Sommaire des pages de la guerre
1914/1918 1914 Depuis
le 20 octobre 2001, vous êtes à
avoir visité ce site, Merci de
votre intérêt.
adhérent
CGSB n° 1503 La saison
du thon a bien commencé, et la moisson s'annonce
excellente, mais... Juin Les
élections législatives du printemps ont
donné une
majorité à la gauche (SFIO), le
samedi 13, le gouvernement conduit par Viviani,
entre en fonctions. Le
dimanche
28 juin
1914,
l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche,
héritier de l'empire
austro-hongrois et son
épouse sont assassinés à Sarajevo,
par un
"terroriste" serbe, Cavrilo Princip (19 ans).
L'assassin est soupçonné
d'appartenir à l'organisation
secrète (Main Noire),
manipulée par le chef des services de
renseignement de Belgrade (colonel
Dimitrievitch). Cette organisation prône
la réunion de tous les Slaves du Sud autour
de la Serbie, principal Etat slave des Balkans.
A ce titre, elle s'indigne de l'annexion
de la Bosnie-Herzégovine par
l'Autriche en 1908. Leur
mort laisse l'Europe indifférente dans
les premiers jours. Le prince, que
François-Joseph 1er n'aimait pas, est enterré à Vienne
en catimini. Mais les diplomates de tous bords
se saisissent bientôt de l'incident comme
d'un exutoire à toutes les tensions qui
traversent le continent. Imputé à
la Serbie par les autrichien,
l'assassinat sert de prétexte au
déclenchement de ce qui deviendra la
1ère Guerre Mondiale. Depuis
1871, l'Europe vivait sous un régime
entre paix et guerre, la
"paix armée". Après que
l'Allemagne ait conclu sa "Triple Alliance"
(Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie) en 1882,
la
France mena à bonne fin de 1893 à
1907 la "Triple Entente" pour rétablir
l'équilibre européen (France,
Russie, Royaume-Uni). Toutefois, l'assassinat de
l'archiduc héritier d'Autriche en juin
1914 offrait à l'Allemagne un
prétexte pour déclarer la guerre
à la Russie. arrestation
de C. Princip Le
mardi 14,
jour de la fête nationale, Jean
Jaurès appelle à la
grève générale
internationale contre la guerre. L'Autriche
adresse un ultimatum à la Serbie le
23.
Elle prend le risque d'une guerre
localisée pour simplement humilier la
Serbie. Le
mardi
28,
Vienne déclare la guerre à la
Serbie. Le 30 juillet, apprenant que Belgrade
a été bombardée par les
Autrichiens, le tsar de Russie Nicolas II
décrète la mobilisation
générale au nom de la
solidarité slave. Le
mercredi 29,
le Bureau Socialiste International demande
à tous les partis socialistes des pays
menacés par la guerre d'organiser des
manifestations pacifistes. Le
jeudi 30,
apprenant que Belgrade a été
bombardée par les Autrichiens, le tsar
de Russie Nicolas II décrète la
mobilisation générale au nom de
la solidarité slave. A
Paris, le président de la
République, Raymond Poincaré,
et le président du Conseil,
René Viviani, rentrent d'un voyage
à Saint-Pétersbourg,
auprès de leur allié, le tsar.
Ils sont acclamés par la foule au cri
de «Vive l'armée» ou
même «Vive la guerre!».
Raymond Poincaré a donné au
tsar l'assurance de «seconder
entièrement, dans
l'intérêt de la paix
générale, l'action du
gouvernement impérial». C'est
fort de cette assurance que le tsar a
engagé la mobilisation
générale. En
guise de mesure d'apaisement, la France
ordonne le recul de son armée à
10 kilomètres de sa frontière
avec l'Allemagne. Le
vendredi 31,
dans un café de Paris, le Croissant, un
anarchiste, Raoul Villain, assassine Jean
Jaurès. Le leader respecté des
socialistes était l'un des derniers
partisans de la paix avec Joseph Caillaux; le
premier par humanisme, le second par
raison Le
samedi 1er,
l'ordre de mobilisation générale
est déclarée en France et en
Allemagne. L'Allemagne déclare la guerre
à la Russie. A
la fin de l'après-midi, le tintement
répété de la grosse cloche
de l'église du bourg, le tocsin, alerte
les habitants de l'île "Ecoutez comme
ça sonne ! On dirait que la guerre est
déclarée
C'est la guerre ! "
Tous savaient que ça allait mal
depuis quelques jours : les
événements se
précipitaient. Mais beaucoup
espéraient qu'on n'arriverait jamais
à cette situation. C'est
vers 16 heures que l'ordre de Mobilisation
Générale a été
placardé dans tous les bureaux de poste.
Une telle nouvelle parvient rapidement,
même jusqu'à Groix. Le premier jour
de la mobilisation est le
2
août 1914
à 0 heure. Les hommes doivent partir le
deuxième jour, comme l'indique leur
fascicule de mobilisation, bon citoyen et bon
soldat, respectueux des ordres, ils partent pour
Lorient le 3 août au matin, sa musette
bourrée de victuailles sur le dos, parmi
eux Emile Le Clanche, du bourg... Dimanche
2,
le caporal Peugeot (44ème R.I., de
Belfort) et le lieutenant Mayer (5ème
Chasseurs à Cheval Prussien, de
Mulhouse), s'entretuent au cours d'une
escarmouche, près de Joncherey (nord de
Belfort). Ce sont les premiers morts militaires
français et allemand de la
guerre. Les
groisillons affectés à
l'infanterie rejoignent le 62ème
régiment d'infanterie (62ème R.I.)
de Lorient, ils participeront dans une
première période à la
campagne conduite par la IXème
armée commandée par le
général Foch . Le 62ème
appartient au 11ème corps d'armée
(11° C.A.), 22ème division (22°
D.I.), 43ème brigade (43° br.)
commandée par le colonel Costebonnel. Le
17 septembre 1914 le 11° C.A. sera
rattaché à la Vème
Armée commandée par le
Général Franchet
d'Esperey. Cliquez
ici et retrouvez le
journal
de marche officiel du 62ème
R.I. Beaucoup
d'autres sont embarqués ou rejoignent les
700 apprentis fusiliers et leurs instructeurs
qui quittent leur casernement flottant, le
"Calédonien", un ancien
transport de bagnards. Ils rejoignent les
réservistes du dépôt de
Lorient pour former le troisième
bataillon de fusiliers marins, parmi eux il y a
Laurent DERRIEN, de Ker Port-Lay, Laurent
STEPHANT, de Port-Lay, Louis BLOREC de Locmaria,
Théodore et Eugéne METAYER de
Locmaria, Yves SALAHUN de Locmaria, Jean
TONNERRE de Locmaria. Lundi
3 :
l'Allemagne déclare la guerre à la
Belgique (en violant la neutralité de ce
pays) qui a rejeté l'ultimatum de la
veille. Et l'Allemagne se déclare la
guerre à la France évoqianrt de
faux prétextes (incidents de
frontière) Depuis
l'alliance franco-russe l'état-major
allemand s'était préparé
à une guerre sur deux fronts, à
l'Est contre la Russie à l'Ouest contre
la France. L'économie allemande ne
pouvant soutenir un conflit de longue
durée, l'essentiel des forces du Reich
devait être tourné contre la
France. L'armée française pouvait
être battue en six semaines, avant
l'entrée en ligne des armées
russes, lentes à se mobiliser et contre
lesquelles on se retournerait ensuite.
C'était, pensait-on à Berlin,
"question de vitesse et de force
brutale". Le
plan des opérations est conçu
depuis 1905 par le chef d'état-major
de l'époque, le général
von Schlieffen. Il reposait sur une grandiose
stratégie de l'enveloppement,
sensiblement modifié par le nouveau
commandant en chef, le général
von Moltke, le neveu du vainqueur de 1870.
Contrairement aux recommandations expresses
de Schlieffen, Moltke avait diminué
l'effectif de la masse de manuvre
allemande, l'"aile marchante". Cette aile
droite, forte d'une soixantaine de divisions,
traversant la Belgique par surprise
envelopperait les armées
françaises d'un gigantesque mouvement
en coup de faux et les contraindrait à
la capitulation, l'action de l'aile gauche
renforcée assurant l'encerclement
complet. Du
côté français, bien que
la doctrine militaire fût
résolument offensive, il
n'était pas question, pour des raisons
politiques, de porter atteinte à la
neutralité belge, en dépit des
soupçons que l'on eut sur les
intentions allemandes. Mardi
4,
l'armée allemande franchit la
frontière belge; cela pousse, la
Grande-Bretagne à prendre part au
conflit, elle déclare la guerre
à l'Allemagne En
août 1914, l'opinion
générale etait que
cette guerre, qui s'annonçait
"fraîche et joyeuse", serait
rapidement conclue par une rencontre
décisive entre les deux
principales armées :
l'armée allemande et
l'armée française.
Pour l'Allemagne cette campagne
rapide consistait à se jeter
sur la France avec la
totalité de ses forces afin
de la mettre tres vite hors de
combat, en un mois tout au plus,
puis à se retourner contre la
Russie. Cependant, l'Allemagne ne
pouvait pas compter sur une
supériorité
numérique aussi
marquée que 1870.
L'armée de choc qu'elle se
préparait à lancer
contre la France (un million et demi
de combattants) les Français,
avec l'aide des Belges et des
Anglais, opposaient des forces
sensiblement équivalentes.
