Histoire de la Compagnie des Indes
... et des Colonies d'orient

  

 

 

 

Sommaire

 

Prémices

Fondation de la Compagnie

1ère grande expédition vers
 Madagascar et
1ère assemblée générale

2ème expédition vers l'Inde

Fondation de Lorient

Projets du Roi 1668/1670
et 
la 1ère escadre aux Indes
         
         
 Opérations 1670/1675
et
Bilan de 1675
         
         
         1eres défaillances
         et
         Bilan de 1684
         

Réorganisation de la Compagnie en 1685

Armements de 1685/1689

Lorient en 1690

L'Affaire du Siam

Armements mixtes 1690/1697

La Compagnie pendant la guerre 1690/1697

Armements 1697/1701

Décadence 1701/1706

Captation de la Compagnie par les Malouins

Liste des bâtiments de la Compagnie

Un exemple de navire .......... "Le Boullongne"

Histoire des Iles mascareignes

Les escales françaises de la route des Indes

Antoine BOUCHER

Laurent BARIZY

 

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adhérent CGSB n° 1503

 

Les prémices

Au début du XVe siècle, Venise l'emporta définitivement sur Gênes, mais elle fut frustrée dans la reprise de ses relations orientales par la prise de Constantinople, la conquête de la Syrie et de l'Égypte par les Turcs.

Les efforts des Vénitiens pour se survivre et se "reconvertir" du point de vue commercial les empêchèrent de se consacrer comme il aurait fallu aux problèmes de l'océan oriental et de mener à bien, ce qui les eût peut-être sauvés, le "recreusement" du canal ensablé que les pharaons avaient fait percer à travers l'isthme de Suez.

Depuis longtemps dans la Terre sainte des croisades, dans l'entourage du Saint-Siège, dans la République de Gênes, on avait envisagé de prendre la barrière musulmane à revers et recherché des routes nouvelles vers l'Inde. Cette quête persévérante à l'époque où la France et l'Angleterre s'épuisaient dans la guerre de Cent Ans, d'abord conduite par les Génois, fut relayée par les Portugais héritiers de leurs secrets. La recherche de l'Inde, qui devait aboutir à la découverte de l'Amérique, avait graduellement fait reconnaître aux Portugais les côtes de l'Afrique occidentale.

En 1487, Bartolomeu Dias, doublant le cap des Tempêtes, rebaptisé cap de Bonne-Espérance, voyait s'ouvrir devant lui une mer inconnue. Un nouveau chapitre s'ouvrait pour l'histoire du monde.

La découverte de Dias fut suivie par la fameuse expédition de Vasco de Gama qui réalisa en mai 1498 &endash; avec ses caravelles, vaisseaux atlantiques adaptés par la suite à l'océan Indien &endash; la liaison directe entre l'Afrique orientale et Calicut en Inde.

L'expédition suivante d'Alvares Cabral en 1500 fit mesurer aux Portugais la complexité des problèmes politiques et commerciaux posés par leur découverte et ouvrir avec les Arabes &endash; pour tenter de les éliminer &endash; des hostilités qui devaient durer plus d'un siècle. Albuquerque succédant à Gama impose la nouvelle domination portugaise. Sur la côte orientale d'Afrique, les points stratégiques arabes (Malindi, Mombasa) ont été occupés; les flottes égyptiennes lancées sur l'Océan par les Turcs, à l'instigation jalouse des Vénitiens, ont été neutralisées.

Albuquerque a détruit la flotte arabe à Ormuz; devenu vice-roi en Inde, il prend Goa, qui sera le siège de la puissance portugaise en Asie, puis Malacca, emporium de l'océan oriental, fait explorer les Moluques, se retourne contre Aden, menace l'Égypte, meurt sur la route de Goa en 1515. Après lui les Portugais tiennent incontestablement l'océan Indien sans parvenir toutefois à éliminer ni les forces navales hindoues de la côte de Malabar, ni surtout les contre-offensives des Turcs et des Arabes qui continuent inlassablement. Dans le nord de l'Océan, les Portugais se sont organisés autour de Goa, métropole administrative, religieuse et culturelle dont les populations se métissent rapidement; autour de Colombo et de Malacca, plaque tournante du commerce extrême-oriental, et d'Ormuz, poste de surveillance contre les Turcs. Sur la côte de l'Afrique, la contra costa , l'implantation portugaise restera précaire sans parvenir jamais à éliminer complètement ou à désarmer les Arabes de Mogadiscio, de Malindi, de Mombasa.

Le Mozambique lui-même est menacé dès le début du XVIIe siècle par de nouveaux venus européens: les Anglais et les Hollandais. Ailleurs, tant à Madagascar qu'aux Mascareignes (ou Mascarenhas), aux Seychelles, à Chagos, et sans doute déjà en Australie, les Portugais se sont contentés de missions de reconnaissance sans installation durable. En revanche, l'activité portugaise dans la partie orientale de l'Océan permet un contrôle beaucoup plus efficace, et fructueux, sur le golfe du Bengale, où des aventuriers lusitaniens pratiquent déjà le commerce d'Inde en Inde; et malgré les résistances indonésiennes et les ambitions espagnoles finalement éliminées et rejetées sur les Philippines, ils s'assurent la maîtrise des Moluques, centre du commerce des épices.

