À
la fin de l'année 1668, la Compagnie était
dans la cinquième année de son existence.
Pendant les années 1665 et 1666, elle avait
envoyé aux Indes des armements
considérables, et rien, absolument rien
n'était encore revenu en France (la
frégate, Saint-Paul était rentrée
sans chargement). Après un grand effort, elle
avait dû s'arrêter, et l'état
d'inaction où elle végétait depuis
deux ans lui était encore plus
préjudiciable que ses dépenses
inconsidérées, car tout le monde
commençait à l'oublier.
Louis
XIV cependant ne lâchait pas; il en faisait une
question personnelle, et il le montra bien à la
deuxième assemblée générale,
qui fut réunie au palais des Tuileries le 15
décembre 1868, assemblée à laquelle
il assista et prit une part active, comme nous allons
voir.
Les
directeurs de la Compagnie et les autres
intéressés s'étant réunis
dans l'antichambre de Sa Majesté, audit jour,
entre les deux et trois heures de l'après-midi, le
Roi ouvrit lui-même la séance en prenant
place dans un fauteuil devant une table couverte d'un
tapis de velours vert. Il donna la parole à son
ministre, chef de la direction, en lui demandant
d'exposer l'état de la Compagnie. Voici,
résumée, quelle était cette
situation d'après l'exposé de Colbert
:
Depuis
son établissement, la Compagnie avait fait 5
embarquements, comprenant 19 navires :
- Quatre vaisseaux partis de Brest le 7 mars 1665 ;
- Deux vaisseaux, le Saint-Louis et le Saint-Jacques, partis du Havre le 23 juillet 1665;
- Dix vaisseaux (expédition de Mondevergue) partis de la Rochelle le 14 mars 1666 ;
- Un vaisseau (la Couronne) parti de Saint-Malo le 23 décembre 1666 ;
- Deux vaisseaux (l'Aigle-d'Or et la Force) partis du Port-Louis le 23 mars 1668.
Les
recettes s'élevaient à 6,284 millions de
L., sur lesquelles le Roi avait versé 2,68
millions et il devait incessamment en ajouter 1,5
autres.
Colbert
se voyait obligé d'avouer que la colonisation de
l'île Dauphine était une "faute
considérable", mais par contre, aux Indes
l'établissement de Surate était
prospère, et le sieur Caron avait
déjà expédié pour la France
un vaisseau richement chargé, le Saint-Jean qui
était parti de Suali le 24 avril dernier et que
l'on attendait prochainement.
Le
sieur de Faye devait partir lui-même pour Surate
aussitôt après l'arrivée à
l'île Dauphine du cinquième armement et y
porter des fonds et des marchandises. Les armements en
France allaient continuer ; la Compagnie se
préparait à faire partir le Saint-Paul avec
des ordres pour l'île Dauphine et des marchandises
pour les Indes ; un autre embarquement était
projeté pour le printemps prochain.
Colbert
terminait en faisant espérer que le succès
couronnerait tous ces efforts, surtout avec l'appui
tout-puissant du Roi qui aidait la Compagnie de ses
finances jusqu'à 4,2 millions de L., sans en rien
retirer.
Louis
XIV, lui-même, prit ensuite la parole pour rappeler
les sacrifices qu'il avait faits, encourager les
actionnaires et marquer son mécontentement
à l'égard de ceux qui avaient
abandonné et dont il s'était fait montrer
le rôle.
Enfin,
il présida à l'élection de 3
nouveaux directeurs, les sieurs Gueston, Picquar et
Desmartins, remplaçant les sieurs Pocquelin et
Hérinx décédés et le sieur
Varennes qui s'était retiré, puis il signa
de sa main le procès-verbal de la séance.
Louis XIV présidant une assemblée de
marchands et intervenant d'une manière aussi
personnelle dans leurs délibérations,
attitude peu commune avec le cliché de la
majesté planante du Roi Soleil, mais qui montre
combien cette affaire était chère au
Roi.
Le
bruit que l'on avait fait autour de cette seconde
assemblée, la nouvelle subvention du Roi, les
paroles de Colbert et du Roi même ne produisirent
pas les effets qu'on en attendait. Au 15 janvier 1669,
date du dernier délai pour le troisième
versement, on n'avait presque rien touché.
Irrité de ce nouvel échec, le Roi fit
tomber le poids de son ressentiment sur le malheureux
Mondevergue ; il dicta pour lui des lettres datées
du 19 janvier qui sont pleines de reproches et presque de
menaces. (Ces lettres devaient lui être
portées par le Saint-Paul, dont le départ
eut lieu du Port-Louis le 10 avril). Le fait est que pour
quelqu'un s'intéressant au succès de la
Compagnie, fût-il Louis XIV, il y avait sujet de se
montrer nerveux. Cinq années s'étaient
écoulées, des millions avaient
été dépensés et l'on en
était encore à attendre un premier
résultat. Le navire attendu de Surate
n'était pas encore rentré et le souvenir du
premier retour de Madagascar, coulé par les
Anglais, entretenait de vives appréhensions.
