouvellemont), le gros du régiment (264ème) atteignant St-Loup Terrier. A ce moment, les Allemands tiennent la crête Mouton.

L'ennemi résistant toujours devant le front du 62ème, le 1er bat. reçoit l'ordre de s'engager pour le déborder. Devant cette menace, l'adversaire se retire sur La Horgne, Singly, où il oppose, avec ses nombreux nids de mitrailleuses, une très sérieuse résistance. Les trois bat.s du régiment sont à ce moment engagés. Malgré plusieurs concentrations de feux sur les lisières de Singly, notre progression rencontre encore une vigoureuse résistance.

Vers 15 h., après un tir d'artillerie, des éléments du 2ème bat. réussissent à chasser l'ennemi du groupe des fermes des Comes et s'y installent. Des fractions de ce même bat. se portent sur Terron-les-Poix; 2 cies allemandes, fortes d'environ 70 hommes chacune, évacuent le village.

Vers 17 h., après une nouvelle préparation d'artillerie, le 1er bat. cherche à déborder Singly par le nord-ouest, pendant que le 2ème bat. attaque ce village par le sud, mais notre infanterie est arrêtée dans sa progression par de nombreuses mitrailleuses et d'importantes défenses accessoires.

Vers 23 h.30, le 2ème bat., qui est engagé au sud de Singly, réussit à s'emparer du village.

Plus de 2 000 réfugiés civils provenant de l'Argonne, et des régions St-Quentin - Bapaume se trouvent dans Singly. Malgré leur état de misère extrême, tous ces civils accourent dans la nuit pluvieuse pour acclamer avec enthousiasme les soldats et leur manifester la joie qu'il éprouvent d'être enfin délivrés. 6 prisonniers, dont 1 aspirant sont capturés.

- vendredi 8, l'Allemagne vaincue sollicite du maréchal Foch, généralissi-me des forces alliées, un armistice en vue de la conclusion de la paix: entrevue de Rethondes.

L'A.D. 22 reprend sa marche vers la Meuse; l'escadron divisionnaire, appuyé par un détachement d'infanterie, entre à Flize.

Vers 2 h.30, les 1er et 3ème bat. du 62ème se portent en avant, le 3ème bat. dépasse le 2ème et occupe les lisières des bois d'Elan à l'est de Singly.

A 6 h., le 19ème R.I., qui a reçu l'ordre de dépasser le 62ème, arrive à Singly. Le régiment cantonne à Singly et à la ferme des Comes.

- samedi 9 et dimanche 10, après avoir réuni des moyens de fortune, le 19ème R.I. jette, avec l'aide du génie divisionnaire, une passerelle sur la Meuse, et fait passer un bat. au nord de la rivière, établissant ainsi une tête de pont entre Lumes et Flize.

Le 62ème reçoit l'ordre d'aller cantonner à Charbogne, il s'y rend dans la soirée.

- lundi 11, signature de l'armistice, sollicité par l'Allemagne, entre l'Allemagne et les puissances alliées, dans le wagon du maréchal Foch, clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne.

La guerre qu'elle a déchaînée en 1914 est terminée

Le 19ème R.I. se prépare à progresser vers le nord lorsque le télégramme du maréchal Foch, annonçant l'arrêt des hostilités, prescrit que les troupes alliées ne dépasseront pas jusqu'à nouvel ordre, la ligne atteinte à cette date et à cette heure.

Le 22ème D.I. a donc pris la part la plus brillante et la plus glorieuse à cette offensive décisive de 4 mois, qui bouscule, bat et jette hors de France, la puissante armée allemande et la contraint à demander la paix.

Les 19ème, 62ème, 118ème R.I., le 35ème R.A C. et le 8ème groupe du 111ème R.A.L., les compagnies du génie 11/2 et 11/52 sont cités à l'ordre de la IVème armée pour les affaires de septembre et d'octobre.

Le général commandant en chef, en date du 4 novembre, confère la fourragère aux couleurs de la croix de guerre aux 62ème et 118ème R.I. et, en date du 17 novembre, à la cie 11/2 du 6ème génie. De plus le maréchal commandant en chef confère la fourragère aux couleurs de la médaille militaire au 116ème R.I. le 24 novembre 1918, au 35ème R.A.C. le 17 février 1919, au 19ème R.I. le 17 avril 1919.

- dimanche 17, le 62ème se porte sur la Meuse qu'il traverse à Sedan le 18.

- mercredi 20 (au 23), le 62ème continue sa marche en avant en traversant la Belgique.

- dimanche 24, le 62ème entre dans le grand-duché de Luxembourg et cantonne à Arsdorf et environs.

 

décembre
 - mardi 24, le 3ème bat. s'embarque à Wite (Luxembourg) à destination de la gare de Connantre (France).

 - vendredi 27, les 1er et 2ème bat. font mouvement pour rentrer en France aux environs de Montmédy.

 

Le 62ème R.I. a perdu durant ces 5 années 2 416 hommes dont 72 officiers (1794 morts, 68 morts en captivité et 69 disparus) , soit l'équivalent d'un régiment au complet lors de son départ de Lorient en septembre 1914

 

 La Guerre 1914 / 1918 fut terrible pour l'île. Le monument aux morts du bourg et un immense tableau noir, fixé au mur de l'église, rappellent qu'elle enleva 174 hommes dont 48 moururent en mer. Car pour leur plus grand malheur, de nombreux marins furent versés dans les corps de l'armée de terre

.