L'Allemagne, néanmoins,
comptait sur l'avantage
incontestable de sa
préparation technique et sur
les formidables réserves de
son artillerie lourde de
campagne. L'armée
française comporte
un peu plus de 2 millions d'hommes Armée
territoriale Il
s'agit de la portion de
l'armée à laquelle
appartenaient tous les
Français au sortir de la
réserve de l'armée
active. La situation militaire de la
France était alors (1910) un
sujet de première importance
nationale, dans tous les esprits, se
manifestant de toutes les
manières, y compris dans les
actes d'état civil des
citoyens; la situation exacte de
chacun à un moment important
de sa vie lui était ainsi
rappelée. Après le
service militaire de deux ans,
chaque Français restait dans
la réserve de l'armée
active pendant onze ans, puis dans
l'armée territoriale pendant
six ans, enfin dans la
réserve de l'armée
territoriale pendant les six
années suivantes. En 1914,
à la déclaration de
guerre, les hommes passés
dans la réserve de
l'armée territoriale furent
néanmoins mobilisés
dans une formation militaire,
à moins d'être "
affecté spécial "
(emploi civil intéressant la
défense nationale: armement,
etc
.). Les
réservistes de l'armée
territoriale furent alors
employés à des gardes
statiques (chemins de fer, usines de
guerre, camps militaires, etc.) en
dehors de la zone des combats, mais
les pertes considérables de
l'armée française
à partir de 1916 eurent pour
conséquence leur
départ pour le front, la
territoriale étant
amalgamée à l'active
pour constituer des unités
combattantes de même valeur
militaire, afin de pouvoir
résister aux assauts de
l'armée allemande. Mercredi
5,
le Monténégro déclare la
guerre à l'Autriche Jeudi
6,
l'Autriche à la Russie, la Serbie
déclarent la guerre à
l'Allemagne. Les
premières troupes anglaises
débarquent sur le sol
français. Au
cours de la prise d'armes (le 6 ou le 7)
marquant le départ du 62ème
R.I., le colonel Costebonnel, dans une
harangue empreinte du plus pur patriotisme,
indique à tous le chemin du devoir et
la grandeur du sacrifice que la Patrie attend
d'eux. Un immense cri de "Vive la France"
répond à ces nobles
paroles. vendredi
7,
première offensive française en
Alsace Le
président du Conseil, Viviani, demande
aux femmes de France de remplacer les hommes
pour les travaux des champs : "Remplacez sur
le champ du travail ceux qui sont sur le
champ de bataille". Ce
jour (ou le 8 à 4h.), le 62ème
R.I. s'embarque à Lorient. Le trajet
de la caserne à la gare (sous une
pluie terrible) est, pour le régiment,
une véritable marche triomphale. Une
foule émue l'entoure et l'acclame sans
discontinuer. Le sous-préfet, la
municipalité et toute la population
lorientaise se trouvent à la gare pour
saluer le drapeau et les bataillons qui
partent pour la frontière. L'histoire
officiel dit que les soldats sont
animés d'un enthousiasme
indescriptible; des cris de joie
s'élèvent de toutes parts, on a
l'impression que chacun s'apprête
à faire consciencieusement son devoir
pour défendre le sol sacré de
la Patrie menacée et
déjà envahie. Le
train réalise l'itinéraire
Nantes, Le Mans, Chartres, Reims, Verdun en
plus de 36 h. En cours de route, à
Versailles, le régiment apprend la
prise de Mulhouse. Cette nouvelle
soulève de nombreux cris
d'enthou-siasme. Samedi
8,
le Monténégro déclare la
guerre à l'Allemagne Dimanche
9,
vers 22h., le 62ème débarque,
au clair de lune, à
Châtel-Chéhery (Ardennes); aux
confins de la forêt de l'Argonne,
près d'Apremont. D'autres
éléments de la 22ème
D.I., sont débarqués à
Grandpré (Ardennes) Lundi
10,
le 62ème, après une marche sous
un soleil épouvantable, cantonne
à Germont et à Belleville
(3ème bat.). La troupe est bien
accueillie. Mardi
11,
les marches de concentration commencent. Les
11, 12, 13 et 14, le 62ème stationne
à Oches. Pour éviter tout
incident, les officiers consignent les
débits de boissons. La troupe couche
plusieurs nuits dans les bois de la
Besace. Mardi
12,
la France et la Grande-Bretagne
déclarent la guerre à
l'Autriche La
guerre de mouvement : de l'invasion
(2-16 août 1914) aux batailles
des frontières (17-25
août 1914) Les
deux adversaires prennent
simultanément l'offensive.
L'Etat-major allemand, sur ordre du
général Moltke, monte
la manuvre de tres grande
envergure préparée
sept ans plus tôt et connue
sous le nom de "plan Schlieffen".
Celle-ci projetait de tourner la
barrière fortifiée de
Belfort - Verdun et de
déborder par le nord la ligne
de bataille française. Cette
opération nécessitant
la violation des territoires belge
et luxembourgeois. Le Grand Quartier
Général
français la jugeait utopique.
Elle se réalisa pourtant
point par point. Dès le 2
août, les troupes allemandes
envahissaient le Luxembourg et
violaient la neutralité de la
Belgique. Le 4, elles
commençaient le siège
de Liège. Moltke
jette 7 armées comportant 78
divisions dans cette bataille, 5
armées étant
prévues pour l'investissement
de la Belgique et du Luxembourg
(nota: afin de distinguer les
armées allemandes des
armées françaises, les
chiffres romains designeront les
allemandes et les chiffres arabes
les françaises) : *
La Ire armée, commandé
e par von Kluck. Forte à elle
seule de 30 divisions elle constitue
l'aile droite marchante, qui doit
assurer le mouvement enveloppant
(conforme au plan Schlieffen). Elle
doit faire mouvement selon une ligne
de progression Bruxelles -
Tournai. *
La IIe armée,
commandée par von Below,
à gauche de von Kluck. Elle
suit une ligne de progression
Charleroi - Maubeuge. *
La IIIe armée,
commandée par von Hausen.
Elle progresse par la ligne
Liège - Namur et la
trouée de Chimay. *
La IVe armée,
commandée par le duc de
Wurtemberg. Elle progresse sur la
ligne Neufchâteau -
Sedan. *
La Ve armée, commandée
par le Kronprinz. Elle fait
mouvement par Thionville et la
trouée de Stenay. *
La VIe armée,
commandée par le prince
Ruprecht de Bavière et la
VIIe armée, commandée
par le général
Heeringen, forment l'aile gauche
allemande et progressent de part et
d'autre de la trouée de
Charmes. Le
Grand Quartier général
français (G.Q.G.) commande
par le général Joffre
ne pense pas que les Allemands
puissent dépasser la Meuse.
Il compte paralyser la manoeuvre
ennemie par une attaque foudroyante
en Alsace-Lorraine et dans les
Ardennes. Ce plan d'attaque qui
s'opposait au plan allemand
était dit "plan XVII". Il
prévoyait de concentrer sur
le terrain les armées comme
suit : *
La 1re armée,
commandée par le
général Dubail, entre
Belfort et Lunéville
*
La 2e armée, commandée
par le général de
Curières de Castelnau, de
Nancy à Nomeny ; *
La 3e armée, commandée
par le général Ruffey,
entre la Moselle et Audun-le-Roman
; *
La 5e armée, commandée
par le général
Lanrezac (dont le 1er corps est
commande par le
général Franchet
d'Esperey), renforcée par un
corps anglais et prolongée
par le corps de cavalerie du
général Sordet, entre
Montmédy et Longuyon
; *
La 4e armée, commandée
par le général de
Langle de Cary, est
concentrée entre Bar-le-Duc
et Commercy. Joffre,
estimant que l'attaque principale
aura lieu dans une zone Metz -
Thionville - Luxembourg, intercale
la 4e armée entre la 3e et la
5e. Malheureusement,
le G.Q.G. méconnaît le
nombre exact des forces ennemies
qu'elle aura à combattre. Il
ignore que les divisions de
réserve ont été
ajoutées à celles
d'active. L'offensive
française (2e armée)
est brisée à Morhange,
en Lorraine, dès le 20
août, puis dans les Ardennes
(4e armée), les 22 et 23
août. L'aile gauche, la 5e
armée et les quatre divisions
anglaises de French,
attaquées à Charleroi
et Mons, se trouvent menacées
d'enveloppement. Elles doivent
battre en retraite le 23 août.
C'est l'effondrement du plan XVII de
Joffre. La bataille des
frontières est perdue. Le 24
les Allemands entament l'invasion du
nord et du nord-est de la France.
Par une avance rapide de leur aile
droite, ils s'efforcent d'envelopper
les armées françaises
en retraite, ou de les refouler
jusque la frontière suisse.
Mais Joffre ne se laisse ni
troubler, ni envelopper. Il ordonne
une retraite générale
que les Allemands prennent pour une
fuite· Or, dès le 25
août, ces derniers commencent
à essuyer quelques
défaites locales
(trouée de Charmes, bataille
de Guise...). Jusqu'au
15, la guerre commence bien et tous
les engagements sont favorables
à l'armée
française. Diplomatiquement,
politiquement, la France n'a qua se
louer des circonstances. L'Allemagne
a multiplié les fautes. Son
intérêt était
d'avoir l'Italie avec elle pour
attaquer notre frontière des
Alpes. Il était aussi de
ménager l'Angleterre. Elkle
avait si bien compris ce dernier
point que, grossièrement,
elle avait proposé au cabinet
de Londres un marché : le
Royaume-Uni eût assisté
impassible aux
événements, à
l'invasion de la France que
rêvait le Kaiser, et Guillaume
II se fût borné
à prendre nos colonies.
"Vous me proposez la honte",
a dit Edward Grey. L'Italie est
resté neutre, en attendant
qu'elle fonce sur les provinces
autrichiennes devenues vides de
soldats et qu'elle réalise le
voeu national: la reconquête
de Trente et de Trieste.
L'Angleterre, qui certes n'eût
pas abandonné la France, mais
dont les mouvements eussent pu
être plus lents, a
été avertie des
prétentions allemandes. Elle
préparait son armée et
sa flotte pour se trouver en ligne
dès l'ouverture de la guerre.
Dans l'ordre politique, l'Allemagne
s'est lourdement trompée.
Elle nous croyait la France
divisée,
irrémédiablement,
déchirée par les
partis politiques, incapables
d'entente. Or, son agression a
immédiatement
réalisé une
solidarité, une
fraternité telles que, de
mémoire d'hommes, on n'en
trouverait pas de comparables. Ceux
qui niaient jusqu'à
l'utilité des armées
ont marqué un enthousiasme
admirable pour la défense
nationale. L'Allemagne
a commis la faute initiale
d'attaquer la Belgique, pensant que
les Belges ne résisteraient
pas à l'armée
allemande, qu'ils seraient trop
heureux de coopérer à
l'agression contre la France et de
faciliter la marche des soldats
germaniques. Ce de Möltke
était si bien persuadé
de leur lacheté et de leur
félonie qu'il avait
essayé de négocier
avec le cabinet de Bruxelles. Il a
été bien reçu;
ses troupes ont été
encore mieux reçues devant
Liège. Il a trouvé la
bravoure à la place de la
lâcheté, la
loyauté indéracinable
à la place de la
félonie. L'attaque de la
neutralité belge a d'abord
porté à l'Allemagne un
préjudice moral
énorme. Dans
le monde entier, la
réprobation a
éclaté contre le
prodédé honteux de la
Germanie barbare. Mais il y plus.
Comme les Belges ont
écrasé à
Liège un corps d'armée
allemand, comme 120.000 Allemands au
total ont été
arrêtés devant la
ville, l'état-major
français, l'état-major
belge, l'état-major anglais
ont eu le temps de prendre toutes
leurs précautions.Les troupes
françaises débordent
la frontière, nos deux ailes
sont en Belgique et en Alsace, notre
concentration a pu s'achever, et les
Russes sont entrés en Prusse.
Vendredi
14,
début de la 2ème offensive
française en Alsace (conduite par le
général Pau). Prise de Thann.
Début de l'offensive française
en Lorraine et sur les Vosges (1re
Armée, général Dubail,
et 2ème Armée,
général de Castelnau).
Le
samedi 15,
l'armée belge se replie dans son
ensemble sur Anvers. A partir de cette date
(jusqu'au 29), contre toute attente, la
Prusse orientale est envahie par les troupes
russes (elles-mêmes
arrêtées à
Tannenberg). Le
62ème se porte dans la direction de
Sedan. Après une marche sous une pluie
terrible, presque une tempête, atteint
Noyers (au sud de Sedan). Les hommes
attendront 3 h. sous la pluie, après
cette longue marche très
fatigante. Le
dimanche 16,
à 8h, un peloton de la 8ème cie
du 62ème est envoyé à
Bazeilles en soutien de la cavalerie
divisionnaire opérant sur la rive
droite de la Meuse en liaison avec la
21ème D.I. A 13h., la 9ème cie
est dirigée sur Vadelincourt pour
reconnaître les passages de la Meuse;
à 16h., le 62ème, qui fait
partie de l'avant-garde de la division, se
porte sur Muno par Douzy, Pourru St
Rémy et Messincourt. Il atteint Muno
(Belgique) à 22h. où il
s'installe en cantonnement d'alerte couvert
par le bat. Voilliard qui prend les
avant-postes. L'accueil de la population est
excellent; elle offre à ces braves
soldats français boissons et tabac
à volonté. Lundi
17
: Confirmation du succès des
armées françaises dans la
vallée des Vosges. Les Allemands se
replient en grand désordre vers
Strasbourg, laissant entre nos mains une
quantité énorme de
matériel. En Lorraine et en Alsace nos
troupes ont dépassé en moyenne
de 10 à 20 km la ligne
frontière. C'est
seulement ce jour que peloton de liaison
cycliste en tête, les fusiliers marins
défilent sur le cours Chazelles, les
fusilier quittent Lorient, la plupart ne
reviendront pas. Comme en 1870, les fusiliers
marins ont d'abord pour mission de
défendre la capitale. Les Lorientais sont
rejoints par des renforts de Rochefort, Brest,
Cherbourg et Toulon. Le contre-amiral Ronarc'h,
né à Quimper le 22 juin 1865, a
fait ses études au lycée
Dupuy-de-Lôme à Lorient. Il a servi
dans l'océan Indien, en mer de Chine et
dans l'escadre de Méditerranée.