Certes il n'y avait plus rien à craindre de ce
côté, car on était en paix avec
l'Angleterre depuis le traité de Bréda (31
juillet 1667). Mais les risques de la mer étaient
si grands !
Enfin
le Saint-Jean-Baptiste arriva au Port-Louis
le 2 février 1669. On tenait cette fois le premier
résultat commercial
désiré.
Une
déclaration royale, du 13 septembre 1668, avait
accordé 10 % d'intérêt à tous
les intéressés qui avaient
complété leurs 3 versements, mais la
Compagnie était dans l'impossibilité
d'exécuter cet arrêt. Après le retour
du Saint-Jean-Baptiste, qui rapportait pour 279.665 L. de
marchandises, prix coûtant aux Indes, les
directeurs se trouvèrent en mesure de distribuer 6
% d'intérêt.
"Estat
pour distribuer 6 % à ceux des
intéressés de la Compagnie qui ont fait les
3 paiements.
Les
intéressés dans Paris qui ont mis le total,
compris les Directeurs, montent à 1.331.800 L. La
distribution à 6 % s'élève à
79.900 L. Les intéressés des provinces qui
ont mis le total monte à- 552.166 L. La
distribution à 6 % monte à 33.130 L. soit
un total de 113.040 L. ".
Louis
XIV ne put dissimuler sa joie ; les directeurs furent
mandés au palais des Tuileries le 11
février, à 3 heures, par ordre de Sa
Majesté, " afin de leur faire connaître la
part qu'Elle prenait à la joye qu'ils devaient
avoir de l'heureux retour du vaisseau le Saint-Jean
venant des Indes ". Le commandant du navire, le sieur de
Lopis, fut appelé à Versailles et le Roi
lui fit présent de son portrait enrichi de
diamants, " pour marquer de la satisfaction qu'il avait
de sa conduite particulière ".
Dans
l'esprit du Roi, tout allait certainement marcher
à souhait maintenant pour les affaires de la
Compagnie et il pourrait donner cours au
développement de ses projets. De nouveaux ordres
et de nouvelles dépêches bien
différentes des premières sont
expédiées à Mondevergue, et toujours
sous la même impression, Louis XIV charge Colbert
d'organiser une escadre imposante qu'il se proposait
d'envoyer lui-même aux Indes.
Il
allait être encore arrêté par de
nouvelles difficultés. À ce moment
arrivèrent de nouvelles lettres de Caron qui
desservaient complètement Mondevergue. Il y avait
entre ces deux hommes trop d'éléments
d'antipathie tenant aux différences d'origine et
de condition pour que l'inimitié qui les divisait
n'éclatât pas un jour ou l'autre. D'un
côté, Caron, marchand, homme d'argent,
hollandais transfuge et bientôt traître aux
nouveaux intérêts qu'il servait, mais
l'homme de la Compagnie; l'homme des Indes et du
succès; de l'autre, Mondevergue, français
de bonne naissance, soldat d'honneur et
désintéressé, mais n'étant
aux yeux des actionnaires que le chef de cette
malencontreuse expédition de Madagascar qui avait
tout gâté.
Les
directeurs rédigèrent sur l'état de
l'île Dauphine un mémoire qui est une charge
à fond contre Mondevergue; en même temps,
ils profitaient de l'occasion pour supplier le Roi de les
décharger de cette colonie qui ne produirait
jamais rien. Louis XIV, cette fois, se vit obligé
de céder. En septembre - octobre 1669, il
reprenait l'île Dauphine moyennant un million qu'il
verserait à la Compagnie. On la lui aurait bien
rendue pour rien, mais cet arrangement, honorable pour le
Roi et profitable à la Compagnie, sauvait les
apparences. Les directeurs avaient une telle peur de
Madagascar qu'ils interdirent à leurs navires d'y
aborder dorénavant; le point de relâche fut
fixé à l'île Bourbon.
Les
directeurs, qui depuis longtemps, ne songeaient plus
qu'à faire des économies avaient voulu
aussi restreindre l'étendue de leurs
établissements en France. Comme pendant les
années 1667 et 1668, ils n'avaient fait aucune
construction navale au Port-Louis et n'y avaient
armé que deux navires, ils pensaient pouvoir se
contenter du Havre et l'existence du chantier de Lorient
fut mise en question. Mais cette combinaison ne
concordait pas avec les vues de Colbert. Il avait
déjà fondé un établissement
militaire à Rochefort et prévoyait qu'un
jour les vaisseaux du Roi pourraient trouver dans Lorient
un établissement tout formé; nous verrons
combien les événements ultérieurs
confirmèrent ces prévisions.