Dès le début du 16ème siècle, quelques français tentent de suivre les traces des portugais. On rencontre Pierre de Montdragon, un corsaire, au-delà du Cap de Bonne-Espérance, dans le canal du Mozambique.

Entre 1525 et 1530 quelques armateurs normands font l'apprentissage de l'Orient. En 1527 une barcasse armée à Dieppe par les frères Verrazani accoste à Sofala (côte du Mozambique).

En mai 1528, la Marie de Bon Secours, armée à Honfleur par des négociants rouennais parvient à Diu.

En 1529, la Pensée et le Sacre, appartenant à un dieppois, Jean Ango, gagnent Sumatra. Mais ces expéditions restent sans suite.

Pourtant la domination portugaise &endash; qui ne parvint jamais à s'implanter sur les grandes îles de l'Insulinde &endash; resta précaire et fut aisément liquidée par les Hollandais, mieux pourvus en marine et en forces. En Chine, cependant, après des tâtonnements, les Portugais &endash; évinçant leurs concurrents musulmans &endash; s'établirent solidement à Macao en 1557. Bien que l'aventure portugaise ait contribué à répandre des plantes comme le maïs, issues de l'Amérique, son influence économique ne doit pas être surestimée. Vers l'Occident, le commerce des Portugais conserva un caractère archaïque. S'ils transportaient des denrées depuis longtemps connues (épices, objets de luxe), leur volume n'augmenta guère pendant tout le XVIe siècle. D'autre part le pays souffrait d'une insuffisance des structures commerciales, car il manquait de bourgeoisie capitaliste et se trouvait soumis aux contraintes étouffantes du monopole d'État. Le solde du commerce d'Inde en Inde, d'Inde en Chine ou d'Inde en Perse fut loin d'être toujours positif. Incapable de confisquer tout le commerce océanique et moins encore d'enrayer la distribution des produits orientaux par la voie de terre aboutissant au Proche-Orient, le Portugal ne parvint jamais à offrir à l'Europe des épices moins coûteuses et, par là, à ruiner la concurrence des villes commerçantes italiennes, telle Venise, tout ce qu'accomplirent au XVIIe siècle les Hollandais par la mainmise sur tous les circuits commerciaux océaniques.

Du point de vue culturel toutefois, la geste portugaise, magnifiquement chantée par Camoens dans Les Lusiades et complaisamment décrite par les pompeux historiens lusitaniens, a eu d'importantes conséquences. Goa (plus que le Mozambique) devint un centre original de société pluriraciale ou métissée, un lieu de rencontre entre le baroque et l'art oriental, un vivant foyer d'orthodoxie catholique (Inquisition, autodafés) à l'époque où les missionnaires et surtout les jésuites suivant les traces de saint François Xavier pénétraient en Inde et jusqu'en Chine et au Japon. Les jésuites avec leurs "rites malabars" tentèrent une assimilation &endash; finalement condamnée par Rome au XVIIIe siècle &endash; entre les religions locales et le christianisme. Les résultats de la superbe cartographie portugaise, enfin, si jalousement gardés qu'ils aient été longtemps par la Casa de India e da Minas, contribuèrent finalement à fournir aux États européens et à leurs navigateurs ces connaissances qu'ils devaient &endash; avec quelle frénésie &endash; exploiter au détriment du vaste et fragile empire portugais de l'océan Indien.

Dans les dernières années du 16ème siècle, alors que les Hollandais et les Anglais pénétraient les Indes orientales et y fondaient des établissements de commerce, la France, déchirée par les guerres de religion, semblait rester indifférente.

Lorsque Henri IV eut réuni dans ses mains toutes les forces du royaume pacifié, quelques velléités de commerce exotique semblèrent se manifester en France. On ne parlait qu'avec admiration des richesses merveilleuses que les Portugais et les Espagnols rapportaient des pays éloignés qu'ils avaient conquis et l'on songea à suivre leur exemple. C'est ainsi qu'en 1601, une "Compagnie des marchands" formée entre des négociants de Saint-Malo, de Laval et de Vitré entreprit de "sonder le gué et de chercher le chemin des Indes pour aller puiser à la source".

Cette première association obtenant de Sully des privilèges, fit un armement de deux navires, le Croissant, de 400 tx, et le Corbin, de 200 tx, qui partirent de Saint-Malo le 18 mai 1601 avec le concours d'un pilote hollandais.

Le Corbin sombra aux iles Maldives à l'aller ; le Croissant put gagner Achem, dans l'île de Sumatra, où il chargea une modeste cargaison, mais au retour il périt aux iles Açores, en 1603. L'odyssée des équipages a été contée par deux membres de l'expédition : François Martin de Vitré dans un ouvrage publié en 1604 intitulé "Description du 1er voyage que les marchands… ont fait aux Indes orientales" et François Pyrard de Laval.