Lorsque la guerre éclate, la Marine
dispose d'un surplus d'effectif de 7 000 hommes
qu'elle ne peut pas utiliser à bord de
ses bâtiments. Elle décide de
créer une brigade de fusiliers marins. Le
jeune contre-amiral Ronarc'h, nommé en
juin 1914, prend le commandement d'une brigade
forte de 6 000 hommes qui deviendra
célèbre. Mais bientôt dans
le nord, les Allemands menacent de bousculer les
défenses belges, la défense de
Paris n'est plus à l'ordre du jour. La
brigade doit se porter au-devant de l'ennemi
dans les Flandres pour bloquer le passage vers
la mer. A
6h., l'avant-garde de la 22ème division
reçoit à Muno l'ordre d'occuper
Escombres (France) et les hauteurs voisines pour
couvrir la division; à 7h., le
régiment quitte Muno pour Escombres
où il s'installe en cantonnement
d'alerte Mardi
18,
rapport concis et éloquent du
général Joffre, daté de
Vitry-le-François : "Nous tenons les
vallées des Vosges : les Allemands ont
battu en retraite au sud de Sarrebourg. Nous
occupons une bonne partie de la Lorraine
annexée, nous sommes les maîtres de
la vallée de la Seille et dominons celle
de la Sarre; Château-Salins est à
nous. Partout notre artillerie a produit un
effet démoralisant sur l'adversaire. Mais
cette guerre de mouvement est très
incertaine". A
4h., le 62ème, qui a reçu la
mission d'organiser la position, en vue d'une
première résistance sur les lignes
nord et est d'Escombres pour forcer l'ennemi
à un déploiement
prématuré, sans se laisser
accrocher, commence les travaux de
défense qui sont terminés à
11h. Mercredi
19,
La reprise de Mulhouse par l'Armée
d'Alsace du général Pau a
été des plus brillantes (?), car
les ennemis ont été
repoussés en désorde au
delà du Rhin, sur le duché de
Bade, et nos avant-gardes sont en marche vers
Colmar et Neuf-Brisach. Jeudi
20
août,
les allemands entrent dans Bruxelles, ville
ouverte. Contre-offensive
allemande en Alsace. Repli de la VIIème
Armée française. Contre-offensive
allemande en Lorraine. Batailles de Dieuze et de
Morhange. La
22ème D.I. marche encore offensivement
vers le nord. Le 62ème formant
avant-garde de la division quitte Escombres
à 20h. et se porte dans une marche
extrêmement pénible à
travers les bois jusqu'à Auby (Belgique)
par Dohan, où il passe la nuit. L'accueil
est de nouveau excellent. Vendredi
21
août
: En Lorraine, retraite des détachements
français les plus avancésvers les
corps principaux, qui couvrent les ouvrages
avancés de Nancy et s'appuient sur le
Donon. En Belgique, l'armée belge est
entrée presque toute entière dans
le camp retranché d'Anvers. La cavalerie
allemande a traversé Bruxelles, puis a
continué sa route, la ville étant
frappée d'une contribution de 200
millions de francs. Les Allemands se sont
massés devant Namur et leur artillerie
lourde a commencé à envoyer des
boulets sur la place. Ils poursuivent leur
marche vers l'ouest, c'est à dire vers la
frontière française, par les deux
rives de la meuse. La
marche offensive de la 22ème continue et
le 62ème arrive à Bertrix à
16h. où il cantonne en se couvrant par
des avant-postes Samedi
22
août
: La retraite des troupes françaises
s'est accentuée en Lorraine. Elle a
coûté des pertes assez
sérieuses, mais l'ennemi a subi des
pertes égales. Il a été
arrêté par nos contingents au nord
de Lunéville et aucune de nos
unités n'a encore traversé la
Meurthe. D'ailleurs les opérations qui
ont lieu sur ce front n'auront qu'une valeur
secondaire. Tout l'intérêt se porte
sur la Belgique. Ici, les Anglais ont pris
contact à Waterloo avec les Allemands.
Heurts aux forces ennemies en avant de
Charleroi, entre cette ville et Namur,
c'est-à-dire sur un champ de bataille
classique et qui a été souvent
favorable aux armées françaises.
Les troupes allemandes cantonnées
à Bruxelles ont quitté
précipitamment cette capitale pour
descendre vers Namur par Nivelles. Combats
dans les Ardennes ; Paliseul, Neufchâteau,
Bertrix, Virton, Ethe et Rossignol. Au
matin, un petit poste de la 12ème cie du
62ème aperçoit une patrouille de
cavaliers allemands; il la repousse. Vers
10h., 2 avions ennemis apparaissent à
très faible hauteur; les avant-postes
ouvrent le feu, l'un des appareils est abattu,
mais l'autre réussit à
rentrer. Vers
midi, la division reprend la marche en avant. Le
62ème se dirige sur Paliseul, mais, avant
d'arriver, on entend la fusillade. Le
général de division pousse le
62ème sur Maissin pour appuyer les
régiments déjà
engagés. Le bat. Voilliard forme
l'avant-garde. Les
Allemands ont mis le feu au village. Arrivant
par le sud, on entend le bruit du canon et celui
de la fusillade qui augmentent
d'intensité. Les civils fuient, des
bles-sés du 2ème de chasseurs, du
19ème, du 118ème et du
116ème reviennent des lignes. C'est le
baptême du feu de la division. Le
62ème, quitte sa formation de marche, et,
par une marche d'approche se dirige sur Maissin.
Le terrain boisé est difficile; les
unités sont en butte aux feux de
l'artillerie allemande, puis de l'infanterie qui
occupe solidement Maissin. Le feu de
l'infanterie allemande devient extrêmement
violent, un ennemi invisible, en position sur
les hauteurs, avec un grand nombre de
mitrailleuses, ouvre un feu nourri sur toutes
les fractions qui essaient d'approcher; les
bataillons subissent des pertes
sérieuses. Cependant, les 1ère et
3ème cies réussissent à
progresser jusqu'à 600 m. du village.
Vers 19h., le clairon sonne la charge, les
hommes s'élancent à l'assaut,
Maissin est pris et 60 prisonniers sont
faits. Un
lieutenant du 35ème d'artillerie vient
prévenir le cap. Weisbecker, cdt le
demi-bat. (2ème et 4ème cies), que
les batteries sont compromises. Les hommes
mettent baïonnette au canon et chargent
l'ennemi, dépas-sent les batteries et
s'engagent dans un bois fortement tenu par
l'ennemi; accueillies par les tirs d'infanterie
et de mitrail-leuse, qui les prend de front et
de flanc, elles sont obligées de reculer.
Mais leur vigoureuse attaque arrête
l'avance de l'enne-mi et permet de
dégager les pièces
d'artillerie. Pendant
la nuit, les éléments du
62ème (9ème et 10ème cies)
qui ont pu pénétrer dans Maissin,
couchent dans le village et s'y organisent. Les
hommes sont réveillés dans la nuit
par une contre-attaque, le village est de
nouveau en feu, des coups de feu éclatent
de partout. Les hommes prennent la fuite,
après avoir repoussé 3
contre-attaques, et d'abandonner les
prisonniers. Le régiment se
débande. Dimanche
23,
le Japon déclare la guerre à
l'Allemagne Bataille
de la trouée de Charmes (au 25
août). Repli
général de la 5ème
Armée française Combats
des Britanniques à Mons. Vers
8h., sur renseignement d'un avion ennemi,
l'artillerie allemande déclenche un
violent bombardement et l'infanterie allemande
attaque fortement les environs de Maissin. Dans
la nuit, notre artillerie s'est retirée
sur Bouillon; les quelques fractions
d'infanterie qui tiennent encore, trop faibles
pour résister et sans espoir d'être
secourues, sont obligées, vers 10 h., de
battre en retraite pour éviter
d'être cernées. Elles se retirent
sur Bouillon où elles rallient le
régiment (qui se regroupe). Les hommes
couchent à la belle étoile, il
n'ont pas touché de ravitaillement depuis
2 jours. Dans
ces premières journées de bataille
un grand nombre d'officiers et de soldats
tombèrent glorieusement mais non sans
avoir fait subir à l'ennemi des pertes
plus lourdes. Lundi
24,
à 5h., la 22ème division bat en
retraite sur la Meuse. Le 62ème se dirige
par Illy et Givonne /Sedan, où il passe
le fleuve, le régiment traverse Sedan
sans s'y arrêter. Il cantonne dans un
bois, dans des tranchées à
Vadelincourt. Mardi
25
: le Japon déclare la guerre à
l'Autriche Le
62ème est alerté à 4h.. Il
reçoit l'ordre de mettre en état
de défense et d'occuper la position
Noyers, Vadelincourt et Fresnois avec mission
d'interdire les passages de la Meuse. A 9h.,
l'artillerie ennemie commence un tir court.
A
10h, notre artillerie répond. L'ennemi
pousse des éléments vers le pont
du chemin de fer de Bouillon imparfaitement
détruit, mais la violence de notre feu
d'infanterie et d'artillerie oblige ses
éléments à se replier dans
les rues de Sedan. L'artillerie lourde allemande
entre en action et contrebat nos batteries de 75
en position vers la Marfée. Le
régiment maintient ses positions et
bivouaque sur place. La
10ème cie du 62ème livre une
bataille terrible à Chevenges. Une
section reçoit l'ordre de se porter dans
un petit bois situé à 200 m. en
avant des lignes tenues par son unité. La
vingtaine d'hommes qui la composent atteint sans
difficulté le point fixé et
organise sa défense. Les Allemands, qui
ne s'étaient pas encore
manifestés, déclenchent alors un
feu nourri de mitrailleuses, les clouant au sol
et les empêchant de riposter. Aux moments
d'accalmie, les hommes allongés par
terre, relèvent un peu la tête et
s'interpelle:" Pierre ! Joseph ! Ca va ? " Au
début, tous répondent. Mais plus
le temps passe, moins il y a de voix à se
faire entendre. La mitraille continue toujours.
Bientôt, personne ne répond
à Paul Belan. Pour mieux voir autour de
lui, il se met à genoux derrière
l'arbre qui est supposé le
protéger. Il appelle encore. Plus
personne ne bouge autour de lui. Pour toute
réponse, des rafales de mitrailleuses.