En
attendant, la Compagnie dut rester fixée à
Lorient, où ses établissements prirent dans
la suite de plus en plus d'importance à mesure
qu'au contraire ceux du Havre s'amoindrissaient. À
l'instigation de Colbert, les deux directeurs Gueston et
Chanlatte, qui en février 1669 avaient
été nommés commissaires au
Port-Louis pour la réception des marchandises
débarquées du Saint-Jean-Baptiste,
procédèrent, dans le courant de la
même année, à la réfection des
magasins trop sommairement installés, et à
la construction de bâtiments destinés
à loger le personnel subalterne dans l'enclos de
la Compagnie. Le 25 juin 1669, ils faisaient
l'acquisition de 48 ares environ de terrain pour agrandir
cet enclos.
Pendant
cette année 1669, deux vaisseaux furent
expédiés du Port-Louis. D'abord, le 10
avril, le Saint-Paul, de 250 tx, dont nous avons
indiqué la destination, et le 17 juillet, le
Saint-François, de 600 tx, allant
directement à Surate avec le commis Pilavoine qui
devait dans la suite y exercer pendant de longues
années les fonctions de directeur. Ce navire,
emporté par les moussons, fut poussé
jusqu'à Batavia, d'où il gagna son lieu de
destination.
L'année
1670 est marquée par une expédition toute
militaire à laquelle Louis XIV voulut donner une
ampleur exceptionnelle. Organisée cette fois avec
les fonds de l'Etat, elle continuait en apparence les
opérations de la Compagnie. En
réalité, bien qu'elle dût se
maintenir en relation constante avec les comptoirs de la
Compagnie, elle avait dans l'esprit du Roi un objet bien
plus important que celui de montrer le pavillon
français dans les zones d'influence de ces
comptoirs. L'expédition avait surtout un but
politique. Déjà, la colonisation de
Madagascar était un premier jalon. Certes, Louis
XIV n'avait rien négligé pour asseoir
solidement cette base d'opération. Il avait
manuvré pour engager la Compagnie dans cette
uvre de colonisation ; après bien des
déboires, la Compagnie se retirait, mais lui
n'abandonnait pas Madagascar. En envoyant une forte
escadre aux Indes, il portait l'épée devant
le cur de la Hollande au moment où il se
préparait à lui déclarer la guerre.
Les instructions que reçut à son
départ de La Haye le chef de l'expédition
révèlent les projets de Louis
XIV.
De La
Haye devait d'abord s'arrêter dans la baie de
Saldaigne, sur la côte occidentale de l'Afrique, un
peu au nord du Cap; c'était un premier poste
à étudier. Puis de là, passer
à l'île Dauphine, où il ne devait
rester que six semaines au plus, le temps d'installer
Champmargou à la place de Mondevergue, et se
porter ensuite au plus court à Surate. Une fois
là, il devait s'entendre avec les directeurs de la
Compagnie, profiter de leur expérience et chercher
avec eux dans les Indes des postes ayant une valeur
stratégique.
Il
avait dans cette expédition à tâter
les hollandais, en tout cas, s'il les rencontrait, il
devait exiger d'eux le salut, par la force même
s'il était nécessaire ; on lui en donnait
les moyens.
Enfin,
deux ans après son départ de France, de La
Haye devait se retrouver à Madagascar pour y
prendre de nouvelles instructions. Deux ans après,
c'est précisément l'époque de la
déclaration de guerre à la Hollande, le 5
avril 1672.
LA
PREMIÈRE ESCADRE FRANÇAISE AUX INDES.
1670-1674.
La
première escadre militaire que la France envoyait
dans la mer des Indes était confiée
à Blanquet de La Haye, avec les provisions de
"Lieutenant Général du Roi dans l'Isle
Dauphine et dans les Indes" datées de
St-Germain-en-Laye, le 3 décembre 1669.
Alors
que la flotte de M. de Mondevergue n'était
composée que de navires appartenant à la
Compagnie, l'escadre de M. de La Haye ne comprenait 9
vaisseaux du Roi, armés en guerre,
Cinq
vaisseaux :
- Le Navarre, 56 canons, vaisseau-amiral portant M. de La Haye; capitaine de pavillon, M. de Turelle ;
- Le Triomphe, 38 canons; commandant, M. Ferrand;
- Le Jules, 36 canons; commandant, M. de Luché;
- Le Flamand, 34 canons; commandant, M. du Mené;
- Le Bayonnais, 34 canons ; commandant, M. Gabaret des Marais ;
Une
frégate :
- La
Diligente, 15 canons ; commandant, M. de La Houssaye
;
Deux
flûtes :
- La Sultane, 12 canons ; capitaine, M. de Beaulieu-Vernay ;
- L'Indienne, 12 canons ; capitaine M. de La Clide.
Une
flûte-magasin :
-
L'Europe 12 canons ; capitaine, M.
Després.
Ces
navires portaient 2 100 hommes d'équipage et 4
compagnies de 100 hommes chacune avec 30
officiers.