 Monument aux Morts (Place de l'Eglise)

ADAM T.
ADAM P.M.
ADAM P.J.
ALLAIN P.M.
ANNEROSE E.M.G.
BARON A.J.M.
BARON J.M.
BARON V.
BARON E.M.
BARON J.M.
BARON J.M.
BARON J.M.
BARON J.M.E.
BERNARD J.M.
BEVEN L.M.
BIHAN J.
BIHAN E.
BIHAN H.
BIHAN J.M.
BLANCHARD J.M.
BLANCHARD F.M.
BLAUREC L.M.J.
BONNEC J.M.
BONNEC J.M.
BOTERF A.M.
BRIZOUAL F.M.F.
CADORET J.M.
CALLOCH J.M.
CALLOCH F.M.
CALLOCH J.M.
CALLOCH P.M.
CALLOCH J.P.H.
CALLOCH L.M.
CALLOCH P.M.
CARIO E.L.M.
CARTON J.M.
CAUDAL A.L.M.
CAUSEUR L.F.
COLLET A.J.M.H.
COLLOBER Y.M.A.
CORVES J.F.M.
COUGOULAT J.V.M.
DAVIGO J.M.
DAVIGO J.M.
DERRIEN L.P.
DERRIEN L.A.
DIBERDER J.F.
EVEN E.
EVEN M.
EVEN J.M.
EVEN J.J.
EVEN J.M.
EVEN J.S.
EVENNO A.J.M.
GALENNE G.J.
GAUDAL J.M.
GLOAGUEN Y.
GROSSIN P.M.
GROSSIN J.M.
GOUERE H.
1ère plaque

GOUROND P.M. GOURONC J.M.
GUEGAN A.T.
GUENNO M.J.M.
GUERAN L.C.
GUERAN A.P.
GUILLAUME P.
GUILLAUME S.
GUILLAUME J.M.
GUILLAUME L.M.
GUILLET L.L.
GUILLEVIC J.M.
GUILLIN H.A.
GUYADER C.
HUGOT A.V.
HUGOT J.
JAFFRE Y.
JAN J.D.
JEGO P.M.J.
JOUAN J.M.
JOUANNO C.M.
KERBIRIO C.M.
KERSAHO F.J.
LAMOUR P.M.
LANCO Y.
LANCO T.M.
LAURENT P.M.
LE BORGNE P.J.M.
LE BOULAIRE C.L.M.
LE CORRE R.C.
LE DOEUFF Y.G.
LE DREF F.
LE DREF P.M.
LE DREF F.M.
LE DREF J.
LE DREF J.
LE GARF A.
LE GRAND H.
LEMOUROUX G.L.
L'INGRAT J.M.
LE LESLE L.M.
LE MOING T.J.M.
LE MONGNE P.M.
LE NEHANNEC P.L.
LE PORT G.
LORHO L.M.
LE QUELLEC E.G.
LE ROUX P.M.
LE RUYET J.F.M.
LE TOULLEC M.L.
LE VEY C.E.
MALLET J.M.
METAYER E.
METAYER T.
MILLOCH J.M.
MILLOCH J.M.
MILLOCH A.L.
MODICOM L.G.
MOELLO J.M.
PENHOET J.
2ème plaque ( manque E. LE CLAINCHE)

PERON Y.L.
PRUEL F.
PUILLON J.M.
QUERE J.M.
QUERIC L.A.
QUERIC A.J.M.
RAUDE P.L.
RAUDE J.M.
RAUDE P.C.
RICOUSSE N.
ROBIC F.M.
SALAHUN Y.B.
SALAHUN J.M.F.
SIMON C.
STEPHAN E.M.
STEPHAN J.M.
STEPHAN L.M.
STEPHANT L.M.
STEPHANT A.J.M.
STEPHANT P.M.
STEPHANT J.M.E.
STEPHANT J.M.
STEPHANT J.P.
STEPHANT L.J.
STEPHANT M.J.T.
TONNERRE J.M.
TONNERRE E.J.M.
TONNERRE J.M.
TONNERRE V.M.
TONNERRE E.J.
TONNERRE J.Y.
TONNERRE N.
TONNERRE J.M.
TOPIN V.J.M.
TRISTANT L.M.
TRISTANT A.A.
TRISTANT F.M.
TROMILIN A.M.
UZEL L.M.
VAILLANT J.M.
VAILLANT T.
VAILLANT H.M.
WUILLAUME P.
YVON
YVON P.
YVON L.
YVON J.M.
YVON L.M.
YVON J.
YVON J.M.
YVON B.
RIO A.J.
ROMIEUX C.J.M.
3ème plaque
 

  

Bibliographie

- Les enfants du pays Nantais et le 10e corps d'Armée, par Émile Gabory, 1923. Nantes - Librairie Académique Perrin & Cie  

-  Branle bas de combat de Paul Chack

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 dernière mise à jour

9 septembre 2002

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Quelques liens vers des sites complémentaires

www.alaintavernese.com

www.1914-18.org

www.1914-18.org/aide/geo

www.chez.com/argonne19141918/

http://pcoutant.free.fr

http://pcoutant.free.fr/regiments.htm

http://etienne.jacqueau.free.fr/Temoignage.htm

Liens vers des sites concernant guerre 1914/1918

http://perso.wanadoo.fr/arethuse/Guerre 1914-1918.htm

http://perso.wanadoo.fr/champagne1418/index/hindex.htm