C'est alors qu'il ressent comme une
brûlure à la lèvre
inférieure, en passant son doigt, il
constate que le sang coule. Il réalise sa
situation, saisit son arme, se relève et
court aussi vite qu'il le peut vers les lignes
françaises, malgré la mitraille
qui se déchaîne de plus belle. A
son capitaine qui lui demande: "Que se
passe-t-il ? Où sont les autres ? il
répond Ils sont tous morts". Jour de
chance pour les groisillons, aucun ne fait parti
de cette section. Les
hommes se ravitaillent sur les compte des
maisons et des animaux abandonnés. La
retraite continue, le 26, étape à
La Cassine, le 27 à Bulson, le 28
à Vendresse, nouvelle débandade du
régiment. Encore la retraite, le 29,
à Louvergny, le régiment est
attaqué dans la nuit, le 30, Pauvres, le
31, Machaud. La
nécessité imposait à Joffre
de regrouper ses forces désunies par une
série de combats locaux, tout en
présentant aux Allemands un front
incurvé, dispositif propice à une
manuvre d'enveloppement qu'il
espère tenter. Il signe les instructions
qui suivent dans la nuit du 25 août :
"Les armées de droite (1ère et
2ème) continueront à barrer la
route à la gauche ennemie. Les
armées du centre et de gauche
(3ème, 4ème et 5ème) et le
corps britannique rétrograderont
jusqu'à la ligne générale
Verdun-Laon-La Fère-haute vallée
de la Somme, en liant leurs mouvements et en
retardant l'avance de l'ennemi par des
contre-attaques courtes et violentes dont le
principal élément sera
l'artillerie. A la gauche et en arrière
de l'armée anglaise, un nouveau
groupement de forces destiné à
prendre l'offensive en direction Saint Pol-Arras
ou Arras-Bapaume, se réunira du 27
août au 2 septembre, soit au Nord
d'Amiens, soit au Sud, à l'abri de la
Somme". Ainsi
Joffre imagine de répliquer au
débordement allemand par un
débordement encore plus ample. Les
unités chargées de retarder au
maximum la poussée allemande ne devront
à aucun prix se laisser accrocher. Le
groupement de forces prévu à
l'aile gauche - la 6ème armée,
confiée au général Maunoury
- se voit assigner une double mission : endiguer
le déferlement des masses gris vert,
puis, le moment venu, les contre-attaquer de
flanc. Enfin, pour rétablir
l'équilibre numérique, Joffre
déplace vers l'Ouest le centre de
gravité de ses armées. Grâce
à une habile utilisation du réseau
ferré, ce sont 245.000 hommes,
prélevés en Alsace et en Lorraine
où les Allemands paraissent
arrêtés, qui seront
acheminées en Picardie, Ile-de-France et
Champagne. Dès
le mercredi
26,
Joffre commence le remaniement de ses cadres et
constitue la 6e armée qu'il place
à gauche des Anglais de French. La
6ème armée qui commence à
se rassembler sur la ligne de la Somme donne le
signal du redressement. Formation
du gouvernement Viviani, dit "d'Union
Sacrée". C'est
à ce moment que Moltke, jugeant la partie
gagnée sur le front occidental,
s'inquiète des mauvaises nouvelles venues
de Prusse orientale et ordonne le transfert de 6
corps d'armée sur le front russe. En
fait, 2 corps seulement y seront envoyés,
mais leur absence se fera lourdement sentir lors
des combats décisifs livrés sur la
Marne par la IIème et la IIIème
armées. Ce
même jour, Kluck (Ière
armée) affronte les Anglais au Cateau. Il
ne réussit pas à les envelopper
mais leur inflige de si lourdes pertes que le
maréchal French décide de se
replier rapidement vers le Sud-Est, sur La
Fère. Ce recul précipité
laisse la voie libre à Kluck et expose
dangereusement les 6ème et 5ème
armées françaises. Jusqu'au 6
septembre, les Anglais resteront dans une
prudente expectative. Décidément
tout semblait réussir, aux Allemands dont
la IVème armée passe la Meuse vers
Sedan le 26 et le 27 août ! De
ce jour (au 30), les Allemands
(généraux Von Hindenburg et
Ludendorff), grâce aux renforts
envoyés, remportent une éclatante
victoire contre les Russes, au sud de la Prusse
Orientale (bataille dite "de Tannenberg"). Mais
la 2ème Armée russe
(général Samsonov) est
encerclée puis anéantie. Les
Russes perdent 90.000 prisonniers, dont 13
généraux. Le général
Samsonov se suicide le 30. De
bon matin l'ennemi démasque une nombreuse
artillerie qui bat tous les plis du terrain
où se terre le 62ème.
L'artillerie, violemment prise à partie,
ne peut répondre. Profitant de ce
déluge d'obus, l'infanterie allemande,
qui a réussi à passer la Meuse
dans la presqu'île d'Ige, lance une action
à la gauche du front tenu par le
62ème. Pendant
que, sur le front de Vadelincourt, le
bombardement continue, l'infanterie ennemie
bouscule les faibles forces qui à
s'opposent à sa progression et s'empare
de Fresnois. Entre 16 et 17h., la fusillade se
fait nettement entendre derrière la
posi-tion de Vadelincourt qui doit être
abandonnée. Le
62ème, tourné sur sa gauche,
à 19h. reçoit l'ordre de se
replier sur Château Rocan au sud-ouest de
Chéhery Les
cies de gauche font face à l'attaque et
essaient de limiter les progrès de
l'ennemi. Le 3ème bat. reçoit du
général, cdt la 22ème D.I.
l'ordre d'exécuter, en liaison avec le
65ème, une contre-attaque sur
Fresnois. Ce
mouvement est arrêté par un feu
très violent de l'ennemi, qui tient
déjà les lisières nord des
bois de Fresnois et de la Marfée. Mais la
résistance de ces éléments
permet aux autres fractions du régiment,
engagées dans les bois de la
Marfée, d'en sortir et de se reformer au
nord-est de la ferme de St-Quentin. Les hommes
se ravitaillent sur les comptes des maisons et
des animaux abandonnés. A
14h., le 62ème est envoyé à
l'attaque dans la direction de Chevenges,
où quelques fractions parviennent
à pénétrer (8ème et
11ème cies), mais le gros ne peut
déboucher du bois qu'à la nuit
tombante. A
21h., le régiment occupe Chevenges avec
le 2ème bat. et quelques cies des 1er et
3ème bat. Dans la nuit, il reçoit
l'ordre d'évacuer ce village et de se
porter dans la direction de Chéhery. Les
éléments du régiment
bivouaquent vers Chéhery et la ferme de
Saint-Quentin (2ème bat.). Le
jeudi
27,
Moltke ordonne à ses commandants
d'armée de "marcher sur Paris".
"L'essentiel pour les armées
allemandes est de marcher sur Paris, de ne pas
laisser de répit aux armées
françaises, d'empêcher toute
nouvelle organisation de forces et d'enlever au
pays la plus grande partie de ses moyens de
lutte". A cet effet, la lère
armée (Kluck) marchant à l'Ouest
de l'Oise gardera le flanc droit des
armées, la IIème enlèvera
Maubeuge, Laon, La Fère et continuera sur
Paris, la IIIème axée sur
Château-Thierry prêtera main forte
à ses voisines, la IVème marchera
sur Épernay, la VIème et la
VIIème empêcheront l'irruption des
Français en Lorraine et en basse Alsace
avec de très grosses pertes. Ces
prescriptions sont conformes au plan Schlieffen,
mais la phrase finale de la directive
prévoit - (il est important de le
souligner) que des résistances
françaises peuvent obliger à
redresser la marche du Sud-Ouest en Sud. C'est
bien ce qu'il allait se produire, au
détriment des envahisseurs. la
22° D.I. bat en retraite sur Chaumont - St
Quentin. Le 62ème se reforme à
Malmy où doit être prise une
position de repli pour permettre à la
D.I. de se reconstituer. A 13h., le 11ème
C.A. reprenant l'offensive, le 62eme quitte
Malmy et se porte par Chéhery dans la
direction de Bulson - Saint--Quentin où
la D.I. doit contre-attaquer. Après
quelques coups de fusil tirés, une
véritable poursuite commence. Les
Allemands laissant de nombreux morts sur le
terrain fuient en désordre sur Noyers et
Pont-Maugis. Nos éléments les
poursuivent énergiquement jusqu'au bois
de Noyers, faisant une trentaine de prisonniers.
Quelques groupes du 69ème
dispersés participent, avec des
éléments du 137ème et de la
21ème division, à l'attaque de
Chaumont &endash; St Quentin et à la
prise d'un drapeau ennemi. Le régi-ment
bivouaque sur ses positions. Vendredi
28,
l'Autriche déclare la guerre à la
Belgique La
résistance de la Belgique a ralentie
l'offensive allemande. Notre frontière
franchie, il eût fallu que l'armée
allemande pût marcher sur Paris. Chaque
pouce de territoire lui a été
disputé. ler armées
françaises n'ont reculées nulle
part qu'aprés de durs combats. La
principale colonne de l'armée d'invasion
avance. Elle était hier dans la
forêt de Compiègne. Elle ne
reculera devant aucun sacrifice pour nous faire
entendre son canon. Cependant sur ses flancs,
nos armées et l'armée anglaise
continuent, soit à manoeuvrer, soit
à combattre. Malgré
l'énorme poussée de plus d'un
million d'hommes, l'heure marquée pour la
chute de Paris (11 aout) est passée.
L'armée française tient. Et,
dès lors, c'est l'état-major
allemand qui avoue l'échec de son plan.
Depuis deux jours les trains succèdent
aux trains, emportant de Belgique en Prusse des
troupes destinées à disputer aux
Russes la route de Berlin. Au
lever du jour, le 62ème se reporte en
avant et va s'établir au sud du bois de
Chéhery, prés de la route Bulson,
cote 299, en soutien du 116ème qui tient
le front à la lisière nord du bois
de Chéhery. Vers
10h., un mouvement de retraite se produit parmi
les éléments engagés vers
la ferme St-Quentin et à l'est
(44ème brigade et division de
réserve) le régiment
s'établit au nord-ouest de Bulson, tenant
les couloirs débouchant de
Thélonne. Il reste ainsi en position
jusqu'à 16h. A ce moment, il
reçoit l'ordre de se porter sur la ferme
St-Quentin pour appuyer l'offensive de la
division de réserve. Le régiment
bivouaque à la ferme, couvert dans la
direction du nord par le 3ème bat. aux
avant-postes. Aux
environs de Bapaume, après une patrouille
du 20ème Dragons devant la ligne
allemande, le 338ème Régiment
d'infanterie ( région de limoges)
s'était déployé. Le
commandement : " Baïonnette haute ! " avait
retenti et les malheureux "pantalons rouges ",
offrant une cible de choix aux mitrailleuses
allemandes, avaient chargé. Ils furent
immédiatement fauchés
... Selon
le rapport officiel, 19 officiers, 1 420
sous-officiers, caporaux et soldats ont
été tués. Si l'on tient
compte du nombre des blessés, on comprend
qu'après son premier combat, le
régiment n'existait plus. Il
en fut de même pour un autre
régiment de cette division, la
62ème Division d'infanterie, le
263ème Régiment d'infanterie qui
perdit 1 299 hommes. Tous ces massacres
étaient dus à l'application
stricte des ordres du Haut-Commandement
militaire. Le
général Ganeval, dans son ordre du
jour, en prenant le commandement de la division,
n'avait-il pas proclamé : " N'oubliez pas
que la baïonnette, l'arme française
par excellence, est l'ultime argument
". Ce
fut une véritable hécatombe
dès le premier mois de la guerre ;
d'août 1914 à décembre, 492
000 de nos soldats sont tombés,
c'est-à-dire davantage que pendant la
terrible année 1916, l'année de
Verdun. En
toute hâte, le général
Joffre releva de leur commandement 134 officiers
généraux, les envoyant en
disponibilité dans la 12ème
Région militaire, celle de Limoges
d'où l'expression " limoger "
restée célèbre. Le
samedi
29,
la vigoureuse contre-attaque de la 5ème
armée (Lanrezac) à Guise brise
l'élan de la IIème armée
(Bülow). De ce fait, la Ière
armée se trouve placée en
flèche et Kluck, stratège
impétueux et passablement
présomptueux, décide le 31
août d'infléchir sa marche vers le
Sud-Est, dans l'espoir de déborder les
Anglais et les Français de la 5ème
armée. Le
62ème quitte le bivouac pour reprendre
les positions de la veille. Il se porte ensuite,
par Connage--Omicourt et les bois, sur Vendresse
où la 43ème brigade doit
s'établir pour couvrir la retraite du
C.A. Le 62ème occupe la hauteur à
l'ouest de Vendresse, 2ème et 3ème
bat. en 1ère ligne, battant les
lisières du village et des bois
Charlemagne. Le 1er bat. en réserve
à Terron les Vendresse. A
15h., le régiment quitte ses emplacements
et se dirige Terron les Vendresse, sur Louvergny
où il s'établit en cantonnement
bivouac, sous la protection d'avant-postes
fournis par le 116ème R.I. Le
62ème régiment est attaqué
dans la nuit, et nouvelle
débandade Le
dimanche 30,
Joffre donne l'ordre de repli
général vers la Seine. Le
11ème C.A. reprend son mouvement de
retraite sur l'Aisne. La 43ème brigade
ouvre le mouvement en se portant sur Marquigny,
la Saboterie, Tourteron Ecordal. Mais l'ennemi,
qui a poussé fortement dans la direction
du sud, tient déjà Tourteron. Le
régiment oblique alors vers le sud, et se
porte par Mametz /Suzanne où il
reçoit l'ordre de contre-attaquer sur
Tourteron, en liaison avec la 60ème
division de réserve. Ce mouvement ne peut
s'exécuter en raison du repli de cette
division. Le 62ème se porte alors sur
Attigny, où il passe l'Aisne, il marche
ensuite sur Vaux-Champagne où il
bivouaque. Pendant la nuit, il met en
état de défense les hauteurs au
sud d'Attigny. Le
lundi 31,
Compiègne à 80 km de Paris est
occupé. Foch
est appelé au commandement de la 9e
armée, nouvellement créée.