L'escadre,
partie de Rochefort le 29 mars 1670, arriva à
Madagascar le 23 novembre, ayant rencontré sur la
route, un peu au-dessus du cap de Bonne-Espérance,
le navire de la Compagnie le Phénix, qui portait
aux Indes Mgr Pallu, évêque
d'Héliopolis, et des missionnaires allant au Siam
et en Cochinchine. Ce navire, en détresse,
reçut des secours qui lui permirent de gagner
Madagascar et Surate.
Lorsque
l'escadre arriva à Fort-Dauphin, le vaisseau
Marie était dans le port, portant pavillon
amiral ; il amena son pavillon et, à partir de ce
moment, M. de La Haye succéda officiellement
à Mondevergue. Il prit possession de l'île
au nom de Sa Majesté, qui la reprenait à la
Compagnie et installa Champmargou, lieutenant
général, et La Caze, major de
l'île.
De La
Haye, dont l'autorité était sans bornes,
n'avait pas, comme Mondevergue, à obtenir
l'approbation des directeurs et du conseil, et la
Compagnie n'avait plus rien à voir dans
l'administration de la colonie. Sans connaissance des
lieux, des hommes et des choses, il voulut tout mener
à sa manière et développa un tel
esprit de morgue et de hauteur qu'il tourna tout le monde
contre lui, les Français et les indigènes.
Dans son escadre même, il était
détesté. Par un manquement grave à
la discipline, son capitaine de pavillon, le chevalier de
Turelle, adressa au ministre, au nom des officiers de
l'escadre, une protestation qui lui attira de la part de
Colbert une semonce méritée (lettre du 23
juin 1672). Mais la plus lourde faute de M. de La Haye
fut sa conduite impolitique à l'égard des
indigènes ; il entreprit contre eux une lutte
meurtrière dans laquelle il fut
complètement battu et déchaîna un
soulèvement général. Enfin
après avoir tout bouleversé et compromis
l'uvre de Mondevergue, il prit le parti de laisser
Champmargou et La Caze arranger les choses comme ils le
pourraient.
Ayant
détaché deux navires pour explorer la baie
de Saint Augustin, sur la côte occidentale de
l'île, et deux autres navires à la baie
d'Antongil et à l'île Sainte-Marie, il
partit lui-même avec le reste de l'escadre le 14
avril 1671 et se dirigea vers l'île Bourbon
(anciennement Mascareignes), dont il prit possession au
nom du Roi le 6 mai 1671.
Deux
mois après, la flotte se trouvait de nouveau
rassemblée à Fort-Dauphin. Pendant son
absence, la guerre avait continué plus
féroce que jamais avec les indigènes ; La
Caze avait été tué dans une
embuscade.
De La
Haye, plus pessimiste encore que ses
prédécesseurs, voulait évacuer
complètement cette île maudite et
transporter tous les colons à l'île Bourbon,
mais ceux-ci refusèrent d'abandonner le fruit de
leurs travaux. Furieux, M. de La Haye fit partir tous les
navires qui étaient dans le port et mit
lui-même à la voile le 26 juin 1671,
laissant à Champmargou seulement 40 soldats dont
plus de la moitié invalides, sans munitions et
sans vivres.
Ses
instructions lui prescrivaient un séjour de 6
semaines au plus à l'île Dauphine et ce
n'est que 7 mois après son arrivée qu'il la
quittait, laissant la colonie dans un état qui
présageait une destruction prochaine et
complète. Il se dirigea pour la seconde fois vers
l'île Bourbon où il installa un gouverneur
et de nouveaux colons, puis, remettant à la voile
le 12 août 1671, il arriva à Surate le 27
septembre, avec un retard de près d'un an sur les
instructions qu'il avait reçues du Roi.
Surate
était à ce moment le comptoir le plus
important de la Compagnie en Orient ; après
l'abandon de Madagascar, ce comptoir allait devenir le
siège du conseil souverain aux Indes. Lorsque
Caron y avait abordé le 13 février 1668 sur
le Saint-Jean-Baptiste détaché de la
flotte de Mondevergue, il avait trouvé la place
déjà préparée depuis deux ans
à l'exploitation de la Compagnie par les
envoyés français La Boulaye et Beber, qui y
étaient arrivés par la voie de terre. Il
avait pu ainsi recueillir rapidement des marchandises et
charger le Saint-Jean-Baptiste, qui repartit pour
Madagascar et la France le 24 avril 1668. C'est ce navire
si impatiemment attendu en France que nous savons
être arrivé au Port-Louis le 2
février 1669.
L'année
suivante, le 15 mars 1669, arrivait à Suali, le
port de Surate, le directeur de Faye avec 3 autres
vaisseaux.
Un
troisième convoi vint encore, comme nous savons,
à Surate dans la même année 1669. Ces
vaisseaux furent immédiatement utilisés en
diverses expéditions, les unes sur la côte
de Perse, à la ville marchande de Bandarabassi,
les autres sur la côte de Malabar, où l'on
cherchait à établir des comptoirs ;
d'autres sur la côte du Coromandel. Pendant ce
temps, des envoyés par terre traversaient la
presqu'île indienne, se présentaient aux
princes indigènes et gagnaient la côte
orientale. Divers comptoirs furent alors installés
à Rajapour, à Baliepatan où l'on ne
resta pas, puis à Mirzéou, Tilcery ;
Paniani, Alicot sur la côte de Malabar; à
Masulipatam, Saint-Thomé, Porto-Novo sur la
côte de Coromandel.