Le 2 mars 1611, Gyrard Le Roi, officier de marine qui avait accompagné les Hollandais dans leurs campagnes aux Indes, secondé par le sieur Antoine Godefroy, trésorier de France à Limoges, après bien des hostilités, y compris celle de Sully qui jugeait l'affaire "disproportionnée au naturel et à la cervelle des français" obtint du roi Louis XIII, sous la régence de Marie de Médicis, le monopole de la navigation des Indes pour 12 années. Elle arme, en 1613, le Saint Louis placé sous le commandement d'un officier anglais.

Deux années plus tard, avant que la société eût usé de son privilège, des marchands de Rouen demandaient à le partager, et une lettre patente du 2 juillet 1615 opérait une fusion sous le nom de "Compagnie des Moluques", avec le patronage de l'amiral de France, Montmorency. Cette Compagnie arme 2 navires vers les Indes orientales.

En 1616 cette compagnie envoie 3 autres navires et voie revenir les 2 premiers. La même année des négociants associés d'Anvers et de St Malo arment au départ de St Malo 2 vaisseaux de 600 tx à destination de l'Asie. L'un est capturé par les hollandais, l'autre rentre en 1618 avec une cargaison estimée à 1 million de L. Des armateurs particuliers envoyèrent des navires isolés à Java : de Lelièvre d'Honfleur, de Beaulieu, de Rigault de Dieppe, etc…

En 1619, les deux compagnies fusionnent et arment 3 navires dont un seul revient, les deux autres étant capturés par les hollandais.

En 1620, arrêt des armements suite à la mort de Montmorency, et à l'hostilité des Pays-Bas.

Le traité de Compiègne, signé en 1624, avec les Provinces-Unies (Pays-Bas), laisse finalement la liberté du commerce vers les "indes occidentales et orientales".

Richelieu, après l'obtention de ce traité, organise la "Compagnie des 100 associés" ou "Compagnie du Morbihan". Puis il crée en 1626, la "Compagnie de la nacelle de St Pierre fleurdelysée" avec des flamands, sans plus de succès.

Un dieppois, Gilles de Régimont part vers l'Asie en 1630 et rentre en 1632 avec une cargaison fructueuse.

En 1631, une nouvelle société s'établissait à l'initiative du financier parisien d'origine dieppoise Berryer avec la participation de Ricault, capitaine des vaisseaux du Roi. Elle arme un premier vaisseau en 1632 sous le commandement du dieppois Ricault.

En 1633, de Régimont organise une nouvelle expédition avec 24 de ses compatriotes.

À partir de 1635, les normands envoient 1 navire chaque année vers l'océan indien :

1635 : 1, 1636 : 1, 1637 : 1, 1638 : 1, 1640 : 1,

certains font naufrage, tel ce navire armé par les rouennais qui fait naufrage à la côte malgache en 1638, raconté par François Cauche dans les "Relations véritables et curieuses… de Madagascar"

Peu de temps avant la mort (1er décembre 1642) de Richelieu, la "Compagnie orientale" à laquelle s'est associée Nicolas Fouquet recevait une consécration officielle par un édit du 20 juillet 1642 qui lui octroyait pour dix années le privilège exclusif de Madagascar et des iles voisines. Elle assure 5 armements de 1642 à 1649 transportant 300 colons à destination de Fort dauphin, puis de l'île Mascareignes (rebaptisée Bourbon) :

1642 : 2, 1644 : 1, 1645 : 1, 1649 : 1.
Cette compagnie est aussi désignée sous le nom 
de "Compagnie de Ricault", ou "de Madagascar". 
Louis XIV, à son avènement, confirma ses 
privilèges le 20 septembre 1643.
                        
Après 1650, cette compagnie appuyée par le
Duc de La Meilleraye, gouverneur de Nantes et de
Port-louis, cousin de Richelieu, continue d'effectuer
au moins un voyage par an et transporte 200 
nouveaux colons.
                        

La Compagnie de Madagascar, comme les précédentes, végétait et malgré une prolongation de privilège obtenue en 1653, elle fut heureuse de prendre arrangement en 1656 avec une nouvelle association patronnée par le Maréchal, duc de La Meilleraie.

La Compagnie de La Meilleraie fut la première qui
fit arriver ses vaisseaux sur la rade du Blavet, au 
Port-Louis dont le duc de La Meilleraie était le 
gouverneur. Par ailleurs on a vu que l'un des 
principaux actionnaires de la compagnie était le 
surintendant des finances, Nicolas Fouquet, qui 
possédait Belle-lle. Il est probable que cette 
circonstance contribua aussi à attirer dans le 
voisinage de son domaine les navires de la 
compagnie qui commençait à prendre le nom de 
Compagnie d'Orient ou de l'Orient.

 

 

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 dernière mise à jour

20 décembre 2001

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