Pendant ce temps, l'avance aisée de la
Ire armée allemande, pourtant
ponctionnée de quelques divisions pour
renforcer le front russe, entraîne son
chef à prendre un raccourci par rapport
au plan initial. A
5h., le 62ème reçoit l'ordre de
quitter ses positions et de se porter au
nord-est de Pauvres où la 43ème
brigade, formant arrière-garde doit
s'établir sur 2 lignes : le 62ème
à droite, le 116ème vers Pauvres.
-
1ère Une ligne de résistance sur
la première crête au sud de la
route Pauvres-Coulomnes (2ème et
3ème bat. accolés) avec des
éléments de surveillance au nord
de cette route. -
Une 2ème ligne sur la crête au sud
de la précédente (1er bat.). Le
régiment conserve les mêmes
positions le 1er sept. Lançant
ses troupes à marche forcée, Kluck
atteint le mardi 1er
Crépy-en-Valois
et Villers-Cotterêt, prêt,
semble-t-il, à attaquer Paris dont ses
avant-gardes ne sont qu'à quelques
dizaines de kilomètres. Mais le 5
septembre au matin Kluck reçoit, à
La Ferté Milon, un message radio que
Moltke lui envoie ainsi qu'à Bülow :
"L'intention de la Direction Suprême
est de refouler les Français en direction
du Sud-Est en les coupant de Paris. La
Ière armée suivra la IIème
en échelon et assurera en outre la
couverture du flanc des armées". Mais
au lieu d'arrêter sa marche vers le
Sud-Est, il l'accélère. Le sort en
est jeté : ses divisions franchissent la
Marne à Château-Thierry et à
l'Ouest. Dès lors, non seulement il ne
protège plus le flanc droit allemand mais
il gêne la progression de l'armée
Bülow. La faute est grave, mais en avance
d'une étape sur Bülow, il lui
fallait pour l'attendre s'immobiliser pendant
deux jours, ce qui aurait laissé le temps
aux Anglais et aux Français de se
ressaisir. Retraite
générale des armées
françaises et anglaises sur une ligne
Bray/seine, Nogent/seine, Arcis /aube Vitry le
François, Bar le Duc C'est
le glissement vers le Sud-Est des armées
allemandes qui va donner à Joffre
l'occasion patiemment attendue d'une
contre-offensive victorieuse. Encore fallait-il
qu'il connût, avec une certitude
suffisante, les mouvements de l'envahisseur. Or,
le mercredi
2 l'état-major
est encore persuadé que les Allemands
marchent sur Paris. Le gouvernement quitte la
capitale où le général
Gallieni s'apprête à soutenir un
siège, comme en 1870 ! Le changement
d'orientation des armées allemandes est
discerné dès le 31 août par
une reconnaissance de cavaliers, confirmé
par les missions d'observation d'aviateurs
anglais et français de la 6ème
armée. Prise de Senlis. Mais il faut
attendre le 3 septembre pour que ces
renseignements soient pris en
considération par l'entourage de
Gallieni. Il comprend vite, malgré les
doutes qui l'assaillent ("Je n'ose y croire,
ce serait trop beau ! "), le parti que l'on
pouvait tirer d'une attaque menée depuis
le camp retranché contre les colonnes
allemandes en marche.Cette manoeuvre inattendue
incite alors le gouverneur de Paris,
Galliéni, de tenter une manoeuvre
hardie. La
22ème D.I., qui doit se porter sur
Moronvillers, laisse en arrière-garde le
116ème chargé de tenir la Suippe;
le 62ème, soutenu par un groupe
d'artillerie, doit tenir Moronvillers. Les 1er
et 3ème bat. occupent les hauteurs
à l'est et au nord du village. Le
2ème bat. placé au sud, en
réserve, est en même temps soutien
d'artillerie. Vers 15h., l'ennemi, après
avoir forcé le 116ème à
battre en retraite, attaque. La ligne tient
parfaitement sous le feu jusqu'à 16h..
À ce moment, l'ennemi bombarde violemment
Moronvillers qu'il incendie et occupe. Vers 19h,
une contre-attaque, menée par des
éléments des 3 bat., reprend le
village, mais l'ennemi, qui reçoit sans
cesse des renforts, s'en empare à nouveau
vers 21h.. Le régiment, qui a reçu
alors l'ordre de se replier, gagne Prosne
où il arrive à 23h. et il
cantonne. Le
jeudi 3,
le 11ème C.A. continue sa retraite sur la
Vesle. Le 62ème quitte Prosne à
4h. et se porte par Mourmelon-le-Petit, sur les
Grandes Loges où il s'est établi
à 12h. en position d'attente. À
15h., le 2ème bat. est envoyé vers
Ligny s/vesle et Louvercy, en soutien du
118ème qui défend la voie
ferrée de Chalons à Reims. Ce bat.
s'engage vigoureusement et occupe le talus de la
voie ferrée où il se maintient
jusqu'à 18h.. À ce moment, le feu
d'artillerie redouble pendant qu'un mouvement
d'infanterie se produit sur la droite du bat. Ce
dernier quitte alors la voie ferrée pour
occuper une position plus au sud et, à la
nuit, sur l'ordre qui lui donné, rejoint
à la Veuve, le 62ème qui bivouaque
en ce point. Dès
le vendredi 4,
avant d'en référer à Joffre
étant donné l'urgence de l'action,
Gallieni rassemble toutes les forces disponibles
du camp retranché (6.000 soldats), pour
agir rapidement, il réquisitionne tous
les taxis parisiens afin de transporter les
hommes (c'est épisode des "Taxis de la
Marne") et ordonne à la 6ème
armée (Maunoury) de marcher sur le flanc
droit de Kluck entre Senlis et Meaux. Ce renfort
inespéré de troupes fraîches
pèsera lourd dans la victoire de la
Marne. Au même moment, les renseignements
lui étant parvenus à son Quartier
Général de Bar-sur-Aube, Joffre
eut la même idée et comprit qu'il
fallait "profiter de l'occasion". Aussi
approuvera-t-il entièrement le projet de
Gallieni que vint lui exposer un officier de
liaison. Joffre dira plus tard, non sans humour
: "Je ne sais pas qui a gagné la
bataille de la Marne. Mais si elle avait
été perdue, ce serait moi le
responsable". Joffre décide que l'on
se battra sur la Marne. Mais que feront les
Anglais dont le concours est indispensable ? Et
les troupes harassées par 15 jours de
retraite seront-elles en état de
reprendre l'offensive ? Enfin quelle date fixer
pour le jour J. ? Joffre hésite, envisage
le 7, puis, sur l'avis de Franchet d'Esperey
(nouveau général commandant la
5ème armée) et après un
ultime coup de téléphone de
Gallieni, il avance la date au 6 septembre.
Aussitôt il rédige et signe les
dispositions générales en vue de
la bataille prochaine. Le
gouvernement français quitte Paris pour
se réfugier à Bordeaux. Le
général Lanrezac est
limogé, et remplacé par Franchet
d'Esperey (Vème Armée
française). A
4h, le 62ème quitte le bivouac. La
43ème brigade doit, sous la protection du
19ème, traverser la Marne et se porter
dans la direction de Chéniers. Le
62ème franchit la Marne à Matougue
où il laisse les 2ème et
3ème cies et une section de mitrailleuses
pour permettre le passage des derniers
éléments du 11ème C.A.. Le
reste du régiment est arrêté
à St-Pierre aux Oies, où ils
reçoivent, à 16h, l'ordre de
reprendre le mouvement sur Chéniers. En
arrivant à la ferme Notre-Dame, l'ordre
est donné de l'organiser
défensivement, puis à 18h. celui
de reprendre la marche dans la direction de
Soudron, que le régiment atteint à
22h. et où il bivouaque. Dès
le samedi
5,
la 6ème armée devra faire
mouvement sur la rive nord de la Marne en
direction de Meaux pour être prête
à attaquer le 6 en même temps que
l'armée anglaise placée à
sa droite. A Gallieni venu s'enquérir le
4 des intentions anglaises, l'état-major
de French, siégeant au collège J.
Amyot de Melun, avait donné une
réponse évasive. Au dernier moment
le maréchal French paraissait
hésiter. L'abstention des Britanniques
aurait compromis les chances de succès du
plan français. Aussi Joffre se rend-il,
en personne, au Q.G. du maréchal French
au château de Vaux-le-Pénil,
près de Melun. L'entrevue fut
émouvante, mais il fallut toute
l'insistance de Joffre pour obtenir l'accord du
général en chef anglais.
Après quoi, Joffre regagne son nouveau QG
à Châtillon-sur-Seine, d'où
il dirigera sa bataille. A
St-Pierre, le bivouac est levé et le
62ème se porte, par Vatry, sur
Sommessous. A 9h, il reçoit l'ordre de
s'installer, en position défensive, au
nord de Sommessous pour protéger le repli
de la 22ème D.I. dans la direction de
Mailly. Les 2ème et 3ème bat.
prennent position de chaque côté de
la route de Chalons, sur les cotes 196 et 190.
Le 1er bat. est en réserve. A 17h., les
dispositions sont modifiées. La
43ème brigade doit tenir solidement
Sommessous et les passages de la Somme. Le
116ème s'établit dans le village,
son 3ème bat. à l'ouest gardant le
pont du chemin de fer et la voie ferrée,
son 1er bat. tenant les ponts d'Haissimont
Vassimont et organisant une nouvelle position en
arrière. La
bataille de la Marne s'engage dès
le 6 septembre sur toute la ligne de front.