On
songea ensuite à pousser plus loin. Caron en
personne quitta Surate le 21 avril 1671 avec les navires
le Saint-Paul, le Saint-François, et
cinq à six cents hommes, pour aller à
Batam, sur la côte nord de l'île Java et y
établir une loge. Il y arriva le 7 juillet pour
apprendre, par la voie de Batavia, le départ de
France des directeurs Blot et Gueston qui devaient lui
être adjoints à Surate, et l'arrivée
prochaine de l'escadre de La Haye.
Il est
curieux de constater que c'est par la voie hollandaise
que les Français étaient le plus souvent
renseignés sur les affaires qui les
intéressaient. Les Hollandais, d'ailleurs,
épiaient nos moindres mouvements et étaient
admirablement renseignés; nous verrons avec quelle
habileté ils surent faire échouer
complètement l'expédition de M. de La Haye
sans compromettre un instant leurs forces et sans livrer
bataille.
Lorsque
de La Haye arriva à Surate le 27 septembre 1671,
il ne trouva que les directeurs Baron, consul à
Alep, qui vint par terre à Surate, où il
fut nommé directeur après la mort de M. de
Faye et Blot. Il dut attendre le retour de Caron qui
était encore sur la route de Bantam et ne revint
que le 15 novembre. Il lui remit, pour lui, le cordon de
l'ordre de Saint-Michel de la part du Roi, et des
présents pour le Grand-Mogol de la part de la
Compagnie, puis installa le conseil souverain, qui
passait de Madagascar à Surate.
Les 3
directeurs et le vice-roi des Indes discutèrent
ensuite le choix des établissements qu'ils
devaient fonder, d'après les ordres du Roi,
à l'île Ceylan et à l'île Banca
sur la côte orientale de la presqu'île de
Malacca. Pour l'île Ceylan, on s'arrêta au
choix de la baie de Trinquemalé, et comme Caron
connaissait le pays et le roi de Ceylan, il fut
décidé qu'il monterait à bord du
vaisseau amiral pour accompagner de La Haye. Ayant pris
pour 6 mois de vivres, de La Haye fit partir sa flotte le
9 janvier 1672, après y avoir adjoint deux des
navires de la Compagnie qui se trouvaient dans le port:
le Phénix, de 500 tx et 36 canons (parti de
Port-Louis le 11 avril 1670, en même temps que le
Dauphin-Couronné et le Vautour),
capitaine de La Miltenière, qui avait
transporté monseigneur Pallu, évêque
d'Héliopolis (l'évêque
d'Héliopolis s'embarqua à Surate au
commencement de l'année 1672 sur le Vautour pour
passer à Bantam et de là au Siam), et le
Saint-Jean-Baptiste, de 600 tx et 36 canons
(reparti du Port-Louis le 6 mars 1671, accompagné
du houcre le Petit-Saint-Louis de 100 tx),
capitaine Herpin. Sur ce navire avait pris passage le
directeur Blot, qui était arrivé à
Surate le 26 octobre 1671.
Le jour
où de La Haye quittait Surate, le 9 janvier 1672,
partait pour la France le navire de la Compagnie le
Dauphin-Couronné, chargé de 3
millions de marchandises et emportant les
dépêches de M. de La Haye.
L'escadre,
descendant le long de la côte ouest de l'Inde,
arriva le 25 janvier à Goa, le principal comptoir
des Portugais, où vint mouiller le 29 janvier un
navire du Roi, le Grand-Breton, venant directement
de France avec des dépêches et 100.000 L.
pour l'entretien des troupes. Le Roi resta constamment en
communication avec de La Haye, soit par les navires de la
Compagnie, soit par les convois de ravitaillement qu'il
faisait expédier lui-même. Le lendemain,
arrivaient encore deux autres petits navires
séparés de leurs convois pendant la
traversée, le houcre Barbaut (au Roi) et le
houcre Petit-Saint-Louis (à la
Compagnie).
En
décembre 1670, il fit partir de Rochefort avec
100.000 L., le navire le Grand-Breton de 40
canons, capitaine Régnier du Clos,
accompagné de deux houcres appelés le
Barbaut et le Guillot du nom de leurs
capitaines (Instructions Ordres du Roy) pour le capitaine
Régnier du Clos du 19 septembre 1670).
Le 12
mars 1672, le Soleil-d'Orient (navire de la
Compagnie) quittait la Rochelle avec 200 000 L. pour les
troupes du Roi (Ordres du Roi, 7 février
1672).
En
1673, le houcre Barbaut rentré en France
est immédiatement renvoyé le 29 mai
à I'île Bourbon et aux Indes sous le nom de
la Dunkerquoise, conduit par le capitaine
Beauregard; et le capitaine Barbaut part à la fin
de l'année avec la pinasse
l'Eléphant portant 100.000 L. et 100
hommes. (Ordres du Roy, 31 août, 3 octobre 1673).
Ce dernier navire périt presque aussitôt
après son départ.
Le 13
février 1674, le Blampignon (à la
Compagnie) quitte le Port-Louis avec 200 000 L. toujours
pour le même objet (Ordres du Roy, 10 novembre
1673)
En
avril 1674, de Rochefort, départ du Rubis
(au Roi) avec 100.000 L. et 100 hommes ; et à la
fin de l'année, départ du Coche (au
Roi) avec 60.000 L.
Ces
différents navires s'étant rangés
sous le pavillon de M. de La Haye, l'escadre se trouvait
forte de treize navires, dont huit vaisseaux de 36
à 56 canons, vaisseaux des 4ème et
3ème rangs. Elle quitta Goa le 31 janvier et
continua sa route vers le sud, visitant les comptoirs
français de Mirzeou, Tilcery, Paniani, Alicot,
cherchant à augmenter leur influence auprès
des indigènes par le déploiement de ses
forces et les réceptions somptueuses qu'elle
ménageait aux grands. On visait aussi à
diminuer le prestige des hollandais, qui, muets et
attentifs, évitaient toute provocation, mais
surveillaient l'escadre et se préparaient. On
échangeait, en passant, d'hésitants saluts
avec leurs forts et de La Haye était prêt
à saisir la première occasion pour ouvrir
les hostilités. C'est ainsi qu'à Alicot,
où les hollandais avaient un fortin voisin de la
loge des Français, il trouva le prétexte
d'une démonstration hostile qui n'eut d'autre
résultat que de révéler plus
clairement ses intentions.
En
arrivant à la hauteur du cap Comorin, la flotte
française rencontra la flotte hollandaise
composée de 13 vaisseaux sous le commandement de
l'amiral Rikloff. Elle semblait placée là
pour lui barrer la route de Ceylan. De La Haye avait-il
perdu de son assurance et craignait-il d'être
obligé de combattre pour obtenir le salut qu'il
devait exiger ? Fut-il détourné par Caron,
qui redoutait de voir écraser ses compatriotes ?
Toujours est-il que ce fut l'escadre française qui
se déroba et, prenant la bordée du large,
alla errer pendant 15 jours dans les dangereux parages
des îles Maldives.
Elle
reparut sur la côte méridionale de Ceylan,
qu'elle suivit vers l'est ; remontant ensuite vers le
nord, elle mouilla au poste hollandais de Batacalor pour
faire de l'eau et arriva le 22 mars 1672 devant la baie
de Trinquemalé, dont on voulait prendre
possession.
Les
hollandais, avertis de ses projets, s'étaient
déjà installés de chaque
côté de l'entrée de la baie, au nord
sur la pointe de Trinquemalé et au sud à
Cotiari. Afin de bien assurer leur pavillon, ils
saluèrent de 7 coups de canon la flotte
française qui leur répondit de 5 et mouilla
dans la baie. Les Hollandais, devant cet acte
déterminé, abandonnèrent le fort de
Cotiari après l'avoir détruit et se
massèrent à Trinquemalé.
Au lieu
de les déloger immédiatement, de La Haye,
sans doute retenu encore par Caron, se contenta
d'établir quelques retranchements sur la
côte, d'occuper deux îlots de la baie et d'en
négocier le droit de possession auprès du
roi de Ceylan. Comme il commençait à
manquer de vivres, il détacha 3 navires pour aller
chercher des rafraîchissements : le
Phénix à Tranquebar (poste danois),
la flûte l'Europe à Porto-Novo,
où était une loge française, et le
Petit-Saint-Louis à Masulipatam où
se trouvait alors François Martin, le futur
directeur général des Indes.
Tout
à coup, le 15 mai, apparut à
l'entrée de la baie la flotte de Rikloff.
Après des explications et des
récriminations de part et d'autre, chacun resta
sur sa position. L'amiral hollandais se contenta de
surveiller de La Haye, et, embossé sous le canon
de Trinquemalé, il se mit à cueillir
successivement les navires français envoyés
au ravitaillement à mesure qu'ils se
présentaient pour rejoindre l'escadre. D'abord le
Phénix (à la Compagnie) le 31 mai,
puis la flûte l'Europe (au Roi) le 13 juin.
Seul, le Petit-Saint-Louis put forcer le blocus ;
le vaisseau hollandais le Mirmand qui le poursuit est
attaqué par le Triomphe bientôt suivi du
Breton. Le vice-amiral hollandais force de voiles pour
les rejoindre, une action générale va
s'engager, mais l'amiral Rikloff rappelle ses vaisseaux.