L'ensemble
des armées françaises,
ainsi que la petite armée
anglaise, se préparent à
prendre l'offensive le 6 septembre. A
cet instant de la bataille, on trouve,
d'ouest en est : * La 6e
armée (général
Maunoury, ex-commandant de
l'armée de Lorraine dissoute par
Joffre le 26 août). Elle occupe
un front allant de l'Oise à
Meaux. *
L'armée britannique de French,
jusqu'au sud-ouest de
Château-Thierry. * La
5ème armée (Franchet
d'Espérey). Elle occupe le front
dans la région de
Sezanne. * La
9ème armée
(général Foch),
jusqu'à
Vitry-le-François. * La
4ème armée
(général de Langle de
Cary), jusqu'à
Revigny. * La
3ème armée
(général Sarrail,
nommé à la place du
général Ruffey, le 30
août) se positionne autour de
Verdun. * La
2ème armée
(général de Castelnau),
toujours devant Nancy. * La
1ère armée
(général Dubail), devant
Epinal. Entre
l'Ourcq et la Meuse, toute l'aile
gauche franco-britannique prend
l'offensive le 6 septembre. Le
6,
Joffre adresse une proclamation aux
armées qui deviendra historique : " Au
moment où s'engage une bataille dont
dépend le salut du Pays, il importe de
rappeler à tous que le moment n'est plus
de regarder en arrière. Tous les efforts
doivent être employés à
attaquer et repousser l'ennemi. Toute troupe
qui. ne peut plus avancer devra, coûte que
coûte, garder le terrain conquis et se
faire tuer sur place plutôt que de
reculer. Dans les circonstances actuelles,
aucune défaillance ne peut être
tolérée. " L'ordre
du général Joffre "Se faire tuer
sur place plutôt que de reculer" est lu et
commenté dans toutes les unités.
Cet ordre produit une impression profonde.
Malgré les dures épreuves subies
pendant la retraite, chacun sent la
nécessité de s'arrêter, de
se sacrifier, de ne plus reculer. On se
prépare au combat. Cette
gigantesque bataille met aux prises
pendant six jours pres de deux millions
d'hommes. A let, les IVe et Ve
armées allemandes ne parviennent
pas à faire sauter le "verrou de
Verdun" que Sarrail défend avec
acharnement. A l'est, von Kluck talonne
par Maunoury bat en retraite sur
l'Ourcq. Le 8, les Anglais de French et
la cavalerie passent le Petit Morin et
s'enfoncent dans la trouée
ouverte entre les Ire et IIe
armées de von Kluck et von
Below. Au centre, 9e armée de
Foch tient bon, face aux tentatives de
dislocation. A droite, toutes les
attaques du Kronprinz sur Verdun sont
repoussées et Castelnau,
à la faveur de la bataille du
Grand Couronne, dégage Nancy. La
situation périlleuse de leur
aile droite, complètement
disloquée et menacée
d'être coupée en deux,
incite les Allemands à battre en
retraite (9-12 septembre). Ils ne sont
pas repoussés plus loin que
l'Aisne, mais ils se trouvent
moralement ébranlés car
ils doivent continuer à
combattre, non plus pour
écraser, mais pour ne pas
être écrases, alors que
les Français reprennent
confiance. *
la 6ème armée sous les
ordres du général Maunoury a la
tâche d'attaquer de front et de
déborder par sa droite le IVème
corps de réserve allemand. La droite
française (groupe de Lamaze) lance des
attaques vigoureuses, dès le point du
jour, elle repousse les allemands de
Saint-Soupplets et de Monthyon; à 9
heures, elle atteint le front de
Chambry-Barcy-Oissery; mais, à l'aile
gauche qui doit effectuer le mouvement
débordant, le 7ème corps rencontre
près d'Étavigny une partie du
IIème corps actif allemand qui s'est
décroché de l'armée
anglaise et qui est arrivé, à
marches forcées, au secours du
IVème corps. C'est
le début de l'habile manuvre de von
Klück; il s'est aperçu du danger que
fait courir à son armée l'attaque
de flanc de Maunoury et va profiter de
l'état de fatigue de l'armée
anglaise pour jeter toutes ses forces sur la
6ème armée, l'arrêter et
éviter ainsi un désastre. La
bataille pour Paris commence ! En fin de
journée, les Français occupent la
ligne Chambry - Marcilly - Puisieux -
Acy-en-Multien. L'armée anglaise a
continué à se redresser et atteint
la ligne Crécy-en-Brie -Coulommiers-
Choisy-en-Brie. *
le même jour, la 5ème
armée (composée du 1er C.A. -
1ère et 2e D.I.-, du 3e C.A. - 5e, 6e et
37e D.I.- du 10e C.A.
(du
6 au 8 septembre et à partir du
12/9)
avec 19e, 20e et 51e D.I., du 18e C.A. -
35e, 36e et 38e D.I.- et du 4e G.D.R. : 53 et
69e D.R.) sous les ordres du
général Franchet d'Esperey
conformément aux ordres du
généralissime, les troupes,
oubliant leur fatigue, reprennent l'offensive
dès 6 heures du matin. La lutte est dure
et l'avance assez faible, car, sur le front de
la 5e armée, les Allemands ont des
positions dominantes, et aucun
prélèvement n'a encore
été fait dans leurs effectifs en
faveur d'autres secteurs. Le
10e Corps partant du nord-est de
Sézanne, sa gauche atteint Les Essarts,
s'y bat violemment, repousse les allemands et
poursuit sa progression au delà de la
forêt du Gault ; mais, dans
l'après-midi, le 10e corps de
réserve allemand, débouchant de
Montmirail, l'oblige à se retirer dans la
forêt. La
20ème division française, formant
la droite du 10e Corps, marche en liaison avec
la 42e division qui constitue la gauche de la
9ème armée et elle participe aux
combats pour la possession de La
Villeneuve-lès-Charleville. Un combat
opiniâtre s'y déroule, les
français sont d'abord chassés par
une offensive allemande, mais reprennent le
village puis sont encore chassés.
Finalement une attaque menée à la
baïonnette permet aux français de
prendre définitivement le village de
Villeneuve-lès-Charleville aux allemands.
Ceci très tard dans la nuit . Composition
du 10e C.A. (1ère
armée de l'Ouest)
(général Desforges,
chef d'état-major : colonel
Paulinier). 19ème
D.I. (général
Bailly) 37e
brigade (colonel
Pierson) 48e
R.I. (de Guingamp), 71e
R.I. (de St
Brieuc) 38e
brigade (lt-colonel
Passaga) 41e
R.I. (de Rennes), 70e R.I. (de
Vitré) Cavalerie 1
escadron du 13e hussards (de
Dinard) Artillerie 3
goupes de 75 du 7e R.A.C. (de
Rennes) Génie Compagnie
10/1 du 6e regiment
(d'Angers) 20ème
D.I.(général
Rogerie) 39e
brigade (général
Ménissier) 25e
R.I.(de Cherbourg), 136e R.I.
(de St Lo ) 40e
brigade (colonel de
Cadoudal) 2e
R.I. (de Granville), 47e R.I.
(de St Malo) Cavalerie 1
escadron du 13e hussards (de
Dinan) Artillerie 3
groupes de 75 du 10e R.A.C.
(de Rennes) Génie compagnie
10/2 du 6e régiment
(d'Angers) 51ème
D.R. (général
Boutegourd) 101e
brigade (général
Petit) 233e
R.I., 243e R.I., 327e
R.I. 102e
brigade (général
Leleu) 208e
R.I., 273e R.I., 310e
R.I. Cavalerie
2
escadrons
du
4e
cuirassiers (de
Tours) Artillerie 1
groupe 75 du 15e R.A.C.(de
Douai), 1 groupe 75 du 27e
R.A.C. (de Douai), 1 groupe 75
du 41e R.A.C. Génie compagnies
1/13,
1/24
du
3e régiment, compagnie
22/17 du 1er régiment
et D.T./8e Réserve
d'infanterie 241e
R.I., 270e R.I. Cavalerie
13e
hussards (de Dinan) Artillerie 4
groupes
du
50e
R.A.C. Génie compagnies
10/3, 10/4, 10/16, 10/21 du 6e
régiment (d'Angers) et
S.Pont.; D.T./8e *
Toujours le même jour et bien qu'en
sensible infériorité
numérique, la 9e armée,
(composée du 9e C.A. - 17ème D.I.,
D.M., 52ème et 18ème D.I.-, du
11e C.A. : 21ème,
22ème, 60ème et
18ème D.I. (du
8 au 13/9 inclus)-,
du 10e C.A. - 19ème, 20ème et 51e
D.I. (du
9 au 11/9)
et du 21ème C.A. - 13ème et
43ème D.I.
(à partir du 14/9, 42e
D.I.)
sous l'énergique impulsion du
général
Foch,
ne se borne pas à la défensive
passive. Elle essaie de gagner du terrain, mais,
après une journée de lutte
violente, parvient à grand-peine à
conserver ses positions. Composition
du 11e C.A. (général
Eydoux; chef d'état-major :
colonel
Weywada). 21ème
D.I. (général
Radiguet) 41e
brigade (colonel de
Teyssière) 64e
R.I. (d'Ancenis), 65e R.I.
(de Nantes) 42e
brigade (colonel Lamey,
jusqu'au 8/9, puis colonel
Bouyssou) 93e
R.I. (de la Roche/Yon), 137e
R.I. (de Fontenay le
Comte) Cavalerie 1
escadron du 2e chasseurs (de
Pontivy) Artillerie 3
goupes de 75 du 51ème
R.A.C. Génie Compagnie
11/1 du 6e
régiment 22ème
D.I. (général
Pambet) 43e
brigade (général
Costebonel) 62e
R.I.(de Lorient), 116e
R.I. (de
Vannes) 44e
brigade (général
Chaplain) 19e
R.I. (de Brest), 118e R.I.
(de Quimper) Cavalerie 1
escadron du 2e chasseurs (de
Pontivy) Artillerie 3
groupes du 35e R.A.C. (de
Vannes) Génie compagnie
11/2 du 6e régiment
(d'Angers) 60ème
D.R. (général
Joppé) 119e
brigade (général
Reveilhac) 247e
R.I., 248e R.I., 271e
R.I. 120e
brigade (général
Margueron) 202e
R.I., 225e R.I., 336e
R.I. Cavalerie
2
escadrons
du
24e
dragons (de Dinan) Artillerie 1
groupe 75 du 7e R.A.C. (de
Rennes), 1 groupe 75 du 10e
R.A.C. (de rennes), 1 groupe
75 du 50e R.A.C. Génie compagnies
10/13, 10/19,
10/24
du
6e
régiment (d'Angers) et
D.T./8e 18ème
D.I. (général
Lefèvre) (rattaché
au 11eme CA du 8 au 13
sept) Réserve
d'infanterie 293e
R.I., 337e R.I Cavalerie
état-major
et 4 escadrons du 2e chasseurs
(de Pontivy) Artillerie 4
groupes
du
28e
R.A.C. (de Vannes) Génie compagnies
11/3, 11/4, 11/16, 11/21 du 6e
régiment (d'Angers) et
S.Pont.; D.T./8e Les
troupes de Foch ont été durement
éprouvées par la retraite.
Certaines unités ont subi des pertes
sévères; beaucoup d'officiers ont
été tués. Un
régiment, le 65e R.I., a perdu tous ses
officiers supérieurs. Le plus
élevé en grade des survivants est
un capitaine. Le 118e R. I. n'a plus qu'un
commandant. " Quelle pagaille ! quelle
purée ! " avait murmuré
quelques jours plus tôt le
général Dubois, chef du 9e corps,
voyant passer ses soldats devant lui. " Le
spectacle était effrayant, rangs
mélangés... allure
traînante... Les hommes hâves,
déguenillés, la plupart sans
havresac, plusieurs sans fusil, quelques-uns
marchant péniblement, appuyés sur
des bâtons et semblant sur le point de
succomber au sommeil.
"
Le
général avait d'ailleurs
ajouté : "Oui, mais ce sont des
Français. Deux ou trois jours de repos...
peut-être moins, un peu de sommeil, du
ravitaillement et il n'y paraîtra
plus." A
cette armée harassée, Joffre n'a
assigné qu'une tâche raisonnable :
tenir, en gardant le contact avec ses voisins.
Pour y parvenir, Foch va, inlassablement,
exhorter ses hommes à l'offensive.
Peuvent-ils progresser réellement ? Foch
n'y croit guère mais, en tendant vers
l'avant la volonté des soldats, il
écarte de leur esprit toute idée
de retraite. La " volonté de vaincre ",
le " ressort moral ", jamais Foch ne trouvera
une meilleure occasion d'en utiliser les
ressources et d'appliquer les principes qu'il
avait lui-même professés à
l'Ecole de Guerre. Il va effectivement s'y
employer. A ses généraux,
accablés par l'âpreté de la
lutte, l'état d'épuisement de
leurs hommes, la maigreur des effectifs et qui
demandent à rompre un combat qu'ils
croient perdu, Foch oppose un refus
catégorique et persistant, refus qui
s'exprime en phrases brusques, hachées,
proférées d'un ton tranchant,
ponctuées des gesticulations habituelles
: " Attaquez ! Cramponnez-vous au terrain !
Tenez ! Vous n'avez rien d'autre à
faire. " La
42ème division prend l'offensive avant le
jour dans la direction générale du
nord-ouest, mais le 10e Corps allemand,
débouchant de Corfélix et des
hauteurs de Saint-Prix, contre-attaque en force
et l'oblige à reculer. Le combat reprend,
le "brave" Grosseti, "un centaure" dit-on,
entraîne sa 42ème division contre
Soizy et Villeneuve que défend tout le
10eme corps prussien. Devant un ennemi deux fois
supérieur en nombre, les 94ème,
151ème et 162ème régiments
d'infanterie; les 8ème, 16ème et
19ème bataillons de chasseurs à
pied, appuyés par le 61ème
régiment d'artillerie de campagne, font
des prodiges. Le combat est extrêmement
violent. La Villeneuve, perdue à 8 heures
du matin, est reprise à 9 heures,
reperdue vers midi et enfin reconquise la nuit
à la baïonnette par les
français . Le
9ème Corps après s'être
organisé défensivement à la
lisière sud des marais de Saint-Gond,
doit tenter de déboucher vers
Champaubert. La gauche de la division du Maroc
reçoit l'ordre de se porter sur
Saint-Prix et Baye, et la brigade Blondlat, bien
avant le jour, essaye à nouveau d'enlever
Congy, déjà attaqué la
veille sans succès. Mais le mouvement
offensif est bientôt arrêté,
et si la brigade Blondlat arrive à
dépasser Courjeonnet, elle est ensuite
prise sous le feu de l'artillerie adverse et ne
progresse plus. A 9 heures du matin, elle est
décimée, les Allemands ayant
refoulé à sa droite les
éléments de la 17e division qui
tenaient Toulon-la-Montagne ; peu après,
elle est obligée de rétrograder au
sud des marais. L'après-midi, la division
du Maroc reste sur la défensive et la
lutte devient encore plus intense. A la gauche
un combat épique s'engage sur la
crête appelée "Signal du Poirier".
La crête du Poirier est perdue, mais les
tirailleurs parviennent à s'accrocher aux
pentes sud, au prix d'efforts inouïs. Sur
la droite, les français retranchés
dans Oyes, Reuves et Broussy-le-Petit
résistent à toutes les attaques
allemandes . Dans
la matinée, la 17e division et la 52e
division de réserve s'établissent
à la lisière sud-est des marais,
en s'appuyant sur le Mont-Août. Pendant ce
temps, le 135e R.I., resté la veille au
soir en arrière-garde, livre des combats
violents à Toulon-la-Montagne et à
Morains-le-Petit, mais est obligé de
battre en retraite et, repassant les marais, va
se reformer au Mont-Août. Ce recul
découvre, comme on l'a vu plus haut, la
brigade Blondlat, de la division marocaine, qui
lutte au nord des marais. Le 77ème R.I.
tente de rétablir la liaison et
après avoir organisé une base
défensive à Bannes, il traverse
les marais, entre en action à Coizard et
marche vers Toulon; mais, après avoir
héroïquement combattu, il doit se
replier sous le feu de l'artillerie. Le
9e corps ne peut progresser et doit renoncer
à se maintenir au nord des marais, mais
il parvient, malgré les violentes
attaques qu'il subit, à garder presque
intacte sa ligne de résistance au sud des
marais. A
droite du 11e C. A. s'installera la 60e D.R.
Enfin, la 9e division de cavalerie s'efforce
d'occuper les solitudes du camp de Mailly. Au
delà, plus rien, le vide. Les premiers
soldats de l'armée Langle de Cary sont
bien plus loin, vers l'est. Foch doit donc
porter en avant toutes ses réserves pour
étayer sa ligne, et le soir, bien
qu'engagé dans un très dur combat
contre des forces deux fois supérieurs en
nombre, il n'a déjà plus aucune
troupe disponible. Il n'a plus rien, mais il a
son génie et son imperturbable optimisme
. On
pouvait toutefois se demander si
l'énergie verbale et le refus de battre
en retraite suffiraient à maintenir un
front assez fragile, surtout à l'aile
droite où le " malheureux 11e corps ",
l'unité la plus malmenée de
toutes, défend un secteur de 12
kilomètres. Plus loin, la 9e division de
cavalerie, dont les chevaux sont constamment
fourbus, s'efforce de masquer, par une
présence d'ailleurs à peu
près inactive, le vide de 12
kilomètres qui s'ouvre entre elle et la
4e armée. Que les Allemands
découvrent ce vide, s'y engouffrent et
c'est la percée et la dislocation du
front français. *
Toujours le même jour, la 4eme
armée sous les ordres du
général De Langle de Cary,
s'efforce d'arrêter la marche des troupes
allemandes; sa tâche est lourde car elle a
dû prendre ses positions presque au
contact des forces qui la poursuivent et seule
son aile gauche, constituée par le 17e
corps qui a retraité en tête de
l'armée, a gardé assez d'aisance
pour un retour offensif. Par endroits, elle sera
encore obligée de reculer, mais
néanmoins, au cours de cette
journée, elle parvient à fixer le
gros des troupes adverses. Le
17ème Corps se porte vers le nord.
Malgré le feu de l'artillerie adverse
établie au nord de la voie ferrée
de Sommesous à Vitry, une vive lutte
d'infanterie se déroule à l'ouest
du château de Beaucamp; le soir, le 17e
corps français refoule le 19e saxon et
porte ses avant-postes auprès de la ligne
de chemin de fer, à l'ouest de Huiron.
Le
12e corps réduit, à quelques
bataillons de ligne, perd, après une
résistance acharnée, Frignicourt,
Courdemanges et Huiron. Mais l'adversaire, trop
éprouvé, ne tire pas parti de son
avance, et les Français reprennent dans
la soirée ces deux derniers villages.
A
la gauche du Corps colonial, après une
lutte violente sur le canal de Saint-Dizier, les
Allemands passent sur la rive sud, attaquent en
force, mais ils sont repoussés par les
français et ne peuvent entamer la ligne
Blaise-Norrois-Matignicourt. Sur la droite,
Vauclerc et Ecriennes tombent aux mains des
allemands après de durs combats.
Les
attaques allemandes sont soutenues par un feu
violent d'artillerie dirigé de
Heiltz-l'Evêque et Heiltz-le-Maurupt. Au
cours de la matinée, le canal est
forcé à l'ouest de Le Buisson. Au
même moment, les Allemands obligent
à se resserrer sur sa gauche le Corps
colonial, avec lequel le 2ème Corps est
alors menacé de perdre tout contact. Mais
le général Gérard, qui
commande ce dernier corps, bouche aussitôt
la brèche : profitant de ce que la
situation est plus favorable du
côté de la 4e division qui tient le
front Pargny-Sermaize, il envoie à
travers bois l'une de ses brigades (la brigade
Lejaille) autour de Favresse, pour remplacer les
coloniaux. La
lutte s'étend bientôt sur le canal
à l'est de Le Buisson; à 15
heures, tous les ponts jusqu'à
Étrepy sont tombés. Pargny,
après un terrible bombardement, est
attaqué par le nord et par l'ouest, mais
les français résistent à
tous les assauts allemands. Entre Pargny et
Sermaize, l'infanterie allemande occupe
Alliancelles, mais son attaque s'est
brisée devant Remennecourt bien
défendue par les
français. *
L'ordre général d'opération
prévoit, pour cette même
journée, l'attaque du flanc gauche
allemand par la 3e armée, sous les
ordres du général Sarrail, attaque
qui doit correspondre à celle
exercée sur le flanc droit par
l'armée Maunoury vers l'Ourcq. Mais les
Allemands prennent les devants avec des forces
presque doubles. Ils concentrent leur effort sur
le 5e corps, qui est en liaison avec
l'armée de Langle de Cary. Ce corps plie
sous le choc, mais fait payer chèrement
le terrain qu'il est contraint d'abandonner;
quant au 6e corps, il parvient à peine
à conserver ses positions, malgré
l'appui du groupe des divisions de
réserve qui cherchent à
déborder l'aile gauche allemande.
Les
Allemands prennent l'offensive un peu avant 6
heures du matin. Sommeilles et Nettancourt sont
perdus. Le feu d'artillerie est si intense sur
Noyers que ce village doit être
évacué. Dès lors, les
Allemands manuvrent pour accentuer la
poussée qui doit briser la liaison entre
les armées Sarrail et de Langle de Cary;
ils descendent sur Villers-aux-Vents, au nord
duquel la bataille fait rage. Dans la
matinée, le général Roques,
commandant la 10e division (homonyme du
général commandant le 12e corps,
futur ministre de la guerre), est blessé
mortellement. Toute la journée, le 5e
corps se défend pied à pied;
cependant, tour à tour,
Villers-aux-Vents, Brabant-le-Roi, Revigny,
Laimont sont abandonnés, après que
des pertes importantes ont été
subies de part et d'autre. Le soir, la ligne
passe par Vassincourt, Louppy-le-Château
et Villotte. Les
Allemands devancent l'offensive du 6ème
Corps, et le général Verraux doit
d'abord résister sur la ligne
Sommaisne-Beauzée-Deuxnouds. Vers 10
heures du matin, l'attaque française se
lance malgré la supériorité
numérique des forces adverses. A la
gauche, la 17e brigade, qui a été
prêtée par le 5e corps,
dépasse Pretz et parvient à
l'ouest d'Evres, mais, prise de flanc par les
feux allemands, elle est obligée de se
replier. Le centre, après avoir fait
quelques progrès, se voit contraint
d'abandonner Sommaisne pour s'établir
entre ce village et l'Aire. Il évacue
également Beauzée et Deuxnouds et
se retire au nord et à l'ouest de
Seraucourt. A droite, la 40e division, partant
de Seraucourt, attaque dans la direction de
Saint-André. Après avoir combattu
sous bois toute la journée, elle regagne
à la nuit Seraucourt. Lorsque
la gauche du 6e corps passe à
l'offensive, les 75e et 67e divisions de
réserve (3ème groupe de division),
qui ont quitté leur cantonnement dans la
nuit du 5 au 6, attaquent d'Issoncourt et de
Souilly dans la direction de
Saint-André-Ippécourt. Pendant
tout le jour, elles luttent avec acharnement,
réussissent à progresser jusque
vers Saint-André-Osches, mais sont
finalement rejetées sur la ligne Signal
d'Heippes-Souilly. Dès
cette journée, la défense de
Verdun passe du rôle passif au rôle
actif et envoie, sous les ordres du
général Heymann, la plus grande
partie de la 72e division de réserve, la
108e brigade et les 164e et 165e
régiments d'infanterie, donner leur appui
à l'extrême droite de la 3e
armée. Ces troupes attaquent le 16e Corps
allemand dans la direction de Jubécourt,
Ville-sur-Cousances-Julvécourt et sont
très sérieusement engagées.