L'escadre française manque de vivres, elle est
encombrée de malades (Plusieurs officiers
succombèrent dans la baie de Trinquemalé,
entre autre le capitaine de pavillon de l'amiral le
chevalier de Turelle, chef d'escadre), le Hollandais n'a
que faire de risquer ses vaisseaux, la faim devant
bientôt chasser les Français de
Trinquemalé.
De La
Haye dut abandonner la place le 9 juillet. Il laissait
dans la baie le navire le Saint-Jean-Baptiste, 20
hommes sur l'îlot du Soleil et 90 hommes
établis sur la côte. Après son
départ, les Hollandais accablèrent sous le
feu de leurs canons les postes français qui furent
forcés de capituler le 18 juillet. La Compagnie
avait déjà perdu le Phénix.
Elle perdait encore le
Saint-Jean-Baptiste.
En
arrivant à Tranquebar le 12 juillet 1672, de La
Haye trouva des dépêches du Roi qui lui
annonçait son intention de déclarer la
guerre à la Hollande et, à l'heure
où il lisait ces dépêches,
c'était un fait accompli (déclaration de
guerre à la Hollande, 5 avril 1672). Caron,
à cette nouvelle ne put cacher son trouble, et de
La Haye qui, depuis quelque temps, le soupçonnait
d'intelligences avec les hollandais, ne douta plus de sa
trahison. D'ailleurs, un ordre rappelait Caron en France
; il s'embarqua en septembre 1672 sur le Jules, vaisseau
détaché de l'escadre (construit à
Brest à forfait en 1661, l'année de la mort
du cardinal de Mazarin dont il portait le prénom,
était un vaisseau armé de 18 pièces
de canon de fonte et de 20 de fer; il revenait sans
marchandises pour la Compagnie). Sur le point d'arriver
en Europe, il fut, parait-il, prévenu par les
passagers d'un vaisseau qu'il rencontra en mer, des
soupçons dont il était l'objet et fit
diriger le navire vers Lisbonne. Il périt dans un
naufrage au moment d'arriver au port. Dans le naufrage
périrent Caron, le capitaine Régnier du
Clos et 30 hommes. 104 hommes furent sauvés. Quant
aux soupçons dont Caron était l'objet, il
ne parait pas qu'ils furent éclaircis. Voici ce
que le Roi en écrivant à de La Have, dans
une lettre datée du 31 août 1673 : " Je ne
vous dis rien sur la conduite du sieur Caron. Dieu en
ayant disposé, mais puisque vous aviez quelque
sujet de le soupçonner, vous avez fort bien fait
de le faire repasser en France." (Ordres du Roy).
Cependant le Roi assura une pension à sa
veuve.
Les
Danois à Tranquebar accueillirent amicalement
l'escadre française, mais ils n'étaient pas
en état de la ravitailler. De La Haye remonta
alors un peu au nord, à Porto-Novo, où un
comptoir français était installé,
pour y faire des vivres, puis à
Saint-Thomé, où trois navires anglais
venant de Madras, lui annoncèrent l'alliance
franco-anglaise contre la Hollande.
On
avait, à Saint-Thomé, un compte à
régler avec le gouverneur indigène ; en
1670, il avait fait assassiner un banian nommé
Nassonsetti, courtier de la Compagnie, et s'était
emparé de ses marchandises valant 27.000 roupies
(la roupie valait 30 sols). Dès les
premières explications, les choses prirent une
tournure qui fournit à de La Haye l'occasion qu'il
cherchait. La place fut canonnée et enlevée
d'assaut le 25 juillet. De La Haye l'occupa
aussitôt et l'arma avec l'artillerie de la flotte.
Il y est bientôt assiégé par une
armée de 60 000 "maures" qu'il bat
complètement dans une sortie le 8 mars 1673 ;
mais, incapable de comprendre les conseils intelligents
de Martin qui se charge d'arranger les choses avec le roi
de Golconde et de gagner par des présents la
cession de Saint-Thomé, de La Haye repousse avec
indignation une démarche qui lui paraît un
marché indigne, et ne veut rien obtenir que par
les armes.
C'est
alors que l'escadre hollandaise entre de nouveau en
scène. Forte de 15 vaisseaux, elle paraît le
15 juin devant Saint-Thomé, et sans tenter un coup
de force, elle se contente de croiser à peu de
distance de Saint-Thomé, épiant l'escadre
française à moitié
désarmée, interceptant les communications
par mer et enlevant les navires isolés. Le Flamand
fut ainsi capturé.
De La
Haye soutint le siège pendant plus de 2 ans contre
les "maures" avec une grande valeur, mais bien
inutilement. La garnison de plus en plus réduite,
privée de vivres et des secours de l'escadre peu
à peu anéantie, fut obligée de
capituler le 6 septembre 1674 quand les hollandais,
jugeant que le moment était venu d'intervenir, se
présentèrent avec la force écrasante
d'une escadre de 21 vaisseaux pour la sommer de se
rendre.
Les
conditions furent honorables : les Français
quittaient la place avec les honneurs de la guerre ; ils
remettaient la ville avec l'artillerie et les munitions,
mais recevaient des hollandais deux vaisseaux
armés pour le rapatriement des troupes. Le 25
septembre 1674, de La Haye s'embarquait, ayant perdu tous
ses propres vaisseaux et ramenant à peine le
cinquième de ses effectifs. Le directeur Baron,
qui était venu de Surate pour remplacer Caron
auprès de M. de La Haye, restait aux Indes ; il
regagna Surate peu de temps après.
Quant
aux Français faits prisonniers sur les navires
capturés par les hollandais, ils ne furent pas
aussi bien traités. Traînés de port
en port comme des trophées qu'on exhibait aux yeux
des indigènes, ils furent d'abord menés
à Batavia. Décimés par la maladie et
les privations, ce n'est qu'en petit nombre qu'ils
revinrent à Amsterdam en 1675 sur un convoi de la
compagnie hollandaise.
De La
Haye, ramenant les débris de son armée sur
les deux vaisseaux hollandais, le Velson et le
Ramequin, aborda à l'île Bourbon le
19 novembre et trouva la colonie dans l'état
où il l'avait laissée; le gouverneur seul
avait été changé par le Roi, et le
nombre des colons s'était un peu accru.
S'enquérant aussitôt de l'état de
l'île Dauphine, il ne put obtenir aucun
renseignement précis ; on parlait vaguement d'un
désastre dont les détails n'étaient
pas connus. Troublé par de sombres pressentiments,
il voulut se renseigner par lui-même. Lorsqu'il
aborda le 8 décembre à Fort-Dauphin, il
trouva le fort intact, mais complètement
désert ; les 52 pièces de canon aux armes
du Roi gisaient çà et là sans
affûts, sur le sol.
Ce
lamentable spectacle devait résumer à ses
yeux le résultat de la triste expédition
qu'il avait conduite. Poursuivant sa route, il aborda en
France en mai 1675 avec la perspective d'une
disgrâce mille fois plus méritée que
celle qui avait frappé Mondevergue. Il n'en fut
rien cependant ; Louis XIV lui fit à Saint-Germain
le meilleur accueil et lui donna un nouvel emploi dans
l'armée de Lorraine où il fut tué
à l'attaque d'un convoi.
Après
le départ de M. de La Haye, en juin 1671,
Champmargou et de La Bretesche, gendre de La Caze,
avaient organisé la défense par un
système de petits postes protégeant les
enclos de culture et les herbages où paissaient
les animaux, et l'on s'était ainsi maintenu tant
bien que mal contre les indigènes. Mais en
décembre 1672, Champmargou fut tué, et
l'année 1673 se passa dans la même
situation. En janvier 1674, le capitaine Beauregard,
envoyé sur la Dunkerquoise à
l'île Bourbon dont il était nommé
gouverneur, s'arrêta à Fort-Dauphin. Il
avertit les colons qu'il avait l'ordre de les transporter
à l'île Bourbon, et qu'en tout cas, aucun
navire de la Compagnie n'aborderait plus à
l'île Dauphine. Les colons que de La Haye n'avait
pu autrefois décider à le suivre à
Bourbon refusèrent encore cette fois d'abandonner
les terres pour lesquelles ils avaient fait tant de
sacrifices.
Un
terrible drame devait brusquement interrompre la vie de
la colonie quelque temps après. Une conspiration
ourdie entre les indigènes ennemis et les ouvriers
noirs des plantations aboutit à un massacre
général des colons et de leurs familles
dans la nuit du 27 août 1674. Ceux qui purent y
échapper s'enfuirent à Fort-Dauphin
où ils furent cernés sans vivres et sans
espoir de délivrance, n'ayant plus un seul navire
pour s'embarquer. Par un hasard providentiel, un navire
de la Compagnie, le Blampignon, vint à
passer en vue de Madagascar. Apercevant les signaux qu'on
lui faisait, il vint mouiller à Fort-Dauphin le 9
septembre, à 11 heures du soir, pour recueillir de
La Bretesche et 63 Français réfugiés
dans le fort. Il déposa les uns à la
côte de Mozambique où il allait porter
secours au Soleil-d'Orient resté en
détresse, et les autres dans les Indes.
Quelques
Français qui n'avaient pu gagner Fort-Dauphin
s'étaient rassemblés à la baie de
Saint-Augustin, où ils furent recueillis par des
navires de passage.
L'anéantissement
de l'escadre de M. de La Haye, la capitulation de
Saint-Thomé et la ruine de la colonie de
Madagascar, tels furent les résultats de la
première expédition militaire des
Français aux Indes. La politique du Roi en Orient
subissait un échec complet et la Compagnie des
Indes en ressentait le contrecoup dans ses finances comme
dans son influence.
Nous
verrons le Roi reprendre un peu plus tard ses projets
dans l'affaire de Siam, à laquelle la Compagnie se
trouva encore une fois mêlée malgré
elle, et cette fois encore la fortune ennemie devait
renverser les plans de Louis
XIV.
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