Le soir, leur diversion terminée, elles
se retirent à Rampont et à Les
Souhesmes. Au
soir de cette journée du 6 septembre
1914, sur l'extrême droite
française, les combats sont plutôt
indécis, malgré une très
légère reculade des
français, surtout tactique, rien de
décisif et les français de De
Langle et de Sarrail réussissent à
tenir tête aux attaques allemandes. Au
centre, Foch se crampronne au terrain avec
difficultés, il lutte, il est vrai,
contre des forces deux fois supérieurs,
mais une contre-attaque sur Mondement
rétablit les affaires, et Franchet
d'Esperey est à ses côtés et
peut lui prêter main forte. En Lorraine,
à la bataille du Grand Couronné,
Castelnau inflige une défaite au corps
bavarois. A la gauche, la bataille pour Paris,
n'as pas vraiment débuté, les
soldats français de Lamaze ont
gagné du terrain, mais ils ne sont pas
allés plus loin . Sur
toute cette partie du front, la bataille est
plutôt indécise, les
français tiennent bon, mais la victoire
n'est pas encore acquise ! L'offensive
allemande pour Paris débutera le
lendemain 7 septembre ! La
6ème armée de Maunoury
résiste (8 septembre) autour d'Acy aux
attaques allemandes, attaques qui avaient pour
objectif de percer le front français.
Malheureusement pour les prussiens, la bravoure
des soldats français change la donne !
L'armée de Maunoury sauve
Paris. Maintenant
au tour de Franchet d'Esperey d'entrer en action
! L'avance de la 5ème armée
est superbe, grâce à une
série de victoires offensives, il a
refoulé les allemands sur toute la ligne,
s'emparant d'un bon nombre de villages. La
manuvre offensive de la Marne est
déjà commencé ! " La
façon vigoureuse avec laquelle la
5ème armée de Franchet d'Esperey
entra dans la bataille fut décisive
!" dit le Maréchal Mangin. "Son
rôle, écrit Joffre dans ses
mémoires, mérite d'être
souligné devant l'Histoire. C'est lui qui
a rendu possible la victoire de la Marne."
A
5h., l'artillerie ennemie bombarde violemment La
Chapelaine. L'infanterie allemande se lance
à l'attaque sur la ligne
Lenharrée-Haussimont-Vassimont. Mais elle
subit des pertes sévères et
l'attaque échoue. L'artillerie ennemie
continue son feu violent sur nos
lignes. Depuis
le 6 septembre, les français font des
prodiges de valeurs, ils repoussent les
allemands hors de Montceau, s'y maintiennent
malgré les contre-attaques allemandes.
Franchet d'Espérey relance de nouvelles
attaques contre les deux armées
allemandes qu'il combat. Les allemands sont
battus sur toute la ligne et chassés
d'Esterney ! Au
regard d'une carte des opérations, on se
rend compte de l'importance des victoires
offensives de Franchey d'Espéret. Par
cette avance, la 1ere armée de Kluck est
menacée d'encerclement !!! A sa gauche,
Maunoury, à sa droite l'aile gauche de
Franchet d'Espérey, et devant lui le
corps expéditionnaire anglais de French
! Il
ne reste plus à Kluck, que de
s'échapper pour éviter un
désastre ! Il ordonne donc la retraite.
Les armées allemandes suivent le
mouvement rétrograde. La bataille de la
Marne devient une victoire française, la
France et Paris sont sauvés, les
allemands sont battu et n'ont pas pris Paris, ni
fait signé la paix à la France.
Leurs objectifs ont donc échoué.
Mardi
8
(au 15), première bataille de l'Aisne
(Chemin des Dames, Ferme de
Hurtebise) A
3h., l'ennemi prononce une attaque
générale sur
Lenharrée-Haussimont-Vassimont.. Il
réussit à s'emparer de Haussimont
et de Vassimont. Mais, pris sous le feu nourri
les cies qui garnissent la lisière des
bois, il subit de lourdes pertes et ne peut
progresser. Il renouvelle ses efforts toujours
avec le même insuccès, mais vers
10h., ces unités constamment
renforcées parviennent à faire
céder la gauche de notre ligne. Le
2ème bat. du 62ème et le 1er bat.
du 116ème, qui occupent Lenharée,
violemment bombardés et attaqués
par les forces supérieures, sont
obligés de se retirer par la voie
ferrée. Pour éviter d'être
enveloppés, le colonel ordonne la
retraite sur la Maltournée et Vaudefroy,
puis sur Semoine qui sera le point extrême
de la retraite. Le 62ème, qui s'est
rallié sur les positions au sud de ce
village, organise celles-ci défensivement
pendant la nuit: les 1er et 3ème bat. en
1ère ligne, le 2ème bat. en
réserve. Dans
la soirée, des nouvelles
réconfortantes arrivent "les allemands
sont en retraite sur tout le front". Mercredi
9,
dans la matinée, l'artillerie allemande
se montre très active, dans le but de
permettre à son infanterie de se replier,
elle canonne violemment nos positions. A 18h.,
le 62ème reçoit l'ordre de
reprendre l'offensive et de se porter à
Montepreux et la côte 209. A 23h, il
atteint les positions indiquées, mais un
nouvel ordre le ramène en arrière,
et, à 3h., il réoccupe les
positions primitives au sud de
Semoine. Jeudi
10,
offensive française en Argonne Ordre
de repli général des troupes
allemandes. A
6h., la 43ème brigade reçoit
l'ordre de reprendre l'offensive dans la
direction de Sommesous. Le 62ème se porte
en avant à 8h.; le 3ème bat. forme
l'avant-garde. Il occupe successivement la
côte 206 et la hauteur de l'Arbre; puis,
renforcé par le 2ème bat., il se
porte sur la côte 209. A 18h., la
43ème brigade reçoit l'ordre
d'enlever Sommesous. Le 1er bat. attaque dans le
triangle de la voie ferrée et la route de
Mailly en liaison avec la gauche du
116ème R.I. Le 3ème bat. en
réserve à hauteur de
l'Arbre. Dans
la nuit, les Allemands évacuent Sommesous
abandonnant leurs morts et blessés. Les
environs sont jonchés de nombreux
cadavres attestant la violence de la
lutte. Vendredi
11,
recul général des armées
allemandes, entre l'Ourcq et Verdun. La
véritable poursuite commence.
Dans
la joie de la victoire, les hommes oublient
toutes leurs fatigues, toutes leurs privations,
les colonnes ennemies sont talonnées
à courte distance et, le soir,
après une marche de toute la
journée, on est déjà loin
de Sommesous, on cantonne à Nuisement, le
116ème prend les avant-postes. Samedi
12,
début de plusieurs tentatives de
manuvres enveloppantes successives par
l'ouest dite "de la course à la
mer" De
bonne heure, la poursuite reprend. Le
62ème, avant-garde de la 43ème
brigade, pénètre à 7h. dans
Chalons/marne (2ème bat. en tête),
où il fait une trentaine de prisonniers.
Il s'établit ensuite sur la ligne La
Folie - côte 143 pour protéger le
débouché de la 22ème D.I.
au nord de Chalons et de la Marne. A 13h., la
marche en avant est reprise dans la direction du
camp de Chalons par St Hilaire au Temple. A
18h., le régiment s'établit aux
avant-postes vers la ferme de Cuperly :
2ème bat., à cheval sur la route;
1er bat., au sud-est de la voie ferrée;
3ème bat., en réserve à la
ferme de Cuperly. Ce
même jour (par décision du
général, commandant la
IIème armée), le colonel
Costebonnel quitte le commandement du
62ème pour prendre celui de la
43ème brigade; il est remplacé
à la tête du 62ème par le
lieutenant-colonel Chapard. Dimanche
13,
la poursuite continue dans la direction du nord.
La
43ème brigade, en 2ème ligne,
marche dans la direction le Suippes. A
16h., elle reçoit l'ordre de se porter
vers St-Souplet, par la ferme Piémont,
Jonchery et St-Hilaire-le Grand. Le
116ème est à
l'avant-garde. A
21h., après avoir dépassé
la voie romaine, 1.500 m au nord de
St-Hilaire-le-Grand, le régiment est
brusquement arrêté par une violente
fusillade de l'ennemi qui tient, avec de
l'infanterie et des mitrailleuses, la
lisière des bois des 2 côtés
de la route et qui a laissé l'avant-garde
s'engager dans la direction de St-Souplet avant
d'ouvrir le feu. La brigade est obligée
de se replier sur St-Hilaire-le-Grand; elle
bivouaque au sud-est de ce lieu,
déjà occupée par le
32ème R. I. Lundi
14, fin de la bataille de la Marne. Le front se
stabilise entre l'Oise et l'Argonne. La victoire
française n'est pas décisive,
faute d'avoir pu être
exploitée. Le
général Von Moltke est
remplacé par le général Von
Falkenhayn à la tête des
armées allemandes. Le
62ème reste en position d'attente entre
St-Hilaire et Jonchery d'abord, puis au sud de
ce lieu, pendant que notre artillerie
prépare, par un bombardement, l'attaque
des positions ennemies à l'est de la
Suippes. Le régiment bivouaque au sud-est
de Jonchery. dernière
mise à jour 20
novembre 2002 Pout
tout contact, vous pouvez nous joindre
à
pat.leplat@wanadoo.fr
ou
enguerrand.gourong@free.fr http://pcoutant.free.fr/regiments.htm http://etienne.jacqueau.free.fr/Temoignage.htm Liens
vers des sites concernant guerre 1914/1918 http://perso.wanadoo.fr/arethuse/Guerre
1914-1918.htm http://perso.wanadoo.fr/champagne1418/index/hindex.htm http://prisonniers-de-guerre-1914-1918.chez.tiscali.fr/liens.htm
La 22ème Division d'Infanterie, à la mobilisation fait partie du 11ème
C.A (IVème armée), son Q.G. est à Vannes, sous les ordres du général
Pambet,
elle est composée, à cette date :
- de la 43ème brigade, Q.G. à Vannes, colonel Costebonnel, comprenant
le 62ème R.I. de Lorient et le 116ème R.I. de Vannes.
- de la 44ème brigade, Q.G. à Quimper, général Chaplain comprenant le
19ème R.I. de Brest et le 118e R.I. de Quimper.
- du 35ème R.A.C. Q.G. à Vannes, colonel Ely.
- de la cie 11/2 du génie, capitaine Huot.
- du 6ème escadron du 2ème chasseurs, Q.G.à Pontivy, capitaine Saint
Gal
Quelques
liens vers des sites complémentaires